Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COULEURS, histoire de l'art

Les couleurs de la ville moderne

Disparues de la ville moderne les couleurs des métaux rouillés, qui ont d'ailleurs les mêmes tons rougeâtres que les peintures antirouilles – qu'on pense à la tour Eiffel ou aux charpentes métalliques des gares victoriennes –, disparu le vert des grandes serres d'acier et de verre du xixe siècle. L'ère industrielle contemporaine se pare de l'éclat du métal ou des teintes métallisées plus récentes. Les traitements contre la corrosion des alliages (nickelage, bronzage, aciers inoxydables, anodisation de l'aluminium, etc.) masquent de leurs teintes la nature des matériaux pour leur donner du relief et une plus grande durée apparente.

La couleur métallique triomphe avec des peintures et des émaux, qui lui confèrent l'effet brillant du métal vernissé au feu et l'odeur de ce qui est fraîchement sorti d'usine. Des métaux tels que le cuivre, le laiton, le plomb qui vieillissaient sous la patine du temps ne sont plus employés, remplacés par le métal vernis ou les matières plastiques. Petit à petit, le corps de la cité moderne se colore de tons grisâtres, par suite du rapide processus d'obsolescence des matériaux, accéléré par la pollution industrielle et automobile. La couleur des matériaux de construction, comme le béton et l'asphalte, accentue cette tendance. Le ravalement des édifices monumentaux dans la plupart des villes européennes a ravivé la sensibilité à la restauration des anciens coloris de la ville. Le gris, couleur dominante de la ville moderne, est souligné par la présence des couleurs fondamentales (jaune, rouge, bleu), des signaux, des enseignes et des affiches publicitaires. Le gris, dont on peut recenser deux cents tonalités parmi lesquelles l'homme réussit aujourd'hui à en distinguer cent cinquante, s'oppose dans la ville au vert dont il triomphe, le vert symbole d'une nature trop souvent absente du monde urbain.

— Manlio BRUSATIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Venise, département d'histoire et de critique de l'art

Classification

Pour citer cet article

Manlio BRUSATIN. COULEURS, histoire de l'art [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Michel-Eugène Chevreul - crédits : Bettman/ Getty Images

Michel-Eugène Chevreul

John Dalton - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

John Dalton

Autres références

  • ABSTRAIT ART

    • Écrit par Denys RIOUT
    • 6 716 mots
    • 2 médias
    ...le spectre d'une dégradation de la peinture en simple objet ornemental, l'artiste projette de fixer dans la forme un contenu spirituel et émotionnel. La couleur joue ici un rôle décisif. Kandinsky l'étudie en détail, et il consacre un chapitre à son action : « En règle générale, la couleur est donc un...
  • ALBERS JOSEF (1888-1976)

    • Écrit par Yve-Alain BOIS, Universalis
    • 1 916 mots
    ...les exigences des nazis, ferme ses portes. Albers est invité par cette autre pépinière artistique qu'est le Black Mountain College en Caroline du Nord. C'est là qu'il se lancera dans ce qu'il considère comme « sa contribution », l'exploitation des richesses de l'interaction de la couleur : l'ouverture...
  • ALTDORFER ALBRECHT (1480 env.-1538)

    • Écrit par Pierre VAISSE
    • 2 744 mots
    • 7 médias
    Comme coloriste, Altdorfer atteint le sommet de son art entre environ 1511 et 1518 avec les panneaux, consacrés à la Passion du Christ et à la légende de saint Sébastien, d'un retable (aujourd'hui démembré) commandé par le prieur de l'abbaye de Saint-Florian, près de Linz. Contemporain de...
  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...cet art jusqu'alors dédaigné. Il a laissé des vues des Alpes, de la campagne romaine et du pays de Galles, qui sont remarquables par leur recours à de grandes plages de couleur uniforme puissamment architecturées. John Robert Cozens (1752-1797) donne de l'Italie une vision mélancolique, avec de vastes...
  • Afficher les 89 références

Voir aussi