Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COMMUNISME Histoire économique des pays communistes

Les relations économiques extérieures

La caractéristique dominante des échanges extérieurs, pour la majorité des pays socialistes, aura été la concentration sur le système socialiste lui-même et, par conséquent, une tendance à l'autarcie de « bloc ». La seule exception significative fut apportée par la Chine, sortie de l'orbite soviétique lors de la crise sino-soviétique de 1960-1961. Pour six pays, devenus dix en fin de parcours, le cadre de ces relations mutuelles fut le Conseil d'aide économique mutuelle, créé en 1949. Les relations avec les pays du système socialiste représentaient, vers la fin des années quatre-vingt, entre 60 et 75 p. 100 des échanges totaux pour les pays d'Europe de l'Est, 62 p. 100 pour l'U.R.S.S., 40 p. 100 pour la Yougoslavie. Les pays socialistes d'Asie (Chine non comprise) et Cuba consacraient entre 70 et 90 p. 100 de leurs échanges au commerce avec les autres pays socialistes. Les échanges avec l'Ouest et avec les pays du Tiers Monde à économie de marché sont toujours demeurés inférieurs aux échanges avec le groupe socialiste, malgré un démarrage dynamique au cours de la décennie 1966-1975. Stimulées par les besoins de modernisation des pays socialistes, encouragées par la détente, les relations économiques Est-Ouest ont subi, après 1975, les contrecoups négatifs des deux chocs pétroliers (ceux-ci n'ont favorisé que l'U.R.S.S., exportatrice de pétrole) et, par la suite, les effets de la nouvelle guerre froide qu'alimentèrent l'invasion soviétique de l'Afghanistan (1979) et l'instauration de la loi martiale en Pologne (1981).

Les échanges entre pays socialistes, et plus particulièrement à l'intérieur du Comecon, ont ainsi non seulement dominé les échanges extérieurs du noyau dur du bloc socialiste, mais aussi largement influencé l'économie domestique, en alignant ces pays sur un mode de développement à l'origine imposé par l'U.R.S.S., et en les isolant de l'extérieur.

Le Comecon a été créé le 25 janvier 1949, en réponse au lancement du plan Marshall, entre l'U.R.S.S. et cinq pays de l'Est (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie). La même année, l'Albanie rejoignait l'organisation, pour la quitter de fait en 1961. La R.D.A. est devenue membre en 1950, après avoir accédé au statut d'État ; l'entrée, en 1962, de la Mongolie, en 1972, de Cuba et, en 1978, du Vietnam ouvrait le Comecon à des membres non européens.

Celui-ci n'a jamais été un marché, encore moins un marché « commun ». Les échanges entre pays membres ont toujours été négociés et conduits de façon bilatérale. La similitude des structures nationales de planification et d'organisation du commerce extérieur donnait à ce commerce d'État une grande homogénéité de régulation, qui a commencé à s'altérer dans les années quatre-vingt, lorsque certains pays – Hongrie, Pologne, puis U.R.S.S. – ont progressivement assoupli leur propre système. Le Comecon n'a pas davantage assuré une « coordination des plans » entre ses membres. Certes, c'était là un objectif voulu par l'U.R.S.S., depuis Khrouchtchev jusqu'à Brejnev, mais la résistance passive ou active (dans le cas de la Roumanie, notamment) des pays membres a maintenu cette coordination à un niveau très bas, limité à un petit nombre d'activités ou de branches, comme le nucléaire ou les ordinateurs. La «  spécialisation internationale » prévue dans les documents officiels, fondée sur un petit nombre d' accords multilatéraux et sur toute une série d'accords bilatéraux souvent inappliqués, est demeurée bien plus superficielle qu'entre les économies de marché. Chaque pays, voulant se protéger contre les défaillances attendues de ses partenaires, a toujours recherché un maximum d'autosuffisance. Une seule vraie ligne de spécialisation a émergé, entre l'U.R.S.S., d'une part, et ses partenaires[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite de sciences économiques, université de Pau

Classification

Pour citer cet article

Marie LAVIGNE. COMMUNISME - Histoire économique des pays communistes [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Début et fin du système socialiste d'économie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Début et fin du système socialiste d'économie

Balances matières - crédits : Encyclopædia Universalis France

Balances matières

Pays d'Europe de l'Est : revenu national et investissement (1950-1989) - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pays d'Europe de l'Est : revenu national et investissement (1950-1989)

Autres références

  • COMMUNISME DANS LE MONDE JUSQU'À LA CHUTE DE L'URSS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 709 mots

    1848 Karl Marx et Friedrich Engels font paraître le Manifeste du parti communiste, dans lequel ils en appellent à une union internationale des travailleurs contre la bourgeoisie capitaliste.

    Septembre 1864 Création à Londres de la Ire Internationale, qui est dissoute dès 1876 au terme de nombreuses...

  • AFFICHE ROUGE L'

    • Écrit par Stéphane COURTOIS
    • 2 508 mots
    • 2 médias
    ...Front populaire facilita les conditions de séjour des immigrés, et les différents « groupes de langue » de la MOI se gonflèrent d'adhérents. Certains d'entre eux, animés d'un fort sentiment antifasciste – surtout s'ils étaient originaires de pays dotés d'un régime autoritaire –, s'engagèrent...
  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Le coup d'État communiste du 27 avril 1978, couramment appelé en Afghanistan la « révolution de Saur » (Saur est le mois du calendrier afghan qui va du 22 avril au 22 mai), ne mit pas tout de suite en éveil la majorité des forces conservatrices du pays. On peut d'ailleurs penser que, si elles...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    D'autre part, les différents groupes communistes albanais, lancés dans la résistance depuis l'attaque de l'URSS par Hitler, mais isolés et parfois rivaux, s'unirent alors en un parti unique (8 nov. 1941) avec un comité central dirigé par Enver Hodja. Celui-ci organisa, avec des éléments non communistes,...
  • ALLEG HENRI (1921-2013)

    • Écrit par Charles-Louis FOULON
    • 837 mots

    Journaliste communiste et militant anticolonialiste, Henri Alleg donna, par son ouvrage La Question, une résonance mondiale aux pratiques de torture des armées françaises en Algérie. Sartre écrivit qu’il fit « triompher l’humanisme des victimes et des colonisés contre les violences déréglées...

  • Afficher les 84 références

Voir aussi