Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CIRRIPÈDES

Les rhizocéphales

Les rhizocéphales (Rhizocephala) ne sont pas les seuls Cirripèdes présentant une adaptation au parasitisme, mais ils constituent la lignée dans laquelle cette adaptation est poussée à la perfection, puisque leur organisation se réduit à un ou plusieurs sacs contenant une masse viscérale et des glandes génitales et à un système radiculaire s'étendant à l'intérieur du corps de l'hôte et en extrayant directement les sucs nourriciers. Il n'y a plus chez l'adulte ni segmentation, ni appendice, ni tube digestif.

Les rhizocéphales infestent très fréquemment et presque toujours exclusivement les crustacés décapodes. De nombreux genres et espèces ont été décrits, qui se distinguent par le nombre, la forme et l'implantation des sacs et surtout par des détails de structure que seule une étude histologique permet de discerner.

L'un des rhizocéphales les plus anciennement connus est facile à observer. C'est la sacculine, qui infeste un crabe, Carcinus maenas, commun sur les côtes européennes.

Cirripèdes : la sacculine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cirripèdes : la sacculine

La sacculine se présente comme un sac charnu jaunâtre, fixé sur la face ventrale du crabe, qui, lorsqu'il est bien développé, maintient l'abdomen de l'hôte écarté du céphalothorax. Un court pédoncule rattache le sac au crabe, à l'intérieur duquel s'étend, jusqu'à l'extrémité des appendices, le réseau ramifié de « racines » par lequel le parasite se nourrit.

Cirripèdes : développement larvaire de la sacculine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cirripèdes : développement larvaire de la sacculine

Lorsque les glandes génitales sont arrivées à maturité et après autofécondation, les œufs sont incubés à l'intérieur du manteau. À l'éclosion, la larve se présente comme un nauplius caractéristique des crustacés, mais avec les cornes frontales des cirripèdes et sans tube digestif. Après plusieurs mues, la larve parvient au stade cypris ; toujours dépourvue de tube digestif, elle mène pendant plusieurs jours une vie libre dans le plancton. C'est alors que, au lieu de se fixer sur un rocher ou sur un objet flottant, comme les autres cirripèdes, elle s'attache par une antennule à la carapace d'un crabe, à la base d'un poil. La cypris se transforme bientôt en une masse cellulaire ovoïde qui s'entoure d'une nouvelle cuticule, la carapace et les appendices larvaires étant rejetés. Un tube interne, sorte d'aiguille creuse, se forme et s'engage dans l'antennule. Par ce tube, jouant le rôle d'un trocart, la masse cellulaire s'injecte littéralement à l'intérieur du crabe, et, pendant une longue période, évaluée à vingt mois, alors que le crabe poursuit sa croissance, elle va effectuer une lente migration qui l'amène finalement dans l'abdomen de l'hôte. Là se différencient les organes définitifs de la sacculine, en même temps que se développe le système radiculaire. Au contact du parasite, les tissus du crabe se nécrosent localement et finalement cèdent, la sacculine devenant alors externe et s'accroissant rapidement pour prendre l'aspect décrit plus haut.

Le mode de développement des autres rhizocéphales ressemble à celui de la sacculine. Cependant, dans certains genres, le parasite interne produit non pas un, mais plusieurs sacs externes ; il en est ainsi dans le cas des Peltogaster, qui vivent sur les pagures, et des Thompsonia chez lesquels on a pu dénombrer près de deux cents individus, dépendant d'un seul système radiculaire, sur une seule crevette.

La présence d'un rhizocéphale modifie profondément le métabolisme de l'hôte, ralentit sa croissance et surtout provoque l'atrophie des glandes génitales. Cela se traduit spectaculairement par l'apparition, chez les crabes mâles parasités, des caractères sexuels secondaires femelles : élargissement de l'abdomen et développement sur celui-ci des appendices ovigères normalement absents chez le mâle.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOREST. CIRRIPÈDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cirripèdes : anatife - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cirripèdes : anatife

Cirripèdes : la balane - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cirripèdes : la balane

Cirripèdes : la sacculine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cirripèdes : la sacculine

Autres références

  • ANIMAUX MODES D'ALIMENTATION DES

    • Écrit par René LAFONT, Martine MAÏBECHE
    • 4 312 mots
    Courant appendiculaire (Crustacéscirripèdes operculés) : ces crustacés (balanes, anatifes) sont caractérisés par la présence de cirres résultant de la transformation des appendices thoraciques. lls disposent de deux mécanismes alimentaires distincts, l'un passif par une filtration de l'eau par les...
  • CRUSTACÉS

    • Écrit par Jacques FOREST
    • 7 679 mots
    • 7 médias
    ...chez les ostracodes, elle forme un bouclier protégeant dorsalement et latéralement la région céphalothoracique chez les décapodes, alors que, chez les cirripèdes, elle constitue un manteau renforcé par des plaques calcaires dont certaines peuvent se souder en une loge rigide solidaire de son support....
  • OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie benthique

    • Écrit par Lucien LAUBIER, Jean-Marie PÉRÈS
    • 5 292 mots
    • 3 médias
    ...annélides polychètes (serpulides, par exemple), divers mollusquesbivalves (huîtres, moules, Chama, spondyles) et gastéropodes (vermets), crustacéscirripèdes, crinoïdes, ascidies. Des formes sessiles abondent aussi sur les végétaux (phanérogames et grandes algues) et sur les parties mortes des colonies...

Voir aussi