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BHAGAVAD GĪTĀ

Structure générale

Le premier chant débute par les questions du vieux roi aveugle Dhṛtārạṣṭra, père des Kaurava et oncle des Pāṇḍava, à son sūta auquel il demande de lui décrire le champ de bataille. C'est ce sūta qui rapporte au souverain le dialogue entre Arjuna et Kṛṣṇa. La bataille va commencer ; Arjuna fait arrêter son char entre les deux armées, dépeint à Kṛṣṇa le désarroi où le plonge ce spectacle et rejette ses armes.

Le chant II, l'un des plus longs, pose déjà les principaux thèmes que traitera tout le poème : l'éternité de l'ātman, suivant la doctrine des Upaniṣad, la nécessité d'agir en se désintéressant du fruit de l'action. Dès ce chant, Arjuna appelle son interlocuteur Keśava, l'une des épithètes de Viṣṇu-Vāsudeva.

Le chant III traite de la discipline de l'action et proclame égales pour le salut la voie de la spéculation (selon les vues du sāṃkhya) et celle de l'acte (yoga) ; toutefois le chant IV affirme encore la valeur du sacrifice védique, tout en célébrant, à côté de cet aspect traditionnel, les avatāra, incarnations de Viṣṇu. Le chant V est à la louange du yoga en tant que technique d'unification. Également imprégné de yoga, le chant VI enseigne qu'il faut joindre renoncement et méditation et, dans le prolongement d'une attitude, le chant VII exalte vijñāna, la connaissance intuitive, l'opposant à la connaissance médiate, jñāna, qui n'est que préparatoire.

C'est au chant IX que commence d'apparaître ce sentiment d'amitié entre le Seigneur et ses fidèles caractéristique des cultes de dévotion (bhakti) ; les chants X et XI sont consacrés aux manifestations multiples de l'Absolu. Au chant XII, Kṛṣṇa proclame l'excellence de la troisième voie du salut, supérieure aux deux autres, la discipline de la dévotion.

Les chants XIII à XVII, beaucoup plus spéculatifs, se conforment aux enseignements du sāṃkhya concernant la théorie des guṇa, les trois constituants de la nature. Le dernier chant revient sur la doctrine du renoncement libérateur, qui n'est pas renoncement à l'activité elle-même, mais à ses fruits.

Les trois vers ultimes répondent aux premiers : c'est Sañjaya, le sūta de Dhṛtarāṣ⃛ra, qui clôt le récit-cadre.

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

Classification

Pour citer cet article

Anne-Marie ESNOUL. BHAGAVAD GĪTĀ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BHAKTI

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 1 431 mots

    Dérivé de la racine bhaj, partager, bhakti désigne en Inde la sorte de dévotion qui fait participer le fidèle à la personne et à l'essence de la divinité qu'il adore.

    Une amitié caractérise, dans cette atmosphère, les rapports du dieu et de ses dévots. Les cultes populaires ont dû,...

  • INDE (Arts et culture) - Les doctrines philosophiques et religieuses

    • Écrit par Jean FILLIOZAT
    • 16 660 mots
    • 3 médias
    Le Mahābhārata contient en particulier le texte le plus fameux de la littérature philosophique indienne, la Bhagavadgītā. Il ne s'agit pas d'un texte technique de démonstration et de discussion philosophiques, mais d'un exposé fondamental à l'usage d'un large public éclairé. Bien que ce texte paraisse...
  • KARMAN

    • Écrit par Madeleine BIARDEAU
    • 1 786 mots
    ...sociale ainsi que la poursuite de fins égoïstes, a été singulièrement fécondée par l'irruption, sous une autre forme, de la réflexion des renonçants : la Bhagavadgītā, livre de chevet de l'hindou pieux, est le texte fondamental où s'exprime ce troisième courant, et il n'est pas exagéré de dire que son...
  • KRISHNA ou KṚṢṆA

    • Écrit par Marie-Simone RENOU
    • 2 454 mots
    ...de clan rusé, doué d'un savoir-faire purement humain, assurant le triomphe de ses cousins par des moyens assez déloyaux et sans grandeur. Mais, dans la Bhagavad Gītā, « Chant du Bienheureux », qui s'intègre dans l'épopée, il devient le cocher d' Arjuna, le plus célèbre des Pāṇḍava,...
  • Afficher les 10 références

Voir aussi