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BANQUE Supervision prudentielle

On appelle « supervision prudentielle » l'ensemble des dispositifs mis en œuvre par les autorités de supervision de la sphère bancaire et financière (banques centrales, organes de réglementation et de contrôle, instances internationales de concertation et de consultation) en vue de maintenir la stabilité de cette dernière.

L 'instabilité est inhérente à l'activité d'intermédiation financière, de même qu'une certaine volatilité des cours caractérise le fonctionnement normal des marchés financiers. Mais, en cas d'excès, des crises bancaires et financières se déclenchent, menaçant le fonctionnement d'ensemble du système financier – on parle alors de crises systémiques – et, au-delà, celui de l'économie réelle, c'est-à-dire de l'investissement, de la production, etc. La situation peut, en effet, rapidement dégénérer en une récession économique profonde comme cela s’est produit notamment en 1929 et en 2008-2009.

Les justifications de cette supervision sont aujourd'hui communément admises. Les débats ont vécu qui opposaient les tenants de la banque libre attachés aux vertus régulatrices du marché (courant du free banking) à ceux de la banque étroite (narrow bank), empêchée de transformer les ressources de ses clients en emplois risqués de plus longue durée. Les discussions se concentrent désormais sur les modalités d'un contrôle efficace des banques, des assurances, des marchés de valeurs mobilières et des autres investisseurs institutionnels qui y interviennent.

Les justifications de la supervision

Ce sont les défaillances du marché qui justifient traditionnellement l'intervention des pouvoirs publics dans certains secteurs d'activité économique. Dans le secteur bancaire et financier, la régulation par les seuls mécanismes de marché se heurte à deux principaux obstacles : les problèmes d'asymétrie d'information, dont pâtissent les déposants ou les petits épargnants, et les effets de contagion (externalités) associés aux faillites bancaires et aux crises financières.

Protéger les épargnants

La protection des dépôts bancaires et de l'épargne du public constitue une première justification d'un encadrement de l'activité des professionnels de la banque et de la finance. La banque a ceci de particulier que ses créanciers sont aussi, pour la plupart, ses clients. Les déposants qui confient leurs fonds à des banques pour disposer d'un compte courant ne sont donc pas des créanciers ordinaires. La créance qu'ils détiennent résulte non pas d'un choix d'investissement mais du service qu'ils sollicitent auprès de leur banque : un service de gestion des moyens de paiement. Ils ne détiennent guère d'information sur l'utilisation qui est faite de leurs fonds. Et même s'ils disposent d'une information suffisante, leur faible surface financière et leur dispersion ne les prédisposent guère à l'exercice d'un contrôle efficace. Pour ces raisons, leur représentation et leur protection par les pouvoirs publics s'imposent. D'autant que la confiance de ce type d'agents est indispensable au fonctionnement de la sphère bancaire et financière. En cas de panique, les déposants peuvent réclamer prématurément leurs dépôts auprès des banques et entraîner ainsi la faillite de leur établissement bancaire ; même solvable, sans aucun signe de fragilité au départ, ce dernier peut succomber à une telle crise de liquidité.

Le cas des petits épargnants qui investissent auprès d'intermédiaires financiers est un peu moins particulier puisqu'il s'agit bien alors d'un choix d'investissement de leur part, dont on pourrait penser qu'ils doivent assumer le risque. Cependant, ces petits épargnants pâtissent d'un défaut d'expertise, celui-là même qu'ils essaient de pallier en confiant leurs fonds à[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • : professeur d'économie à l'université de Paris-XIII-Villetaneuse

Classification

Pour citer cet article

Jézabel COUPPEY et Dominique PLIHON. BANQUE - Supervision prudentielle [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGENCES DE NOTATION

    • Écrit par Patrick JOLIVET
    • 3 415 mots
    Une autre disposition majeure favorable au développement des agences réside dans le recours aux notations pour l'évaluation du risque bancaire. L'utilisation des notes pour valoriser dans leur bilan les titres que détiennent les banques apparaît dans une réglementation américaine dès 1931. Mais ce...
  • AGIOS

    • Écrit par André BOYER
    • 371 mots

    En matière bancaire, ensemble des retenues opérées par le banquier, en contrepartie de l'escompte d'un effet de commerce. Les agios et l'escompte ne se confondent pas : l'escompte est le prêt accordé par une banque lorsqu'elle acquiert un effet de commerce avant son échéance ; les agios constituent...

  • AGLIETTA MICHEL (1938- )

    • Écrit par Yamina TADJEDDINE
    • 1 086 mots
    • 1 média

    Penseur du capitalisme et de la monnaie, Michel Aglietta est un chercheur, un pédagogue et un expert reconnu des économistes, des historiens et des anthropologues, mais aussi des politiciens et des syndicalistes de toute tendance.

    Né dans une famille modeste d’immigrés italiens en 1938 à Chambéry,...

  • BAHREÏN

    • Écrit par André BOURGEY, Universalis, Laurence LOUËR
    • 4 896 mots
    • 4 médias
    ...économique est sans aucun doute le secteur financier. Bahreïn est devenu une grande place financière en 1975, lorsqu'il a ouvert la possibilité d'établir des « banques off-shore », destinées à opérer vers l'extérieur. Le Bahreïn a également été pionnier dans le secteur de la banque islamique. Plusieurs facteurs...
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Voir aussi