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ASSYRIE

Civilisation

Le roi et les institutions publiques

Au début du IIe millénaire, la ville d'Assour est soumise théoriquement à la royauté du dieu homonyme ; de fait, elle est régie par son vicaire, le roubou (« Grand ») ; probablement élu, il gouverne avec l'appui de la bourgeoisie commerçante, rassemblée dans la guilde du karoum. Jusqu'au xviiie siècle, le monde assyrien est connu presque exclusivement par des sources extérieures, les « tablettes cappadociennes » émanant de marchands établis en Anatolie. Le seul site de Kanesh en a livré à ce jour plus de 16 000. Les principautés anatoliennes, asianiques, ont accueilli avec faveur les colons assyriens, grands importateurs de métaux et de tissus. Le karoum de chaque colonie jouit, à l'égard du prince autochtone, d'une large autonomie et règle, sous le contrôle de la cité mère, Assour, les litiges opposant ses membres. À côté d'innombrables actes témoignant de l'intensité des échanges commerciaux, on connaît trois fragments de « décrets » (tashimtoum) organisant la juridiction du karoum de Kanesh : le tribunal est composé tantôt de trois sections de marchands statuant à la majorité sous la présidence du chef de la cité, tantôt par l'assemblée plénière des colons, convoquée par les notables.

Le prince assyrien voit croître son autorité au début du xviiie siècle sous Shamshi-Adad Ier, qui se proclame déjà « roi de la totalité », et surtout au xive siècle lorsque Assour-ouballith Ier forme le premier empire assyrien. Fort dans les pays conquis, le pouvoir du roi demeure limité, en Assyrie même, par l'aristocratie militaire, la classe sacerdotale et la bourgeoisie des grandes villes commerçantes. La désignation du prince héritier, qui n'est pas nécessairement le fils aîné, se fera toujours avec l'approbation, au moins formelle, de l'assemblée des guerriers. La légitimité mystique du prince résulte d'une demande présentée au dieu, qui répond par un oracle. Le peuple accepte cette décision dans un serment de fidélité. Un rituel a conservé les cérémonies de l' onction et du couronnement du roi : elles préfigurent celles de notre Moyen Âge, apportées d'Orient par le canal de la monarchie juive et de la Bible. La datation confirme la participation de l'entourage royal au gouvernement : le roi est éponyme la première année de son règne ; les années suivantes reçoivent le nom du général en chef (tourtan), du maire du palais et des autres officiers de la couronne.

Un recueil de vingt-trois ordonnances, compilé vers 1100, évoque la vie de la cour. La personne du roi est jalousement défendue de tout contact impur par une étiquette rigoureuse ; les hauts dignitaires choisissent avec soin les gardes du corps, les eunuques et les officiers du palais. Le harem, où cohabitent, non sans heurts, reine mère, épouses royales, dames du palais et simples servantes, fait l'objet d'une réglementation minutieuse. À basse époque, des reines ont joué un rôle politique important, Sammouramat ( Sémiramis) comme veuve-régente, au ixe siècle ; Naqi'a, épouse de Sennachérib, en inspirant à deux reprises le choix du prince héritier. La correspondance d'un haut fonctionnaire du xiiie siècle et quinze cents tablettes adressées par les rois de l'époque sargonide à leurs vassaux, à leurs gouverneurs de province et à leurs subordonnés éclairent l'administration de l'empire. Les traités d'Assarhaddon illustrent les relations de l'Assyrie avec ses voisins, alliés ou vassaux.

La structure sociale

L'organisation sociale, le droit privé et le droit pénal sont reflétés surtout par des « Lois assyriennes » (xive-xiiie s.) qui nous sont parvenues dans une copie plus récente (vers 1100).

Le monde assyrien est une société de classes. Parmi les hommes libres, la condition[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Guillaume CARDASCIA et Gilbert LAFFORGUE. ASSYRIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Assyriens - crédits : Encyclopædia Universalis France

Assyriens

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Sceau-cylindre et son empreinte - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Sceau-cylindre et son empreinte

Autres références

  • ACHAB, roi d'Israël (874-853 av. J.-C.)

    • Écrit par Marguerite JOUHET
    • 486 mots

    Fils et successeur d'Omri. Sous le règne d'Achab, le royaume d'Israël s'étendait aussi à l'est du Jourdain, non seulement sur Galaad, mais encore sur Moab. Le royaume de Juda lui-même était subordonné à son voisin, à la fois frère et rival, du Nord. Par ailleurs, le mariage d'Achab...

  • ARABIE

    • Écrit par Universalis, Robert MANTRAN, Maxime RODINSON
    • 7 614 mots
    ...s'agissait effectivement d'Arabes. La plus ancienne mention indiscutable des Arabes remonte à 853 avant J.-C. ; cette année-là à Qarqar, en Syrie, le roi d' Assyrie Salmanasar III vainquit, suivant ses dires, les troupes coalisées des rois de Damas, de Hamath, d'Israël, d'Ammon et de Cilicie, ainsi que...
  • ARAMÉENS

    • Écrit par R.D. BARNETT
    • 1 910 mots
    • 1 média
    ...environnantes où le sol était cultivé et se mêlèrent aux peuples qui y étaient déjà établis. Il est fréquemment fait mention des Araméens dans les chroniques assyriennes. Ils sont considérés comme des pillards, en même temps qu'une autre peuplade, les Akhlaméens. Ceux-ci sont mentionnés pour la première fois...
  • ASSOURBANIPAL, roi d'Assyrie (668-627 av. J.-C.)

    • Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
    • 864 mots
    • 3 médias

    Dernier grand roi d'Assyrie. Pour tenter de résoudre le problème que posait Babylone à l'empire, Assarhaddon, après avoir rebâti la métropole détruite par son prédécesseur Sennachérib, crut habile de faire de son fils Assourbanipal le roi d'Assyrie et le chef de l'empire, tandis qu'il...

  • Afficher les 32 références

Voir aussi