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AŚOKA ou AÇOKA (IIIe s. av. J.-C.)

En 264 avant J.-C., Aśoka monte sur le trône du royaume de Magadha dont la capitale est Pāṭaliputra (moderne Patna) sur le Gange. Il est le petit-fils de Candragupta qui, en 313, chassant le dernier roi Nanda, a fondé la dynastie des Maurya, unissant sous son sceptre toute l'Inde du Nord.

Quatre ans après sa prise de pouvoir, en 260, Aśoka est sacré roi, mais son expérience est déjà longue. Chargé du vivant de son père, Bindusāra, de réprimer une rébellion à Takśasilā (Taxila), il s'était vu plus tard revêtir de la dignité de vice-roi d'Ujjayinī, dans le pays d'Avanti qu'il devait quitter en hâte pour recueillir l'héritage de son père mourant.

En 251, il organise une expédition contre le puissant État de Kalinga, sur la côte orientale, défendu par une armée comprenant, selon Mégasthène, 60 000 fantassins, 1 000 cavaliers et 700 éléphants de guerre, et disposant d'une flotte de hardis marins. Vainqueur, il étend alors son empire sur l'Inde entière, moins les trois royaumes tamouls de l'extrême Sud : les Cola de la côte du Coromandel, les Pāndya de la région de Madurai, les Kerala du Malabar.

Cependant ses victoires ont été accompagnées de telles atrocités que le grand empereur est saisi de remords. Il se convertit au bouddhisme en 250 et fait graver, en de nombreux lieux de son vaste domaine, des Édits en langues vernaculaires, où il décrit son repentir et exprime son désir de « substituer la victoire de la Loi au règne de la contrainte et de la violence ».

Il meurt en 226, ou peut-être en 227, mais ses Édits ne seront découverts qu'à partir de 1837 et ne lui seront attribués avec certitude qu'en 1915, grâce à l'inscription de Maski mentionnant pour la première fois le nom d'Aśoka. Ils effacent progressivement sa légende pour donner la juste mesure de celui qui fut le plus grand empereur de son temps.

La légende et l'histoire

Les rois, représentants des dieux sur la terre, descendent directement du Soleil ou de la Lune selon les Purāṇa, textes sacrés de l'hindouisme, qui en établissent une généalogie descriptive jusqu'aux héros du Mahābhārata, puis adoptent une forme prophétique pour en dépasser l'époque :

« Le brāhmane Kauṭilya extirpera (du trône) les neuf Nanda. Après que ceux-ci auront joui durant cent ans de la terre, les Maurya l'auront en partage, car Kauṭilya donnera l'aspersion royale à Candragupta. Le fils de celui-ci sera Bindusāra, qui régnera vingt-quatre ans, et le fils de ce dernier, Aśokāvardhāna, qui régnera trente-six ans... » (Visnupurāna, 4e part., XXIV).

C'est par ces énumérations qui offrent des contradictions et des obscurités, mais paraissent attester l'existence d'annales très anciennes qui les auraient inspirées, que les Purāṇa présentent l'empire des Maurya.

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Écrit par

  • : membre de l'École française d'Extrême-Orient, diplômée de l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Marie-Simone RENOU. AŚOKA ou AÇOKA (IIIe s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONVERSION D'ÁSOKA

    • Écrit par François CHENET
    • 236 mots

    Le règne d'Aśoka (— 268-— 232), souvent comparé à l'empereur Constantin, représente une époque unique dans l'histoire de l'Inde ancienne, celle qui a vu la réunion de deux principes naissant, la monarchie et le bouddhisme. Tentative d'unification politique de tout le sous-continent, à l'exception...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...l'Hindou-Kouch à Chandragupta, fondateur de l'empire Maurya des Indes. Le premier document écrit, découvert en Afghanistan, est dû à l'empereur Açoka, petit-fils de Chandragupta, qui fut célèbre aussi bien par ses conquêtes que par son zèle pour le bouddhisme et par ses sentiments humanitaires....
  • BHUBANEÇWAR

    • Écrit par Odette VIENNOT
    • 1 934 mots
    • 1 média
    Le Kaliṅga ne fut pas épargné par les entreprises guerrières de ses voisins. Dès 250 avant. J.-C., l'empereur du Magadha, Açoka, s'en empara à la suite d'une guerre si meurtrière qu'il fit vœu d'abandonner les armes et se convertit au bouddhisme. Ces événements, relatés dans les édits qu'il fit...
  • BODHGAYĀ

    • Écrit par Bruno DAGENS, Rita RÉGNIER
    • 977 mots
    C'est par un pèlerinage à Bodhgayā que l'empereur Aśoka, de la dynastie des Maurya, inaugura ses « tournées de la Loi » vers 258 avant notre ère. Il construisit autour de l'arbre de la Bodhi et du Siège de diamant un temple hypèthre (figuré à Bhārhut et à Sāñcī), un stūpa ainsi qu'un...
  • BOUDDHIQUES CONCILES

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 1 139 mots

    Plus que toute autre tradition bouddhique, la tradition concernant les conciles, du moins les premiers d'entre eux, est suspecte. Les sources à ce sujet sont constamment en désaccord, altérées par le merveilleux et l'invraisemblable. Et, surtout, elles ont été manipulées par les diverses...

  • Afficher les 12 références

Voir aussi