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ARIANISME

L'arianisme – du nom d' Arius, prêtre d'Alexandrie au début du ive siècle, qui fut traditionnellement considéré comme le père de cette hérésie – est une réflexion doctrinale visant à approfondir le dogme chrétien de la Trinité et à éclairer le problème des relations, à l'intérieur de l'Être de Dieu, des trois personnes, Père, Fils, Esprit. Ce courant de pensée, déclaré hérétique depuis le concile de Nicée (325), est né en réaction contre des théories « monarchianisantes » qui, dès le iie siècle, tendaient à absorber la personne du Fils dans celle du Père. C'est pour lutter contre toute résurgence de ce sabellianisme, qui entendait préserver l'unité divine – fût-ce au prix de la confusion des personnes – qu'il convenait de distinguer soigneusement les trois hypostases divines. Mais la volonté de n'utiliser, pour les définir, qu'un vocabulaire tiré de l'Écriture, l'introduction au concile de Nicée du terme non scripturaire d'ὁμοούσιος, l'emploi par les ariens d'un vocabulaire de plus en plus philosophique, les interventions continuelles de l'État romain, les rivalités et les haines personnelles ont exagérément compliqué le problème doctrinal posé par l'arianisme. D'une pure spéculation doctrinale on passe, très vite, à une crise généralisée dans toute l'Église qui durera plus de soixante ans (av. 320-381). Le résultat fut d'abord l'introduction, dans les relations entre l'Église et l'État, d'un césaropapisme qui devait constituer l'un des aspects dominants de l'Empire byzantin. Sur le plan doctrinal, si le dogme trinitaire fut explicité d'une manière jugée satisfaisante au concile de Constantinople en 381, les discussions portant sur la psychologie humaine du Christ, dans laquelle les ariens voyaient une marque d'infériorité du Fils par rapport au Père, ouvraient, en revanche, la voie au problème christologique. C'est-à-dire à celui de l'union, en la personne du Fils de Dieu incarné, d'une nature divine et d'une nature humaine, problème qui allait remplir tout le siècle suivant et aboutir à la formation de schismes graves et durables. On distinguera, schématiquement, trois phases de développement de l'arianisme : celle des origines aboutissant à la proclamation du dogme officiel du consubstantiel (ὁμοούοιος), une phase intermédiaire où triomphe la théologie de la via media ; enfin l'aboutissement rationnel d'une théologie radicale, l'anoméisme.

Les origines : le subordinatianisme d'Arius

La doctrine qu'Arius se mit à prêcher à Alexandrie vers 320 apparaît comme plus philosophique que théologique. Pour lui, les personnes divines, au sein de la Trinité, ne peuvent être ni égales ni confondues. La marque absolue de la divinité est, en effet, d'être non seulement incréée mais inengendrée : seule la personne du Père correspond à une telle définition. Le Fils de Dieu ne peut donc pas être aussi pleinement Dieu, puisqu'il a été engendré par le Père. Dieu second, il occupe une place intermédiaire entre le Dieu le plus transcendant et la création. Ainsi, Arius, aboutit à un monothéisme strict. Mais son Dieu unique, inconnu, inconnaissable, infini, immuable, sans commencement ni origine et qui ne peut communiquer avec le cosmos que par l'intermédiaire du Fils, est, malgré un recours constant aux arguments tirés de l'Écriture, plus philosophique que biblique. Partant d'une distinction habituelle aux théologiens orientaux, entre le Logos divin et le Fils de Dieu, Arius transporte de l'Incarnation au commencement du temps l'origine du Fils. Par là, il transfère au Fils de Dieu, ainsi postulé comme pré-existant, toutes les fonctions d'ordonnateur du cosmos attribuées habituellement[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Michel MESLIN. ARIANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AETIUS (IVe s.)

    • Écrit par Universalis
    • 343 mots

    Évêque syrien du ive siècle considéré comme hérétique pour ses théories sur le mystère de la Trinité. Aetius est le fondateur de la secte arianiste radicale des anoméens. Son nom est devenu synonyme d'hérésie radicale.

    Probablement né près d'Antioche, Aetius y étudie auprès...

  • ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 757 mots
    Contre Arius qui soulignait la distinction entre Dieu le Père, principe inengendré, et Jésus-Christ, produit par le Père et donc inférieur à lui, le symbole de Nicée, accepté en 325 par le concile du même nom, avait proclamé, sous l'influence conjuguée de théologiens occidentaux et de quelques théologiens...
  • BASILE D'ANCYRE (IVe s.)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 451 mots

    Évêque cappadocien, Basile fut élu au siège d'Ancyre (métropole de la Galatie) par les antinicéens afin de remplacer Marcel, qui avait été déposé par le synode de Constantinople. De 344 (réhabilitation de Marcel par le concile de Sardique) à 350 (mort de Constant), il fut écarté de son siège. Une...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    La première crise est celle de l'arianisme, qui met en cause la divinité de Jésus et, par là même, la réalité de son œuvre rédemptrice. Le premier concile œcuménique réuni à Nicée en 325 sur l'initiative de Constantin adopte un symbole de foi qui exclut nettement les doctrines d'Arius. Mais...
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Voir aussi