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ARIANISME

L'anoméisme radical

À Antioche, dès la seconde moitié du siècle, des théories professées par Aétius, puis par son disciple Eunome, affirmaient une théologie bien plus radicale que celle d'Arius. Appliquant au mystère de la Trinité les catégories logiques de la philosophie aristotélicienne – au point que leurs adversaires les accuseront de faire non pas de la théologie mais de la technologie ! – Aétius et Eunome soutenaient que l'essence même de Dieu était identifiable au concept d'inengendré. Comme seul le Père est inengendré, il est seul Dieu, et le Fils est donc fondamentalement dissemblable de lui, ἀνόμοιος. Eunome, encore plus philosophe, allait expliquer cette dissemblance en démontrant que l'essence de Dieu, qui est l'ἀγεννησία, c'est-à-dire le fait d'être inengendré, est incommunicable par définition, mais que ce que le Père a communiqué à son fils, c'est son ἐνέργεια, c'est-à-dire sa puissance créatrice, sa puissance d'action : ce qui fait du Fils l'intermédiaire entre Dieu et le monde créé. L'Esprit ne vient qu'en troisième lieu et ne possède aucun caractère divin. Dans cette Trinité cohérente, rationnelle, logique, où chaque élément s'oppose essentiellement aux deux autres, on retrouve la conception hiérarchique des essences d'une certaine métaphysique néo-platonicienne, dans laquelle toute procession est une chute, une dégradation de l'Être et marque une dissemblance foncière. Mais l'intérêt majeur de cette théologie anoméenne est sa tentative d'expliquer le mystère chrétien dans les cadres de la philosophie antique et de supprimer par une vision rationaliste l'irritant problème d'un Dieu trine et un.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sorbonne, directeur de l'Institut de recherches pour l'étude des religions

Classification

Pour citer cet article

Michel MESLIN. ARIANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AETIUS (IVe s.)

    • Écrit par Universalis
    • 343 mots

    Évêque syrien du ive siècle considéré comme hérétique pour ses théories sur le mystère de la Trinité. Aetius est le fondateur de la secte arianiste radicale des anoméens. Son nom est devenu synonyme d'hérésie radicale.

    Probablement né près d'Antioche, Aetius y étudie auprès...

  • ATHANASE D'ALEXANDRIE (295-373)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 757 mots
    Contre Arius qui soulignait la distinction entre Dieu le Père, principe inengendré, et Jésus-Christ, produit par le Père et donc inférieur à lui, le symbole de Nicée, accepté en 325 par le concile du même nom, avait proclamé, sous l'influence conjuguée de théologiens occidentaux et de quelques théologiens...
  • BASILE D'ANCYRE (IVe s.)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 451 mots

    Évêque cappadocien, Basile fut élu au siège d'Ancyre (métropole de la Galatie) par les antinicéens afin de remplacer Marcel, qui avait été déposé par le synode de Constantinople. De 344 (réhabilitation de Marcel par le concile de Sardique) à 350 (mort de Constant), il fut écarté de son siège. Une...

  • CATHOLICISME - Histoire de l'Église catholique des origines au pontificat de Jean-Paul II

    • Écrit par Jean DANIÉLOU, André DUVAL
    • 16 441 mots
    • 10 médias
    La première crise est celle de l'arianisme, qui met en cause la divinité de Jésus et, par là même, la réalité de son œuvre rédemptrice. Le premier concile œcuménique réuni à Nicée en 325 sur l'initiative de Constantin adopte un symbole de foi qui exclut nettement les doctrines d'Arius. Mais...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi