Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BARTHÉLEMY D'EYCK Maître du roi René (vers 1415/1419-apr. 1472)

Barthélemy d'Eyck, originaire du Limbourg, s'est probablement formé dans cette contrée avant de devenir en France le peintre du roi René d'Anjou. Très proche de son maître, il l'accompagne en Provence et y travaille comme peintre et enlumineur. Il exécute assez jeune une partie de l'illustration d'un livre d'heures en collaboration avec Enguerrand Quarton. Ses œuvres majeures sont le triptyque de l'Annonciation d'Aix commandé par un des fournisseurs du roi René, puis l'illustration de trois manuscrits dont un, Le Cœur d'Amour épris fut rédigé par René d'Anjou lui-même. Ses qualités de paysagiste, de narrateur plein de fantaisie, son attention à la lumière provençale font de lui un des peintres les plus originaux et les plus attachants de son époque.

Les origines de Barthélemy d'Eyck

De longues recherches ont rendu presque certaine l'identification du maître du roi René avec Barthélemy d'Eyck, identification pressentie dès 1910 par P. Durrieu.

Originaire de Maeseyck, sa mère Ydria Exters a été mariée en premières noces avec un homme nommé d'Eyck, père de Barthélemy. Nous n'en savons pas plus. Mais nous la retrouvons en Provence avec son second mari Peter van Bijland, peintre et brodeur dont le nom francisé en Pierre du Billant ou Dubillant apparaît souvent dans les documents. Barthélemy est-il né à Maeseyck ? Son œuvre révèle en effet une connaissance approfondie de l'art de son homonyme Jan van Eyck, du maître de Flémalle et des enlumineurs des Pays-Bas du Sud. A-t-il travaillé d'abord pour la cour de Bourgogne ? Quoi qu'il en soit, René d'Anjou (1409-1480) le découvre de bonne heure. Charles Sterling constatait des traces de son influence sur les enlumineurs napolitains et pensait qu'il aurait pu avoir accompagné le roi à Naples où il séjourna de 1438 à 1442. Panofsky appelait Barthélemy « le frère jumeau de Konrad Witz » et relevait « leur modelé puissant basé sur des schémas stéréométriques, leur perspective audacieuse, leur style de drapé rigide, leurs ombres triangulaires et dures ». Certains détails de ses architectures font penser à celles des Heures de Louis de Savoie (Bibl. nat., ms. lat. 9473), rapprochement pertinent déjà suggéré par G. Ring. En tout état de cause, Barthélemy se trouvait à Aix en 1443-1444 encore jeune, mais peintre de grande notoriété, car le drapier de René d'Anjou, Pierre Corpici, lui commande un retable connu aujourd'hui sous le nom de retable de l'Annonciation d'Aix.

Selon un testament du 9 décembre 1442, ce triptyque devait être placé sur un autel érigé à l'endroit de la sépulture de la famille Corpici, dans l'église Saint-Sauveur d'Aix. Il fut démembré et dispersé au cours des siècles et seul le panneau central se trouve encore à Aix dans l'église Sainte-Marie-Madeleine. Les volets latéraux furent identifiés par Hulin de Loo dans différents musées et dans des collections privées, ce qui permet donc de reconstituer l'ensemble. De nombreux détails trahissent la formation septentrionale du peintre. Ainsi le pupitre devant la Vierge est presque identique à celui qu'ont dessiné les frères Limbourg (Bibl. nat., ms. fr. 166, frontispice, Saint Jérôme), d'autres détails iconographiques sont dans la tradition des grands maîtres de son pays d'origine ; certains chercheurs ont évoqué une parenté éventuelle avec Hubert et Jan van Eyck. La beauté du tableau résulte de la tension causée par l'éclairage irréel, irrationnel même, et la réalité palpable, sculpturale des personnages et des objets. Ni la Vierge ni l'ange Gabriel ne peuvent voir en réalité la face de Dieu le Père au-dessus de l'église, qui par sa bénédiction envoie les rayons du Saint-Esprit. La minuscule figure de l'Enfant Jésus[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur honoraire d'histoire de l'art, universités de Montréal et de Tours

Classification

Pour citer cet article

Claude SCHAEFER. BARTHÉLEMY D'EYCK Maître du roi René (vers 1415/1419-apr. 1472) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • NATURE MORTE

    • Écrit par Robert FOHR
    • 5 700 mots
    • 10 médias
    ...boîtes placés dans la partie supérieure des niches des prophètes Isaïe et Jérémie, les deux volets du retable de l'Annonciation d'Aix de Barthélemy d'Eyck ; musées d'Amsterdam et de Bruxelles) ; lorsqu'elle s'en détache, c'est pour orner le revers d'un panneau à sujet religieux, élément...
  • QUARTON ENGUERRAND (av. 1419-env. 1466)

    • Écrit par Claude SCHAEFER
    • 2 825 mots
    • 2 médias
    Au début de son séjour en Provence, il a dû connaître le peintre Barthélemy d'Eyck, car les deux artistes figurent comme témoins dans un acte notarial de vente au bénéfice du peintre Pierre Bordier (1444). Il est donc tout à fait plausible de retrouver la main de Quarton et de Barthélemy dans un ...

Voir aussi