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14-30 novembre 2018

France. Mouvement des « gilets jaunes »

Le 14, le Premier ministre Édouard Philippe annonce une série de mesures destinées à calmer la colère des automobilistes qui protestent contre la hausse des taxes sur les carburants prévue en janvier 2019 dans le cadre de la politique de transition énergétique. Mobilisés spontanément depuis octobre sur les réseaux sociaux, les protestataires, pour la plupart ruraux ou périurbains, qui affichent un gilet jaune de la Sécurité routière derrière le pare-brise de leur véhicule, appellent à des actions de blocage sur l’ensemble du territoire le 17. Le Premier ministre exclut de renoncer à la hausse des taxes et annonce le doublement de la prime à la conversion des véhicules polluants pour les ménages les plus modestes, ainsi que l’extension du système d’indemnisation kilométrique et du bénéfice du chèque énergie.

Le 14 également, le président Emmanuel Macron, lors d’un entretien sur TF1 enregistré à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, affirme sa détermination à poursuivre les réformes tout en reconnaissant ne pas avoir « réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants » et en exprimant sa volonté d’exercer sa fonction « d’une matière différente ».

Le 17, le mouvement des « gilets jaunes » mobilise deux cent quatre-vingt-dix mille manifestants à travers le pays qui participent à des actions de blocage des routes et des dépôts pétroliers. Une manifestante est tuée, écrasée par une voiture sur un barrage en Savoie. Le mouvement se poursuit les jours suivants. Dépourvu de leaders et porteur de revendications multiples, toutes centrées sur le pouvoir d’achat, il reçoit le soutien des Républicains, du Rassemblement national et de La France insoumise, mais suscite une réaction réservée de la part des syndicats qui ne s’y associent pas. Le mouvement est particulièrement suivi à La Réunion où il donne lieu à des violences urbaines, alors que les barrages paralysent l’activité socio-économique de l’île.

Le 18, s’exprimant au journal de 20 heures de France 2, Édouard Philippe affirme « entendre » et « comprendre » la « colère » des manifestants, mais déclare : « Le cap que nous avons fixé est le bon, nous allons le tenir. »

Le 20, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner dénonce la « radicalisation » du mouvement. Un deuxième décès est enregistré après un accident survenu la veille sur un barrage dans la Drôme.

Le 24, de nombreux gilets jaunes répondent à l’appel à manifester dans la capitale, dans le cadre d’un deuxième samedi d’action. Interdite aux manifestants, l’avenue des Champs-Élysées est le théâtre d’affrontements entre les gilets jaunes, auxquels se mêlent des éléments violents, et les forces de l’ordre. Christophe Castaner dénonce la responsabilité des « séditieux » de l’ultradroite. La mobilisation dans le pays est estimée à cent six mille personnes.

Le 26, une consultation des gilets jaunes organisée sur Internet aboutit à la désignation de huit « messagers » chargés de prendre contact avec les représentants de l’État. Leurs principales revendications sont « la baisse de toutes les taxes » et la création d’une « assemblée citoyenne ». Leur légitimité est aussitôt mise en cause sur les réseaux sociaux.

Le 27, dans un discours prononcé à l’Élysée, Emmanuel Macron propose un « nouveau système » d’encadrement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, qui doit permettre au gouvernement, sur proposition du Parlement, de geler tout ou partie de la hausse annuelle programmée, en cas de forte augmentation du prix du pétrole. Le chef de l’État charge le Premier ministre de mettre en place une « grande concertation de terrain » de trois mois sur la transition écologique, dont les modalités ne sont pas précisées.

Le 30, seuls deux représentants des gilets jaunes répondent à l’invitation du Premier ministre à Matignon, l’un d’eux quittant rapidement la réunion en regrettant qu’elle ne soit pas filmée et diffusée en direct.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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