Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WARNER WILLIAM LLOYD (1898-1970)

L'essentiel de l'œuvre du sociologue américain W. L. Warner traite des petites unités sociales aux États-Unis. À l'aide de méthodes empruntées à l'ethnologie, il a réalisé la plus importante enquête jamais effectuée sur une petite ville américaine, Newburyport (Yankee City), 17 000 habitants. L'apport le plus remarquable de ses Yankee City Series (Yale University Press, New Haven, 5 vol., 1941-1949) concerne la stratification sociale. Il y met en évidence une structure à six classes dont l'unité repose sur l'identification sociale, le style de vie et le prestige : supérieure-supérieure (la grande bourgeoisie traditionnelle), supérieure-inférieure (les nouveaux riches), moyenne-supérieure (la classe moyenne, aisée, active), moyenne-inférieure (la petite bourgeoisie), inférieure-supérieure (les ouvriers qualifiés), inférieure-inférieure (les manœuvres, le sous-prolétariat). Chacune de ces six classes possède des caractéristiques propres, une unité interne sur le plan des attitudes ainsi qu'une culture spécifique.

À l'opposé des marxistes, Warner ne définit pas la classe à partir du critère économique ; il la fonde sur l'élément statutaire. La détermination des classes sera effectuée à partir de l'application d'une méthode dite réputationnelle : des juges auront à classer les individus selon le degré de prestige attaché à leurs personnes. Ainsi pour Warner la division en classes sociales conduit davantage à la stabilité qu'au conflit car les classes les plus basses sur l'échelle statutaire tendent plutôt à accepter et à respecter les classes plus élevées qu'à contester cet ordre social.

L'étude sur Newburyport a permis à Warner de montrer l'existence et le rôle considérable d'un groupe primaire très particulier : la clique. Il s'agit d'un groupe restreint doté d'une forte cohésion. L'appartenance à une clique apporte estime et considération à chacun de ses membres devant l'ensemble de la collectivité. Ainsi dans l'esprit de beaucoup de concitoyens la mobilité sociale consiste essentiellement en un passage d'une clique à une autre.

— Pierre FAURE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, attaché de recherche au C.N.R.S., chargé de cours à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Pierre FAURE. WARNER WILLIAM LLOYD (1898-1970) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ETHNOLOGIE - Ethnologie générale

    • Écrit par Raymond William FIRTH
    • 9 581 mots
    ...(nucléaire, individuelle) : elle comporte le père, la mère et les enfants. Presque tous les adultes appartiennent à deux familles de ce type, que W. L.  Warner appelle famille d'orientation (celle où l'on est né ou adopté) et famille de procréation (celle où l'on est soi-même père ou mère), familles qui,...
  • GROUPE SOCIAL

    • Écrit par Georges BALANDIER, François CHAZEL
    • 11 404 mots
    • 1 média
    Au cours de sa première étude de stratification consacrée à Newburyport (Yankee City), Lloyd Warner eut l'occasion de « découvrir la clique », pour reprendre sa propre expression. Il s'agit là d'une découverte à deux niveaux : d'une part, il constata l'existence de petits groupes assez fermés à contacts...
  • RÉSEAUX THÉORIE DES

    • Écrit par François DENORD
    • 1 551 mots
    ...l'impulsion du psychologue Jacob Moreno ; les études sur les organisations industrielles et les communautés locales menées à la même époque par Elton Mayo et William Lloyd Warner à Harvard ; l'anthropologie de l'école de Manchester, représentée dans les années 1950 par John Barnes, Clyde Mitchell et...

Voir aussi