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BAGEHOT WALTER (1826-1877)

Économiste et journaliste britannique, Walter Bagehot est issu d'une lignée de négociants dans laquelle se distingue son oncle maternel, Vincent Stuckey, directeur de la plus grande banque de l'ouest de la Grande-Bretagne. Enfant, Bagehot reçoit une éducation sévère, typiquement victorienne. À l'âge de treize ans, il rejoint le Bristol College l'un des meilleurs de Grande-Bretagne.

De religion unitarienne, son père l'envoie faire ses études à l'University College de Londres, seul choix possible pour lui car, à cette époque, les universités d'Oxford et de Cambridge sont anglicanes. Walter Bagehot y noue quelques amitiés durables, notamment avec Richard Holt Hutton qui, à la fin du xixe siècle, deviendra le prestigieux éditeur du Spectator, ainsi qu'avec le poète Arthur Hugh Clough. Dans la génération qui le précède, il se lie avec Henry Crabb Robinson, lui-même ami de Goethe, Schiller et Coleridge. Walter Bagehot obtient brillamment sa licence, puis sa maîtrise en 1848.

Il étudie ensuite le droit pendant trois ans mais n'apprécie pas cette matière. C'est par hasard qu'il commence à écrire. Il est en effet à Paris à la fin de 1851 lors du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte. Dans une série d'articles pour un grand journal unitarien, il décrit cet événement et défend Louis-Napoléon Bonaparte, suscitant une vive polémique parmi les lecteurs, car cet acte est violemment condamné en Grande-Bretagne. Néanmoins, cela le convainc de sa capacité à écrire, qu'il met en œuvre tout en travaillant pour la banque Stuckey. Dans les années qui suivent, Bagehot écrit une série d'essais sur John Milton, William Shakespeare, Edward Gibbon, Walter Scott et Pierre Jean de Béranger. Parallèlement, il trace les portraits de dirigeants politiques tels que Henry St John Bolingbroke, William Pitt et Robert Peel.

En tant que banquier, Bagehot écrit divers articles dans la presse économique, qui retiennent l'attention de James Wilson, secrétaire d'État au Trésor dans le gouvernement de lord Palmerston, membre influent du Parlement britannique et fondateur du magazine The Economisten 1843.

En 1860, Walter Bagehot devient directeur de la division Bristol de la banque Stuckey qui dirige The Economist. Jusqu'à sa mort, il sera rédacteur en chef et journaliste principal de ce magazine. Il améliore et augmente les rubriques statistiques et financières, faisant ainsi de cette publication la plus réputée dans le monde des grandes entreprises et de la politique. En outre, il humanise son approche politique en mettant l'accent sur les problèmes sociaux.

Walter Bagehot se décrit lui-même comme un conservateur libéral. Contrairement à de nombreux membres du parti libéral, sa vie dans une région rurale l'incite à penser que la rapidité de l'industrialisation et de l'urbanisation est à l'origine des problèmes sociaux en Grande-Bretagne. Il suit de près les affaires internationales. Il conserve une affection pour la France et n'a que mépris pour Bismarck. Ses premières années à The Economist coïncident avec la guerre de Sécession aux États-Unis, à propos de laquelle il écrit une vingtaine d'articles. Instinctivement, comme la plupart de ses contemporains, il éprouve de la sympathie pour la Confédération, tout en soutenant Abraham Lincoln.

En 1867, Walter Bagehot publie The English Constitution, un essai pour tenter de percer ce qui se cache derrière la façade des institutions politiques – Couronne, Chambre des Lords et Chambre des Communes – afin de déterminer qui détient réellement les rênes du pouvoir. Il est l'un des premiers à observer la montée en puissance du cabinet du parti qui a une majorité de voix à la Chambre des communes. Il cultive de nombreuses amitiés politiques, notamment avec William Gladstone, premier libéral à devenir Premier ministre en 1868,[...]

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. BAGEHOT WALTER (1826-1877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LOMBARD STREET : A DESCRIPTION OF THE MONEY MARKET, Walter Bagehot - Fiche de lecture

    • Écrit par Jérôme de BOYER
    • 1 171 mots

    Walter Bagehot (1826-1877) était banquier et journaliste en Grande-Bretagne. Il a dix-huit ans, en 1844, lorsque est entreprise la réforme monétaire qui donne à la Banque d'Angleterre le monopole d'émission des billets et oblige celle-ci à régler strictement ses émissions sur son ...

  • BANQUE D'ANGLETERRE, en bref

    • Écrit par Sylvie DIATKINE
    • 275 mots

    Les banques centrales ont d'abord été des banques commerciales ou publiques, dotées d'une Charte et de privilèges d'émission de billets en échange du financement de la dette publique. Il en va ainsi pour la Banque de Suède créée en 1668 et la Banque d'Angleterre créée...

  • BANQUE - Économie de la banque

    • Écrit par Emmanuelle GABILLON, Jean-Charles ROCHET
    • 7 908 mots
    • 3 médias
    ...de fournir, de façon discrétionnaire, des services d'assistance de liquidités aux banques en détresse : c'est le rôle de prêteur en dernier ressort. La doctrine, élaborée par Henry Thornton (1802) et Walter Bagehot (1873), consiste pour la banque centrale à s'engager à prêter sans limite (mais parfois...
  • BANQUES CENTRALES

    • Écrit par Sylvie DIATKINE
    • 6 895 mots
    • 1 média
    ...de prêteur ultime, qui concerne les périodes courtes de crises, se distingue de l'action de politique monétaire mais doit cependant lui être articulé. Walter Bagehot, en 1873, a développé les principes qui doivent guider l'intervention du prêteur ultime : la banque centrale doit prêter sans limites, à...
  • BOURSE - Microstructure des marchés financiers

    • Écrit par Laurence LESCOURRET, Séverine VANDELANOITE
    • 5 883 mots
    • 1 média
    Ainsi, en 1971, Jack Treynor, sous le pseudonyme de Walter Bagehot, montre que le teneur de marché doit proposer un prix de vente différent du prix d'achat, de telle sorte que ses gains face aux agents non informés excèdent les pertes subies à la suite des transactions avec des informés. Thomas Copeland...

Voir aussi