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VITHOBĀ

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Divinité particulière que les hindous vénèrent à Pandharpur, petite ville du Mahārāśtra. Le dieu est représenté sous la forme d'un adolescent campé sur une brique, les mains sur les hanches. Son culte se célèbre au temple situé sur une colline dominant la ville, elle-même baignée par la rivière Bhīma. Les fidèles de Vithobā, appelé aussi Vitthal (les deux noms sont d'étymologie incertaine), constituent une sorte de secte et ont l'obligation de se rendre en pèlerinage à Pandharpur au moins une fois par an.

Ces différents traits (temple unique, pèlerinage, attitude corporelle insolite du dieu) ont donné à penser qu'il s'agissait là d'un culte non hindou, tardivement « récupéré » par les brahmanes ; on se fonde également pour étayer cette thèse sur le fait que la secte des pèlerins (vārkarīs) accepte tout le monde sans distinction de sexe ni de caste et que plusieurs des maîtres spirituels dont elle se recommande (par exemple, le célèbre Tukārām) furent en butte à la persécution des brahmanes.

Pourtant, le nom de Vitthal-Vithobā peut avoir même origine que celui de Vishnu ; et il est évident que le culte du dieu de Pandharpur est de structure nettement vishnuite. Le livre sacré de la secte est d'ailleurs un commentaire de la Bhagavad-Gīta, la Jna-naśvarī ; et les aspects non brahmaniques du pèlerinage (confusion des castes, etc.) sont communs à tous les mouvements de dévotion ardente, ou bhakti.

Il est remarquable, d'autre part, que les vārkarīs assurent que l'un de leurs maîtres, Eknāth (xvie s.), a reçu miraculeusement l'initiation de Chaitanya, qui venait de mourir à quelques milliers de kilomètres de là. C'est là certainement une façon de rattacher l'« Église » de Pandharpur au courant de dévotion krishnaïte. Vithobā, dans cette perspective, est considéré comme étant une manifestation particulière de Krishna, lui-même incarnation (avatāra) de Vishnu. Le dieu, d'ailleurs, est tenu pour un protecteur des éleveurs ; mais, depuis le xviiie siècle, il est devenu progressivement une sorte de divinité nationale du Mahārāśtra, où le pèlerinage de Pandharpur est une des manifestations les plus importantes de la ferveur religieuse, particulièrement dans les zones rurales du centre du pays.

— Jean VARENNE

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. VITHOBĀ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • JÑĀNDEV ou JÑĀNEŚVAR (1275-1296)

    • Écrit par
    • 258 mots

    Saint mahrâtte (du Mahârâshtra, région de Bombay) qui, à en croire la tradition, ne vécut que vingt et un ans, mais laissa une œuvre considérable, comprenant plus de mille poèmes et, surtout, un commentaire versifié de la Bhagavad-Gîtâ que l'on nomme Jñānèshwarī (de Jnânèshwar,...

  • NĀMDEV (1270?-? 1350)

    • Écrit par
    • 174 mots

    L'un des plus célèbres des « saints » (la secte des sant) du Mahārāshtra (région de Bombay) en raison de l'œuvre qu'il a laissée et des légendes pieuses concernant sa vie. On dit que Nāmdev était de basse caste (de la sous-caste des tailleurs) et qu'il eut une jeunesse orageuse, s'associant...

  • RĀMDĀS (1608-1681)

    • Écrit par
    • 242 mots

    Fils d'un brahmane de la région de Nāsik (au nord-est de Bombay), celui qui devait prendre plus tard le nom religieux de Rāmdās (rāmadāsa, « serviteur de Dieu ») eut très tôt la révélation de sa mission : on raconte qu'au moment de se marier il comprit que son destin n'était pas...

  • VIṢṆU ou VISHNU ET VICHNOUISME

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    ...le śrīvaiṣṇavisme, l'appellation en vint à s'appliquer tout spécialement à une catégorie de fidèles vichnouites qui honoraient le dieu sous le nom de Viṭṭhal ou Viṭhoba. Ainsi que pour les disciples de Rāmānanda et de Tulsī Dās, il s'agissait moins d'une secte organisée, avec ses prêtres et ses laïcs,...