TYR, mythologie nord-germanique
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
S'il faut chercher quel est, de tous les dieux que nomment les sources disponibles, celui qu'on peut tenir pour le plus authentiquement nordique (ou germanique), on doit sans hésiter répondre que c'est Tyr. Il est franchement pangermanique — caractéristique que, seule, la déesse Frigg partage avec lui — et a, d'ailleurs, donné son nom au mardi (anglais Tuesday, allemand Dienstag, suédois Tisdag). On est cependant mal renseigné sur son compte. Un indice sûr est à retenir : s'il a, comparativement, laissé assez peu de traces dans la toponymie, les noms de lieux qui portent son nom sont fort anciens et associés au culte des forces naturelles, qui, à n'en pas douter, représente le stade archaïque de la religion païenne germanique et nordique. Autrement dit, pour prendre la mesure de son importance, on doit se garder de perdre de vue la perspective diachronique selon laquelle il convient d'envisager le paganisme nordique. Celui-ci, en effet, tel que le présentent globalement des sources écrites qui, en général, ne remontent guère au-delà du xiie siècle, est extrêmement impur. Les grandes fonctions distinguées par G. Dumézil n'y apparaissent pas avec la netteté souhaitable. Au gré des invasions successives ou des nombreuses influences qui se sont exercées sur le Nord s'est produit tout un complexe de recoupements, de chevauchements et d'ajouts ou d'« usurpations » qui font le désespoir de quiconque essaie de dresser un tableau synthétique cohérent. Néanmoins, il n'est pas impossible de reconstituer prudemment les grandes étapes de cette évolution. Bien que Tyr joue un rôle presque secondaire dans les Eddas, bien qu'il soit devenu, à l'âge viking, en quelque sorte deus otiosus, tout concourt à prouver qu'il a dû, au stade archaïque de la religion nordique, être le dieu suprême, et même Dieu, tout simplement.
La première preuve en est son nom : Tyr, c'est Tīwaz, en sanskrit Dyaus, en grec Zeus, en latin Ju-(piter), en français « dieu », tous termes dérivés d'un mot indo-européen diēus, qui désignait le dieu radieux du ciel et s'appliqu [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 2 pages
Écrit par :
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
« TYR, mythologie nord-germanique » est également traité dans :
ASES
Dans la mythologie du Nord, on appelle Ases les membres d'une des deux grandes familles de dieux ( godh ou gudh ), l'autre étant celle des Vanes, tous ces dieux s'opposant aux géants, nains, elfes et autres créatures surnaturelles. À l'exception de Njördhr, Freyr et Freyja, toutes les grandes divinités nordiques, notamment Odhinn, Tyr, Thórr et Heimdallr sont réputées Ases (masculin singulier á […] Lire la suite
MYTHOLOGIES - Dieux des peuples "barbares"
Dans le chapitre « De la préhistoire à l'âge du fer : la royauté sacrée » : […] De la préhistoire, on ne peut juger que par reconstitution, à partir de traits obscurs que livrent les textes, islandais surtout, tels que le Landnámabók ou « Livre de colonisation ». Le culte voué aux forces naturelles y éclate et, lorsqu'il se trouve personnifié, c'est sous la forme de géants et de nains, les uns et les autres étant constitutifs des origines du monde, dépositaires de la mémoire […] Lire la suite
Pour citer l’article
Régis BOYER, « TYR, mythologie nord-germanique », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/tyr-mythologie-nord-germanique/