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HOWARD TREVOR (1916-1998)

En 1945, acclamé dans les festivals, le film de David LeanBrève Rencontre marque l'apogée du style documentariste anglais. Ses deux interprètes, étonnants de justesse et de charme, servent avec rigueur et précision le propos du réalisateur. Il s'agit de Celia Johnson et de Trevor Howard. Celui-ci fut la parfaite incarnation de l'ambiguïté du « jeu dramatique » anglais : élégance discrète malgré une certaine rudesse d'apparence, voix suave évoquant celles de James Mason ou de Dirk Bogarde, totale courtoisie même si l'acteur fut – parfois – cantonné dans des rôles antipathiques.

Trevor Wallace Howard-Smith est né en 1916 à Cliftonville (Kent). Après une formation théâtrale à la Royal Academy of Dramatic Art, il triomphe dans le West End dans la pièce de Terence Rattigan, French without Tears. Il tourne son premier rôle au cinéma en 1944 dans un film de guerre, The Way to the Stars (Le Chemin des étoiles), énorme succès public de l'après-guerre, avant d'être remarqué par David Lean. Dans les années 1940, le cinéma britannique produit de nombreux mélodrames et adaptations littéraires. Trevor Howard va aborder ainsi les héros romantiques dans les Amants passionnés du même David Lean (1948), les rôles d'aventurier dans La Salamandre d'or (1950), en même temps qu'il confirme son statut international avec Le Troisième Homme de Carol Reed (1949).

Avant d'être « annexé » par le cinéma hollywoodien comme de nombreux compatriotes, il compose de nobles figures, redonne vie à des personnages historiques ou à des officiers ayant joué leur rôle dans l'histoire du Commonwealth (Odette, agent secret, au côté d'Anna Neagle, Glory at Sea, Le Fond du problème, adaptation du roman de Graham Greene). Il fera même une incursion dans le cinéma français : Henri Verneuil lui confie le rôle d'un policier souriant, mais nullement prêt à relâcher sa surveillance dans Les Amants du Tage, avec Françoise Arnoul et Daniel Gélin (1955).

Trevor Howard excellait dans les rôles de composition souvent conventionnels mais appréhendés avec une certaine malice. Il sera nommé aux oscars pour son rôle de mineur dans l'adaptation d'Amants et fils, de D. H. Lawrence, réalisée par le chef opérateur Jack Cardiff (1960). Il tournera également des remakes de films célèbres : La Course au soleil (1956), d'après Les Chasses du comte Zaroff, et Les Révoltés du Bounty (1962), où il succède à Charles Laughton dans le rôle de l'implacable capitaine Bligh. Avec la même efficacité, l'acteur s'amuse à composer des figures d« officier ganache » dans de nombreuses productions internationales pas toujours convaincantes, peut-être du fait de leur casting disparate. Il faut citer, toutefois, parmi les derniers vrais rôles de Trevor Howard La Charge de la brigade légère, nouvelle version réalisée en 1968 par Tony Richardson et véritable mise en pièces de l'Empire britannique, La Fille de Ryan de D. Lean (1970), Ludwig de Luchino Visconti où il incarne Richard Wagner (1972), Maison de poupée de Losey (1973), Les Années-Lumières d'Alain Tanner (1981), et une de ses dernières apparitions à l'écran, Sur la route de Nairobi (1987), qui offre une parfaite synthèse de ce qu'il incarnait au cinéma : un vieux sage, baroudeur parfois, gentleman toujours, un verre de whisky pour unique compagnon, histoire de jouer avec les « clichés ».

— André-Charles COHEN

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André-Charles COHEN. HOWARD TREVOR (1916-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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