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TOYO ITO (1941- )

Toyo Ito naît à Séoul en 1941 alors que la Corée est sous domination japonaise. Ce sexagénaire à l'allure juvénile qui rêvait de devenir joueur de base-ball obtient en 1965 son diplôme d'architecte à l'université du Todai à Tōkyō, la plus ancienne du Japon. La construction de la médiathèque de Sendai en 2001 lui conférera une renommée internationale.

Les études de Toyo Ito à l'université de Tōkyō sont essentiellement axées sur l'architecture moderne occidentale. Il est également influencé par trois architectes japonais : Kiyonuri Kikutake, architecte métaboliste avec qui il travaille de 1965 à 1969, Kazuo Shinohara et Arata Isozaki, ceux-ci représentant pour Toyo Ito deux figures emblématiques de l'architecture japonaise, dans la mesure où leurs travaux sont empreints d'un message social critique. De façon plus indirecte, Le Corbusier l'a indéniablement influencé, comme le montre la récurrence de la fenêtre horizontale dans son œuvre, mais aussi sa relecture du concept Dom Ino (système d'unité d'habitation modulable construite à partir d'éléments préfabriqués).

Toyo Ito fonde sa propre agence en 1971 à Tōkyō : Urbot, contraction d'Urban Robot, laquelle deviendra en 1979 l'agence Toyo Ito and associates architects. L'architecte appelle « jardin de lumière » cette première période de créativité. En 1968, une révision de la législation japonaise en matière d'urbanisme restreint les commandes publiques relatives aux grands ensembles de logements aux seules grandes agences reconnues depuis les années 1950. Ainsi les premières œuvres de Toyo Ito se réduisent-elles essentiellement aux habitations privées. Il lui faudra attendre 1991 pour obtenir et réaliser sa première commande publique : le musée municipal de Yatsushiro.

Durant les années 1970, les Tokyoïtes peinent à gérer l'incohérence urbaine de leur capitale : Toyo Ito propose alors une architecture de béton, refermée sur elle-même, coupée de l'environnement extérieur, avec un éclairage naturel en dégradé allié à l'exploitation de zones d'ombre, comme la maison U construite en 1976 à Tōkyō pour sa sœur, mais qui fut détruite en 1998.

Durant les années 1980, Toyo Ito travaille des matériaux plus légers, comme l'aluminium et l'acier. Ceux-ci vont lui permettre d'évoluer vers plus de transparence et de légèreté, et d'imaginer une architecture de l'éphémère, proche du concept d'« impermanence » cher à la tradition architecturale japonaise. Cette période, dite « des vents », est parfaitement illustrée par la propre habitation de l'architecte, la Hutte d'argent, réalisée en 1984, ou encore par le musée municipal de Ytsushiro réalisé en 1991. Grâce à l'aluminium, il est possible d'utiliser le même matériau pour la construction et les finitions qui alors se confondent. C'est durant cette période que Toyo Ito élabore le concept de la ville comme « jardin des puces électroniques ».

Au cours des années 1990, il commence à s'intéresser au verre et pose ses compositions sur des structures de pilotis disposés de façon aléatoire (caserne de pompiers de Yatsushiro, 1995 ; la Médiathèque de Sendai, 2001). Cette quête de fluidité ne va plus le quitter. Il cherche également à faire de ses constructions des miroirs de la société de consommation, de la ville consumériste et de sa frivolité. Enfin, par ses projets Pao I et Pao II, il s'efforce de promouvoir un habitat transportable, proche de la tente et remettant en cause l'espace domestique traditionnel.

En 2005, Toyo Ito achève les bâtiments de l'hôpital Cognac-Jay à Paris, sa première réalisation française. Il est membre honoraire de l'American Institute of Architects et du Royal Institute of British Architects, deux distinctions majeures[...]

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Écrit par

  • : étudiante-chercheuse à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Elsa COSSON. TOYO ITO (1941- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle

    • Écrit par Joseph ABRAM, Kenneth FRAMPTON, Jacques SAUTEREAU
    • 11 661 mots
    • 17 médias
    Le membre le plus indépendant et le plus brillant de cette école, Toyo Ito, a une approche plus agressive de la mégalopolis ; il la considère comme une antinature irréelle, délirante et vide de sens. La seule chance de donner une signification à ce magma instable, il la voit dans l'insertion subtile...
  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Construire aujourd'hui

    • Écrit par Antoine PICON
    • 6 531 mots
    • 3 médias
    ...concept architectural et ses modalités concrètes de mise en œuvre. Le terminal de Yokohama de Foreign Office Architects ou la médiathèque de Sendai de Toyo Ito sont à cet égard révélateurs. Dans l'un et l'autre cas, l'écart est frappant entre les images fluides et légères des projets popularisées par...
  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Universalis, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    Ainsi, dans un autre genre, ToyoIto (né en 1941), qui fut un délicat agenceur d'espaces blancs au tracé très simple, au langage architectural dépouillé, comme dans sa célèbre maison en U (1976), avant de s'orienter vers l'emploi d'ossatures ténues, de structures métalliques légères, de dômes minces,...

Voir aussi