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SHINOHARA KAZUO (1925-2006)

Shinohara Kazuo est né le 2 avril 1925 à Shizuoka et s'est éteint à Kawasaki le 15 juillet 2006. L'architecture japonaise du xxe siècle a perdu l'un de ses maîtres, figure à part de la première génération d'architectes japonais contemporains d'après guerre, aux côtés d'Isozaki Arata, Maki Fumihiko et Kurokawa Kisho.

Passionné par les mathématiques, Shinohara aborde l'architecture par le biais de l'architecture traditionnelle japonaise dont la géométrie est l'un des principes. La ville impériale de Katsura inspire alors nombre d'architectes japonais tels que Kiyoshi Seike, professeur de Shinohara, qui exploite la tradition japonaise en utilisant toutefois des matériaux modernes favorisant la nécessaire et rapide reconstruction d'après guerre. Shinohara Kazuo sort diplômé de l'institut de technologie de Tōkyō en 1953 et commence à y enseigner dès l'année suivante. Les trente-trois ans d'enseignement du maître ont laissé des traces dans les œuvres d'architectes contemporains majeurs de deuxième génération : Ito Toyo, Hasewaga Itsuko, ou encore Sakamoto Kazunari. Shinohara entame sa carrière d'architecte par la réalisation de résidences particulières de petite dimension et proches de l'architecture traditionnelle japonaise : la maison Parapluie de 1961, au plan carré, ou la maison de Kugayama de 1954 qui illustre une double influence, celle de l'architecture japonaise traditionnelle et celle de l'œuvre de l'architecte moderniste Mies Van der Rohe. En 1966, il réalise la Maison de la Terre, bloc noir dont la chambre à coucher est souterraine, et la Maison en blanc qui évoque une beauté épurée, proche du temple grec.

Au début des années 1970, il abandonne peu à peu les matériaux naturels et la tradition japonaise. Cette transition est visible dans la Maison inachevée de 1970, un cube de béton sans relation avec l'environnement extérieur. Cette seconde période est caractérisée par l'emploi du cube de béton comme structure de base sans pour autant évoquer des créations modernistes, comme celles d'un Le Corbusier. Le cube de béton de Shinohara évoque déjà la machine.

De 1975 à 1980, il élabore le concept de « machine degré zéro », en référence au livre de Barthes, Le Degré zéro de l'écriture, la maison tokyoïte d'alors ayant atteint ce que l'on peut considérer comme le degré zéro du lien avec son environnement. La Maison d'Huehara, construite en 1976 à Tōkyō, représente la sauvagerie de l'espace urbain. Dès lors que le chaos est partie intégrante de la ville, l'architecte japonais doit, selon Kazuo Shinohara, être à même d'exploiter cette proposition de forme.

Shinohara hésite entre les théories métabolistes, qui envisagent la structure architecturale comme un corps composé de cellules, le modernisme et le postmodernisme. Dans son ouvrage Chaos et machine (1988), il expose sa propre synthèse de ces systèmes, qu'il a baptisée Modern Next.

Le chaos croissant de Tōkyō dans les années 1980 va permettre à Shinohara Kazuo de se pencher sur le concept d'anarchie. Il annonce que « le chaos constitue la forme d'existence de la ville d'aujourd'hui ». Dès lors, il n'aura de cesse de prendre en compte l'évolution anarchique et aléatoire de la ville, en faisant même un thème d'expression, comme cela est visible dans l'une des pièces maîtresse de son œuvre, la réalisation du musée du Centenaire de l'institut de technologie de Tōkyō en 1987 (dont il était devenu professeur émérite). Ce bâtiment est qualifié de Gandan par les enfants, et Shinohara ne récuse pas cette référence. Le Gandan est une machine vivante que l'on rencontre dans les dessins animés japonais contemporains.

Dans les dernières années d'exercice, Shinohara Kazuo[...]

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Écrit par

  • : étudiante-chercheuse à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Elsa COSSON. SHINOHARA KAZUO (1925-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HASEGAWA ITSUKO (1941- )

    • Écrit par Elsa COSSON
    • 722 mots

    Hasegawa Itsuko est l'une des rares femmes qui ait su s'imposer dans le milieu essentiellement masculin de l'architecture japonaise d'avant-garde. Elle appartient à la deuxième génération d'architectes contemporains japonais et connaît ses premiers succès, comme l'architecte Ito ...

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Universalis, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    Kazuo Shinohara (1925-2006) appartient au premier courant. Lui qui s'était imposé comme un brillant expérimentateur de dispositifs spatiaux dans ses maisons à thème, dites maison en blanc (1966), maison inachevée (1970), maison à fente répétée (1971) ou maison dans un tournant (1978), est devenu le théoricien...

Voir aussi