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TCHÉKA-GUÉPÉOU-NKVD

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Créée début décembre 1917, la Vétchéka (Vserossiïskaïa Tcherzvytchaïnaïa Kommissia : Commission spéciale panrusse de lutte contre la contre-révolution et le sabotage, plus connue sous le nom de Tchéka) fut confiée à Félix Dzerjinski. Après les assassinats des dirigeants bolcheviques Volodarski et Ouritski, la décision de déclencher la « terreur rouge » est prise dans la seconde moitié de 1918. Dès lors, les secteurs de répression administratifs et militaires de la Tchéka opèrent surtout à proximité des fronts. C'est à cette époque que sont dénoncés les premiers abus dans son fonctionnement et que ses effectifs s'accroissent des éléments les plus divers. À la fin de la guerre civile, la nécessité de réorganiser la Tchéka est proclamée au IXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique ; en temps de paix, le service de sécurité se doit d'être moins expéditif, la charge de juger et de punir doit être transférée aux organes judiciaires, en un mot, il s'agit de limiter les prérogatives de la Tchéka. Le 7 février 1922, elle est remplacée par la Guépéou (Glavnoïe polititcheskoïe oupravlenie : Direction politique principale), rattachée au N.K.V.D. (Narodnyï Kommissariat Vnoutrennykh Diel : Commissariat du peuple aux affaires intérieures), qui n'a pas le droit d'exercer des mesures de répression contre les criminels de droit commun. À la mort de Dzerjinski, qui en avait conservé la direction, c'est son adjoint V. R. Menjinski qui prend la tête de la Guépéou ; mais, en fait, celle-ci est dirigée par son adjoint, Iagoda, dévoué à Staline.

Sous ce dernier, la Guépéou non seulement reprend toutes les prérogatives qui avaient été celles de la Tchéka à l'époque de la guerre civile, mais elle les élargit et augmente considérablement ses effectifs, surtout après les premières purges. Les fonctions de la Guépéou, dissoute en 1934, sont transférées au N.K.V.D., qui devient dès lors un organisme extrêmement ramifié, chargé de surveiller les entreprises, les établissements publics, les organisations du parti : aucun permanent, à quelque échelon que ce soit, ne peut être nommé sans l'assentiment du N.K.V.D. C'est sous sa direction que les purges se poursuivent avec une intensité accrue : procès politiques, arrestations, interrogatoires, déportations, exécutions sans jugement, etc. C'est un des services du N.K.V.D., le Goulag, qui dirige le réseau des camps de concentration. Dès 1937, la torture y est institutionnalisée.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, sous la direction de Beria, le N.K.V.D., qui deviendra en 1946 le M.V.D. (ministère des Affaires intérieures), est doublé d'un autre commissariat du peuple, le N.K.G.B. (Narodnyï kommissariat gosoudarstvennoï bezopastnosti : Commissariat du peuple à la sécurité d'État), précurseur du K.G.B. (Comité de sécurité d'État). Celui-ci est chargé du renseignement, du contre-espionnage et de l'ordre public dans le pays, y compris du maintien de l'ordre politique. Il relève directement du politburo. Ses effectifs ont été estimés à 700 000 agents, auxquels on peut ajouter 6 millions d'« informateurs ». Après sa dissolution en octobre 1991, le K.G.B. a été dispersé en trois services, l'essentiel de ses activités étant reprises par le ministère de l'Intérieur.

— Claudie WEILL

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Écrit par

  • : chercheur à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Claudie WEILL. TCHÉKA-GUÉPÉOU-NKVD [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • BERIA LAVRENTI PAVLOVITCH (1899-1953)

    • Écrit par
    • 276 mots

    Tout-puissant chef de la police soviétique, Lavrenti Pavlovitch Beria a été pendant de longues années le bras droit de Staline. Né en Géorgie dans une famille de paysans, Beria adhère au Parti communiste en 1917 à Bakou, où il obtient son diplôme d'architecte en 1919. En 1921, il entre dans...

  • DZERJINSKI FELIX EDMOUNDOVITCH (1877-1926)

    • Écrit par
    • 530 mots

    C'est parce qu'en décembre 1917 il s'est vu confier par Lénine — convaincu de son intégrité, de sa discipline et de sa foi aveugle dans le parti — une tâche ingrate et lourde de responsabilités : celle de mettre sur pied et de diriger la Commission extraordinaire panrusse de lutte...

  • GOULAG

    • Écrit par
    • 3 867 mots
    • 1 média
    ...« socialement dangereux » en vertu d'une simple mesure administrative. Aux termes de ce décret, le Commissariat du peuple aux affaires intérieures (le N.K.V.D.) devait ouvrir dans chaque province « au moins un camp de chaque type d'une capacité de trois cents places ». En réalité, les distinctions entre...
  • IAGODA GUENRIKH GRIGORIEVITCH (1891-1938)

    • Écrit par
    • 199 mots

    Commissaire du peuple à l'Intérieur de 1934 à 1936, Iagoda est l'un des principaux artisans du déclenchement des grandes purges des années trente. Fils d'artisan, il travaille dans un bureau de statistiques et adhère au P.O.S.D.R. (Parti ouvrier et social-démocrate russe), à Nijni-Novgorod en 1907....

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