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TANYŪ KANŌ (1602-1674)

Artiste comblé par la richesse et la gloire, Kanō Tanyū atteignit les plus hauts sommets auxquels un artiste pouvait prétendre. Son plus grand mérite fut de lier sa fortune à celle des Tokugawa, assurant ainsi la prospérité de son école et son rayonnement pendant près de trois cents ans. Quittant Kyōto pour Edo, il provoqua la scission de l'école en deux branches. Les Kanō d'Edo eurent bientôt le monopole des grands travaux officiels et de la décoration des résidences provinciales des daimyō, étendant ainsi leur renommée dans tout le pays.

Appointé par l'académie shōgunale en 1617, Tanyū put dès sa jeunesse donner toute la mesure de son talent. Il dirigea la décoration des châteaux d'Edo, d'Ōsaka (1623), de Nijō à Kyōto (1626) et de Nagoya (1634), travailla aux mausolées des Tokugawa à Nikkō, Shiba, Ueno, et eut des commandes impériales aussi importantes que le décor du Shishinden (Kyōto). De ses travaux de décorateur, il reste peu de chose, les peintures de Nijō étant les plus représentatives.

Héritier de la tradition décorative Momoyama, il en a bridé l'audace et la verve créatrice au profit d'un style d'une élégante retenue, presque académique, mais plus conforme à l'esprit de son temps. Son œuvre, très abondante, témoigne d'un immense talent qui lui permit d'aborder tous les genres et de s'exprimer dans tous les formats, se montrant également doué dans les techniques du Yamato-e et du Kan-ga que dans le style Kanō. La très forte personnalité artistique de Tanyū éleva, certes, l'école aux plus hautes destinées mondaines, mais elle lui valut des successeurs, au talent plus besogneux que génial, qui jetèrent l'anathème sur tout ce qui s'écartait du style du grand maître. Ainsi l'ombre de Tanyū provoqua-t-elle le rapide naufrage de l'école dans le plus ennuyeux des académismes.

— Chantal KOZYREFF

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Écrit par

  • : conservatrice des collections Japon, Chine et Corée aux Musées royaux d'art et d'histoire, Bruxelles, gestionnaire des musées d'Extrême-Orient

Classification

Pour citer cet article

Chantal KOZYREFF. TANYŪ KANŌ (1602-1674) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - Les arts

    • Écrit par François BERTHIER, François CHASLIN, Universalis, Nicolas FIÉVÉ, Anne GOSSOT, Chantal KOZYREFF, Hervé LE GOFF, Françoise LEVAILLANT, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Shiori NAKAMA, Madeleine PAUL-DAVID
    • 56 170 mots
    • 35 médias
    ...shōgunat et s'établit à Edo. Les premières années de ce nouveau bakufu appartiennent encore du point de vue de l'art à l'époque Momoyama. Tanyū, héritier des Kanō, décorera les châteaux des shōgun ; ses descendants dirigeront leur atelier jusqu'en 1868, tombant peu à peu dans un ...
  • MORIKAGE KUSUMI (fin XVIIe s.)

    • Écrit par Marie MATHELIN
    • 956 mots

    Au début du xviie siècle, lorsque Ieyasu fonda le shōgunat des Tokugawa, il chargea les Kanō de décorer son château de Nagoya, puis fit choix de Tanyū, tout jeune encore, pour peindre les fusuma de sa nouvelle résidence d'Edo. Kanō Tanyū devint ainsi le chef de l'atelier shōgunal et se fit...

Voir aussi