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TAIRA NO KIYOMORI (1118-1181)

Appartenant à une famille dont certains membres sont restés à la cour, investis de charges militaires ou de gouvernements provinciaux, tandis que d'autres se sont installés dans les provinces, souvent en qualité d'officiers domaniaux de statut guerrier, Taira no Kiyomori succède en 1153 à son père. Celui-ci avait rendu des services aux empereurs retirés, et s'était ainsi attiré leur faveur, à une époque où la cour de Kyōto, dont d'ailleurs la supériorité n'est pas contestée, a de plus en plus de peine à se faire obéir des guerriers installés dans les domaines provinciaux. En 1156, des rivalités dans la maison impériale et dans celle des grands chanceliers permettent à Kiyomori, de concert avec Minamoto no Yoshitomo, de se distinguer en faisant triompher le parti de l'empereur Go-Shirakawa ; en 1159, il se débarrasse de son rival Yoshitomo ; il commence alors une carrière très brillante et tout à fait inhabituelle pour un homme de sa naissance puisqu'il est tiers ministre en 1166 et ministre des Affaires suprêmes en 1167. Kiyomori, pour asseoir son autorité, utilise d'une part sa position de chef d'un puissant lignage de guerriers, d'autre part son rang à la cour. Il peuple le conseil des hauts dignitaires de ses proches parents, marie filles et parentes dans la maison impériale et dans celle des grands chanceliers, ce qui lui permet de s'allier aux princes et de devenir leur protecteur, et de disposer ainsi de droits domaniaux nombreux pour récompenser ses fidèles. Il nomme à sa guise les fonctionnaires provinciaux, tendant à considérer ces postes comme des sortes de fiefs attribués à ceux qui le servent bien. Il s'intéresse également au commerce avec la Chine des Song. La cour et notamment l'empereur retiré, Go-Shirakawa, nominalement investi du gouvernement, supportent avec peine son arrogance de parvenu, son dessein de transférer la capitale au bord de la mer, mais la chute des Taira, qui ne sera consommée qu'après sa mort, est due, pense-t-on, au fait qu'il a porté un intérêt trop exclusif à la cour et qu'il a négligé de créer des institutions solides pour contrôler les guerriers provinciaux.

— Francine HÉRAIL

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Écrit par

  • : maître assistant à l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur délégué

Classification

Pour citer cet article

Francine HÉRAIL. TAIRA NO KIYOMORI (1118-1181) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GO-SHIRAKAWA-TENNŌ (1127-1192) empereur du Japon (1155-1158)

    • Écrit par Universalis
    • 342 mots

    Empereur du Japon (1155-1158), né le 18 octobre 1127 à Kyōto, mort le 26 avril 1192 à Kyōto.

    Go-Shirakawa-tennō, ou Go-Shirikawa (tennō signifie empereur), dont le nom personnel est Masahito, accède au trône en 1155, lorsque son frère l'empereur Konoe (1139-1155, règne 1142-1155) meurt. Un an...

  • HEIJI MONOGATARI

    • Écrit par René SIEFFERT
    • 493 mots

    Second volet de la trilogie des chroniques épiques du Japon (Hōgen monogatari, Heiji monogatari, Heike monogatari), le Heiji monogatari, anonyme lui aussi, est, comme le Hōgen monogatari, divisé en trois livres, et les parentés de structures sont si voisines entre ces deux ouvrages que l'on...

  • HEIKE MONOGATARI

    • Écrit par René SIEFFERT
    • 1 586 mots
    ...conserve une étonnante unité de ton et de composition. Les six premiers livres décrivent en effet la grandeur des Taira, laquelle atteignit son apogée avec Kiyomori. L'orgueil et la démesure de celui-ci cependant contenaient en germe les conditions de leur chute, prévue et prédite par le vertueux fils de...
  • HEIKE MONOGATARI (anonyme) - Fiche de lecture

    • Écrit par Florence BRAUNSTEIN
    • 846 mots
    Le Heike Monogatari relate l'ascension et la chute de la maison des Taira. Jusqu'alors dominée par le clan Fujiwara, qui abusait du pouvoir et multipliait à son seul profit les emplois et sinécures, la vie politique bascule au profit des Taira avec Taira No Kiyomori, favori impérial, au début...

Voir aussi