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SIMÉON BAR GIORA ou BAR GHIORA (Ier s.)

Chef militaire des Juifs dans la guerre contre les Romains (66-70). Probablement fils d'un prosélyte, ce qui explique son surnom de Bar Giora (en araméen, fils de prosélyte), Siméon était originaire de la cité hellénistique de Gerasa en Transjordanie. On ne connaît sa carrière que par Flavius Josèphe (Guerre des Juifs), qui le dépeint comme un redoutable brigand, et par une mention de Tacite (Histoires, V).

À la tête d'une troupe de résistants, il met en déroute l'armée romaine conduite par le gouverneur de Syrie, Cestius Gallus, à Beth-Horon (66). C'est le signal de l'installation d'un gouvernement indépendant à Jérusalem. Trois années durant, Siméon bar Giora accroît le nombre de ses partisans (qui auraient compté quelque 20 000 fantassins ainsi que 40 000 supplétifs) et lance des opérations contre les collaborateurs des Romains. Désavoué par le gouvernement modéré de Jérusalem, il se réfugie chez les sicaires d'Éléazar ben Jaïr dans la forteresse de Massada, avant de reprendre ses coups de main dans le sud de la Palestine. Il occupe l'Idumée et Hébron, mais échoue devant Jérusalem. La garnison zélote capture sa femme. Celle-ci lui est bientôt rendue, car il fait régner la terreur aux alentours de la capitale.

Le prestige considérable de Siméon bar Giora (certains partisans lui obéissant « comme à un roi ») s'expliquerait par des prétentions messianiques. À Jérusalem, contrôlée par le groupe de Jean de Giscala, la faction sacerdotale et le grand prêtre Matthias font appel à Siméon bar Giora et lui ouvrent les portes de la cité en avril 69. Quoique apparemment reconnu comme chef suprême par la population et les notables, Siméon bar Giora doit combattre Jean de Giscala et les siens jusqu'à l'arrivée des forces de Titus. Un arrangement intervient alors et, quoique Josèphe ne le dise pas expressément, Siméon commande seul les combats contre les Romains. Il prend les mesures les plus sévères contre les modérés et fait condamner à mort Matthias, ainsi que son lieutenant Juda ben Juda, suspect de trahison.

Dans la ville assiégée, la famine fait des ravages. Siméon lance plusieurs sorties contre les Romains, détruit les engins de siège de Titus, renverse les échelles qui, couvertes de fantassins romains, sont adossées aux murailles. En dépit de la défense désespérée des Juifs, le Temple, dernière forteresse de Jérusalem, tombe aux mains de l'ennemi, qui le livre à l'incendie. Siméon bar Giora s'enfuit dans une galerie souterraine partant de la ville haute, avec des compagnons et des scieurs de pierre qui dégagent les roches au fur et à mesure de la progression. Leurs vivres épuisés, ils remontent à la surface. Siméon apparaît devant les Romains, vêtu d'une tunique blanche et d'un manteau de pourpre. D'abord effrayés, les Romains se ressaisissent et enchaînent Siméon.

Titus le fait garder pour son triomphe. Lorsque le cortège triomphal atteint le temple de Jupiter Capitolin, « comme c'était un usage ancien et traditionnel d'attendre qu'on annonçât la mort du général ennemi », Siméon bar Giora est étranglé dans la prison Mamertine ; c'est le signal du début des festivités offertes à la population de Rome.

— Gérard NAHON

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Écrit par

  • : directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Gérard NAHON. SIMÉON BAR GIORA ou BAR GHIORA (Ier s.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JEAN DE GISCALA (Ier s.)

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 460 mots

    Un des chefs de la guerre des Juifs contre les Romains (66-70). Son action n'est connue que par ce qu'en relate son adversaire Flavius Josèphe dans La Guerre des Juifs et dans l'Autobiographie.

    Natif de Giscala en Galilée (aujourd'hui al-Jish), Jean est d'abord partisan de la soumission...

  • JUDAÏSME - Histoire des Hébreux

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 11 045 mots
    • 4 médias
    ...monnaies à la devise « An I de la Liberté ». Un gouvernement à majorité pharisienne est installé à Jérusalem, vite contesté toutefois par les extrémistes Siméon bar Giora et Jean de Giscala qui s'emparent du pouvoir. Néron envoie alors en Orient Vespasien avec la Ve et la Xe légion. Une reconquête...

Voir aussi