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SEXTUS EMPIRICUS (2e moitié IIe-déb. IIIe s.)

Du philosophe sceptique grec Sextus Empiricus on possède trois grandes œuvres : les Hypotyposes pyrrhoniennes en six livres ; le traité Contre les professeurs (Adversus mathematicos) en trois livres (contre les grammairiens, contre les rhéteurs, contre les géomètres, contre les arithméticiens, contre les astrologues, contre les musiciens) ; le traité Contre les dogmatiques en cinq livres (contre les logiciens, contre les physiciens et contre les moralistes). Ces ouvrages constituent essentiellement une réfutation des philosophes dogmatiques, c'est-à-dire des stoïciens et, dans cette perspective, représentent une mine précieuse de documents (à utiliser d'ailleurs de manière critique) concernant la philosophie antique, tout spécialement le stoïcisme. Mais ils contiennent aussi d'intéressants exposés de la doctrine sceptique elle-même. Celle-ci consiste à atteindre la suspension du jugement (épochê) et la quiétude de l'âme (ataraxia), en acceptant les représentations sensibles (phantasiai) telles qu'elles sont, sans rien affirmer sur l'essence de la représentation. Sextus souligne notamment la liaison qui existe entre l'école de médecins appelée « méthodisme » et le scepticisme. Le méthodisme s'en tient aux maladies telles qu'elles se présentent, sans se prononcer sur leurs causes cachées : les phénomènes pathologiques fournissent par eux-mêmes des indices suffisants pour le choix de tel ou tel remède. Sextus Empiricus rapporte les dix modes selon lesquels, d'après le sceptique Enésidème, on pouvait réaliser la suspension du jugement. Cet ensemble d'arguments fut exploité par le courant sceptique moderne, de Montaigne à Bayle.

— Pierre HADOT

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Pour citer cet article

Pierre HADOT. SEXTUS EMPIRICUS (2e moitié IIe-déb. IIIe s.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SCEPTICISME

    • Écrit par Jean-Paul DUMONT
    • 7 745 mots
    ...plus marquante est celle d'Agrippa, de la carrière duquel on ne connaît rien, sinon les cinq arguments que lui attribue Diogène Laërce. Vient ensuite Sextus Empiricus, le grand historien du scepticisme, dont on ne sait pas non plus quand et où il a vécu (entre le début du iie s. et la seconde moitié...

Voir aussi