SAN FRANCISCO

Le plan

Le premier plan, établi en 1839 à la demande des autorités mexicaines par un géomètre suisse, se présente comme une juxtaposition de deux grilles situées de part et d'autre de l'actuelle Market Street. Contrairement à New York, le principe du plan en damier est ici antérieur à la phase d'« américanisation ».

San Francisco se situe au deuxième rang des villes américaines pour la densité juste après New York. Si ce développement s'explique par l'urbanisation précoce et la culture urbaine héritée de l'époque du presidio – qui privilégie aussi les espaces publics –, il rend compte d’une volonté politique de doter la ville d'un urbanisme issu de l'expérience européenne. Les élites ont choisi de l’inscrire dans le courant urbanistique et architectural de la fin du xix^e siècle, The City Beautiful Movement, symbolisé par la ville de Chicago et fortement inspiré par l'école des Beaux-Arts de Paris. San Francisco se dota ainsi de beaux bâtiments publics et les mit en perspective par de larges avenues.

La ville a accueilli, dès les années 1880, de brillants architectes, comme Daniel H. Burnham et Arthur Page Brown. Ce dernier réalisa en 1891-1892 le Crocker Building, l'immeuble de la ville le plus haut à l'époque (onze étages) et le premier porté par une structure d'acier – ce bâtiment résista au tremblement de terre de 1906, mais fut démoli en 1966 en raison de la spéculation foncière. Le propriétaire du quotidien Chronicle fit appel au cabinet Burnham et Root de Chicago pour construire un siège social à l'allure de gratte-ciel (1890), tandis que le sénateur Leland Stanford invitait le paysagiste Frederick Law Olmsted – connu pour sa réalisation de Central Park à New York – afin qu’il dessine le plan de l'université à Palo Alto (comté de Santa Clara).

Quant au plan de San Francisco dessiné par Burnham dans les années 1890, il ne fut pas adopté (car il exigeait d'importantes expropriations), mais il permit à la ville de guider ses choix après le tremblement de terre et l'incendie de 1906.

La construction de tours et de gratte-ciel, qui connut une certaine effervescence au début du xx^e siècle, s'interrompit au moment de la « grande dépression » puis pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de reprendre dans les années 1960. Mais, à partir des années 1980, les habitants de San Francisco ont voulu freiner la dynamique du secteur immobilier et le downtown plan limita sérieusement la hauteur et le gabarit des nouveaux bâtiments, notamment dans le Financial District. En 1986, les habitants de San Francisco ont opté pour une politique de stabilisation de la croissance, le slow growthmovement, qui a tenté de freiner la construction de planchers de bureaux. San Francisco fut une des rares villes américaines, avec Boston et Santa Monica, à adopter, à cette époque, le principe du développement mixte intégrant commerces, bureaux et logements (linkage programs).

Les transports

San Francisco se dota dès 1873 de nouveaux modes de transport comme le cable car (tramway à crémaillère) dont le réseau comprenait huit lignes – sérieusement endommagées au cours du tremblement de terre de 1906. La mairie tenta progressivement de les remplacer par les trolleys et les autobus, mais ne réussit à maintenir que trois lignes. En 1937, le projet d'un pont enjambant la Porte d'or (Golden Gate) et reliant la ville de San Francisco et le comté[...]