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SAINT-MORITZ (JEUX OLYMPIQUES DE) [1948] Contexte, organisation, bilan

Le C.I.O., sourd aux grondements du monde, avait choisi le 9 juin 1939 les villes d'accueil des jeux Olympiques de 1944, Cortina d'Ampezzo ayant été préférée à Montréal et Oslo en ce qui concerne les Jeux d'hiver. Bien sûr, la Seconde Guerre mondiale a tout balayé. Le conflit terminé, le mouvement olympique souhaite rapidement voir renaître les Jeux et le C.I.O. tient session en juin 1946. Il est décidé que, pour redonner au rendez-vous sa quadriennalité, les prochains jeux Olympiques se dérouleront en 1948. En ce qui concerne l'édition hivernale, seule Saint-Moritz – forte de l'expérience de 1928 et dotée de toutes les infrastructures nécessaires – se porte candidate. Les Jeux d'hiver sont donc de retour dans la station des Grisons.

Pour ces « Jeux de la paix » auxquels ne sont conviés ni l'Allemagne ni le Japon, six cent soixante-neuf sportifs et sportives, représentant vingt-huit pays, participent à vingt-deux épreuves (contre dix-sept en 1936). Mais la « paix » ne règne pas dans tous les sports, et, une nouvelle fois, la notion de « professionnalisme » se trouve au cœur d'une importante polémique. Le C.I.O. s'attaque cette fois au hockey sur glace nord-américain. Dès 1946, le Comité sermonne les fédérations d'Amérique du Nord, accusées de mercantilisme ; il menace même de rayer le hockey sur glace du programme olympique si rien ne bouge. Et, de 1946 à 1948, rien ne bouge, mais tout se calme... Or, à la surprise des organisateurs, deux équipes des États-Unis se rendent en Suisse et prétendent participer aux Jeux. La formation de l'Amateur Athletic Union s'est déplacée avec la bénédiction du Comité olympique américain, mais l'équipe présentée par l'Amateur Hockey Association of United States est de son côté reconnue par la Ligue internationale de hockey sur glace. Devant cet imbroglio, le C.I.O. envisage d'annuler le tournoi de hockey sur glace. Mais les organisateurs se refusent à envisager une telle extrémité, et les joueurs présentés par l'Amateur Hockey Association of United States sont autorisés à participer aux Jeux. Quatrièmes du tournoi, les États-Unis seront rétroactivement disqualifiés ; cet épisode fera un moment craindre pour la pérennité des Jeux d'hiver.

Le skeleton – sport symbole de Saint-Moritz – est, comme en 1928, au programme. En outre, le pentathlon d'hiver (course de ski de fond, tir au pistolet, descente, escrime, équitation) est sport de démonstration. Mais le réel événement de ces Jeux est l'importance donnée au ski alpin, sur l'insistance d'Arnold Lunn. Désormais, en plus du combiné, la descente et le slalom font l'objet d'un classement spécifique et donnent pleinement droit à des médailles. Ainsi, le Français Henri Oreiller, vainqueur de la descente et du combiné, est l'une des vedettes de cette édition. De vedettes, ces Jeux manquent cruellement, aucun champion ne multipliant les victoires, même si le patineur américain Dick Button fait preuve d'un grand talent artistique.

Le bilan des nations est dominé par les Scandinaves, la Norvège et la Suède obtenant le même nombre de récompenses : quatre médailles d'or, trois médailles d'argent et trois médailles de bronze, soit dix médailles au total. À domicile, les Suisses réalisent une jolie performance (trois médailles d'or, quatre médailles d'argent, trois médailles de bronze, soit dix médailles au total également), ses représentants se distinguant en bobsleigh et en ski alpin. Quant à la France, elle apparaît pour la première fois en bonne position : elle est cinquième (deux médailles d'or, une médaille d'argent, deux médailles de bronze, soit cinq médailles au total) : elle doit toutes ses récompenses au ski alpin.

— Pierre LAGRUE

Bibliographie

P. Lagrue, [...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. SAINT-MORITZ (JEUX OLYMPIQUES DE) [1948] - Contexte, organisation, bilan [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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