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SAINT-MAXIMIN-DU-VAR

À l'origine de ce magnifique couvent se trouve un pèlerinage célèbre. D'après la légende, trois disciples du Christ, Madeleine, Marthe et leur frère Lazare, auraient débarqué en Provence : Lazare devint le premier évêque de Marseille, Marthe purgea de la Tarasque les bords du Rhône et Madeleine vécut une vie de solitaire dans la Sainte-Baume. Après la mort de Madeleine, Maximin, l'un des soixante-douze disciples du Christ, qui évangélisait la région d'Aix, l'aurait enterrée dans une crypte et serait venu reposer auprès d'elle.

En 1279, Charles d'Anjou, prince de Salerne, fit déblayer le caveau et retrouva les reliques. Devenu comte de Provence et roi de Sicile, le prince angevin fit construire à cet endroit un couvent dominicain prévu pour cent frères. L'architecte en fut Jean Baudy.

L'église est une vaste chapelle entièrement voûtée d'ogives. La nef de neuf travées, à éclairage direct, s'accompagne de bas-côtés et de chapelles latérales logées entre les contreforts. L'abside polygonale est cantonnée de deux absidioles plantées obliquement, comme dans quelques églises de l'Île-de-France et de Champagne. Entre 1295 et 1316, on construisit le chevet et les cinq dernières travées. Les travaux, ensuite interrompus, ne reprirent que près d'un siècle plus tard. Ils ne devaient être complètement achevés qu'en 1532.

Le cloître fut bâti au xve siècle dans un style sobre, mais le couvent, plus ancien, est l'œuvre du prieur Jean Gobi (1304-1328), à l'exception de l'aile occidentale, reconstruite vers 1875, en même temps que la galerie correspondante du cloître, grâce aux efforts déployés antérieurement par Lacordaire pour compléter l'édifice.

Le mobilier de l'église de Saint-Maximin est d'une exceptionnelle importance. Dans la crypte, ayant pour origine un mausolée paléochrétien, sont fixées contre les parois quatre importantes dalles de marbre datant du ve siècle environ, où sont gravés : La Vierge enfant, servante du Temple ; Le Sacrifice d'Abraham ; Daniel entre les lions ; enfin une Orante mutilée. Les côtés sont occupés par quatre sarcophages en marbre blanc du ive siècle, exécutés vraisemblablement par l'école d'Arles.

Dans l'absidiole nord de l'église, on conserve le retable de la Passion du Christ du Flamand Antoine Ronzen (1520). Il fut commandé par le financier Jacques de Beaune, seigneur de Semblançay, qui fut le banquier de Louis XII et de François Ier.

Le maître-autel, rare ensemble du xviie siècle, est couronné d'une gloire en plâtre doré, réalisée en 1644 par Lieutaud, sculpteur à La Ciotat. L'urne, qui porte des ornements d'Alessandro Algardi (l'Algarde), fut ramenée de Rome pour recevoir les ossements de Madeleine.

Le chœur des religieux forme une petite église à l'intérieur de la grande. Les stalles, dont le dos est orné de beaux médaillons avec thèmes dominicains, ont été sculptées entre 1683 et 1692 sous la direction de Vincent Funel, menuisier-sculpteur, frère convers du couvent. La chaire est due à un autre convers dominicain, Louis Gudet. L'orgue fut exécuté en 1772-1775 par un des plus habiles facteurs du temps, le frère Jean-Esprit Isnard, convers du couvent dominicain de Tarascon. C'est un des plus remarquables représentants du style baroque français de la fin du xviiie siècle. En 1991 s'est achevée sa restauration, effectuée par Yves Cabourdin et son équipe de la Manufacture provençale d'orgues.

Dans une chapelle se trouve la chape de saint Louis d'Anjou, décorée de trente médaillons circulaires avec scènes de la vie du Christ et de la Vierge. Elle est caractéristique de l'opus anglicanum (broderie) du xiiie siècle.

Depuis le départ récent des dominicains, Saint-Maximin est devenu un centre de rencontres (Collège[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Marcel DURLIAT. SAINT-MAXIMIN-DU-VAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ORGUE

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 9 721 mots
    • 14 médias
    Un siècle après, voici Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (tabl. 7), dont le facteur, Jean Esprit Isnard, est un organier au talent comparable à celui des Clicquot, des Thierry, des Lépine, des Eustache, des de Joyeuse, des Moucherel... (la restauration de cet instrument s'est achevée en septembre 1991)....

Voir aussi