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FREY ROGER (1913-1997)

De père alsacien et de mère normande, Roger Frey est né le 11 juin 1913 à Nouméa. Ce caldoche fera d'ailleurs ses débuts professionnels en Nouvelle-Calédonie, où il dirige les affaires familiales. Comme pour tant d'autres gaullistes, la guerre – et la Résistance – marquera un tournant dans sa vie. Il s'engage dès 1940 dans le bataillon des Forces françaises libres du Pacifique, se retrouve chargé de mission auprès du général Mac Arthur, puis attaché à l'état-major de De Gaulle, participe aux campagnes d'Allemagne et d'Autriche. En 1945, il effectue une discrète mission auprès de Mao Zedong et Zhou Enlai, alors dans le maquis.

Gaulliste il était, gaulliste il restera. Il suit le fondateur de la France libre dans l'aventure du R.P.F., dont il devient en 1951 le trésorier. Lorsque le R.P.F. est mis en sommeil par son chef, il assure le secrétariat général du Centre national des républicains sociaux, c'est-à-dire des quelques gaullistes qui sont restés fidèles pendant la traversée du désert. C'est à ce titre qu'il participe au retour du général de Gaulle et devient, très logiquement, le premier secrétaire général de l'U.N.R. en 1958.

Il occupe cette fonction durant peu de temps, car Michel Debré le fait entrer l'année suivante dans son gouvernement, comme ministre de l'Information. C'est le début d'une longue carrière ministérielle, ininterrompue pendant treize ans. À tel point que, élu député (du XIIe arrondissement de Paris) de 1962 à 1974, il ne siégera qu'une petite année à l'Assemblée nationale (1973-1974). Ce sera pour prendre la présidence du groupe U.D.R.

Roger Frey aura surtout marqué par son passage au ministère de l'Intérieur. C'est en avril 1961, en plein putsch des généraux d'Alger, qu'il arrive place Beauvau, pour remplacer au pied levé Pierre Chatenet, malade. Il prépare la résistance à une éventuelle opération parachutiste sur Paris. Il devra très vite affronter les épisodes les plus controversés du gaullisme : la répression de la manifestation organisée dans la capitale par le F.L.N. le 17 octobre 1961, à l'issue de laquelle de nombreux Algériens périrent noyés, celle de la manifestation anti-O.A.S. du 8 février 1962, qui provoqua la mort de plusieurs personnes contre les grilles du métro Charonne, mais aussi, en 1965, l'enlèvement de l'opposant marocain Medhi Ben Barka en plein Paris. Il gagne néanmoins la confiance de Georges Pompidou qui en fait, en 1967, son ministre des Relations avec le Parlement, alors que la majorité n'a plus qu'un siège d'avance. Son parcours ministériel s'achève aux Réformes administratives (1971-1972).

En 1974, deux mois avant sa mort, Georges Pompidou nomme Roger Frey président du Conseil constitutionnel. C'est pendant son mandat que la saisine est élargie aux parlementaires, et surtout que la Ve République connaît sa première alternance. Chacun s'attendait, après 1981, à un affrontement entre une instance, alors largement dominée par des personnalités issues de la droite, et une gauche qui s'était promis d'en finir avec cette création du gaullisme. Il y eut un incident : lorsque le Conseil annula la première loi de nationalisation, les socialistes accusèrent son président d'avoir protégé « des intérêts personnels ». François Mitterrand défendit alors publiquement l'honneur de Roger Frey.

Très vite, le Conseil constitutionnel est reconnu par tous comme une instance de régulation impartiale, dont les décisions font autorité. Depuis sa retraite, en 1983, Roger Frey ne faisait plus guère parler de lui ; l'ancien baron du gaullisme préparait des Mémoires, qui resteront inachevés. Il était grand officier de la Légion d'honneur et de l'ordre national du mérite, croix de guerre et médaillé de la France libre.[...]

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Écrit par

  • : journaliste éditorialiste à Sud Ouest

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Pour citer cet article

Bruno DIVE. FREY ROGER (1913-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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