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BURLE MARX ROBERTO (1909-1994)

Né en 1909 à São Paulo, Roberto Burle Marx appartient à la famille des touche-à-tout de génie. La peinture, l'architecture, la sculpture, l'art du jardin auxquels il s'adonne font en effet de lui beaucoup plus qu'un simple paysagiste. Car, si la nature est son matériau préféré, le paysage qu'il défend est celui d'une modernité jaillie dès les années 1930 au Brésil, terre propice aux théories et aux projets, et accueillante à de savoureux mélanges de botanique et de création contemporaine. Chez Burle Marx la composition végétale est indissociable de l'ordonnancement des rochers et des murets. On ne peut pas évoquer le nom de Burle Marx sans l'associer à deux grandes figures brésiliennes à qui il restera fidèle : l'urbaniste Lucio Costa et l'architecte Oscar Niemeyer, les auteurs de la nouvelle capitale, Brasilia, le grand projet du président Kubitschek.

Roberto Burle Marx signe sa première œuvre en 1932, un jardin pour la maison Schwartz à Rio de Janeiro, un projet signé Lucio Costa et Gregori Warchavchik, puis il est engagé comme directeur au service des parcs et jardins de Recife, poste qui lui permet de mener ses propres expériences. Pour lui, un parc doit être un échantillon du paysage national, reflétant sa diversité et sa luxuriance. Il quitta ce poste en 1937 pour regagner Rio, appelé à travailler (à nouveau pour Lucio Costa) sur les abords du ministère de l'Éducation. Puis, accompagnant l'avant-garde brésilienne, il poursuit son travail sur la forme et la couleur sur des sites devenus de véritables références – à Belo Horizonte, par exemple, où Oscar Niemeyer qui réalise l'un de ses chefs-d'œuvre sur le site de Pampulha, l'église Saint-François d'Assise, fait appel au paysagiste pour dessiner le parc destiné à accompagner un ensemble bâti autour d'un lac artificiel. Le parc de Pampulha sera le véritable point de départ de la carrière de Roberto Burle Marx : il est invité à intervenir sur nombre de projets importants, autant d'occasions pour lui de mettre en pratique sa vision personnelle du paysagisme moderne. Sa façon de préparer de savoureux cocktails de sculpture et de végétation tropicale est ainsi reconnue dans toute l'Amérique latine, jusqu'au Venezuela où il étudie de nombreux projets comme le plan général du parc de l'Est à Caracas. Au début des années 1950, alors qu'il monte son propre laboratoire de recherches, Burle Marx signe une série de jardins exceptionnels, à Petropolis puis à Olivo Gomes par exemple ; des créations qui prouvent sa maîtrise de l'art du jardin (avec un subtil sens de la limite visuelle) et sa profonde connaissance de la flore brésilienne.

Mais c'est entre Brasilia et Rio que son travail sur l'espace public se partage essentiellement. Pour la nouvelle capitale brésilienne il dessine des jardins à l'intérieur du palais d'Itamarati et réalise l'immense esplanade de l'Eixo monumental. Il peut ainsi mener à bien un projet qui lui est cher : celui d'un jardin didactique dont on peut trouver l'origine dans un jardin d'Araxà conçu en 1944, mais resté dans les cartons. À Brasilia, capitale bâtie ex nihilo, il se fait militant et dessine, en plein cœur de la capitale administrative, un « projet-manifeste » sur le thème de la nature menacée. Reprenant son idée d'échantillon du paysage national, Burle Marx imagine ainsi un parcours constitué de tableaux écologiques où le parc paysager prend le pas sur le jardin public. À Rio, Burle Marx signe deux ensembles majeurs : le parc d'Atero et une intervention tout en mosaïque et jeu de courbes, sur l'avenue de l'Atlantique à Copacabana. Il meurt à Rio de Janeiro en 1994 à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.

— Francis RAMBERT

Bibliographie

Dans les jardins de[...]

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Écrit par

  • : journaliste, critique d'architecture, rédacteur en chef de la revue D'architectures

Classification

Pour citer cet article

Francis RAMBERT. BURLE MARX ROBERTO (1909-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JARDINS - De la révolution industrielle à nos jours

    • Écrit par Hervé BRUNON, Monique MOSSER
    • 5 661 mots
    • 3 médias
    ...jardin de l'U.N.E.S.C.O. à Paris (1956-1958), déploie les formes dans l'espace et cherche à enrichir la vie quotidienne par l'art. Le Brésilien Roberto Burle Marx met à profit son éducation aux Beaux-Arts pour concevoir des compositions fluides, qui font souvent écho à la peinture abstraite ; il n'aura...

Voir aussi