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AUMANN ROBERT YIRAËL (1930- )

Économiste et mathématicien de nationalité américaine et israëlienne, Prix Nobel d'économie en 2005, conjointement à l'Américain Thomas Schelling, pour avoir « amélioré [notre] compréhension des conflits et de la coopération au moyen de la théorie des jeux ».

Robert John Auman est né le 8 juin 1930 à Francfort-sur-le-Main (Allemagne). Ses parents ont fui le nazisme en 1938. Ils s'installent à New York et attendront que soit créé l'État d'Israël pour quitter les États-Unis et embrasser la cause sioniste. Entre-temps, leur fils Yiraël, ainsi prénommé lors de sa circoncision, poursuit ses études secondaires dans une école talmudique. Il obtient en 1950 un bachelor of science et hésite entre une formation plus poussée aux études juives et sa passion naissante pour les mathématiques. Finalement, c'est à l'université du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) qu'il commence ses études supérieures, obtient une maîtrise de mathématiques en 1952 et un doctorat en 1955 sur un sujet de mathématiques pures, la « théorie des nœuds ». Au M.I.T., il rencontre John Nash (futur Prix Nobel d'économie en 1994, conjointement à John Harsanyi et Reinhard Zelten, pour leurs travaux sur les jeux non coopératifs) et découvre les raffinements de la théorie des jeux et de ses schémas de raisonnement, qu'il va pouvoir appliquer aux problèmes de stratégie militaire posés par la guerre froide. En 1956, il se fixe en Israël et commence sa carrière académique à l'université hébraïque de Jérusalem tout en poursuivant ses travaux sur des programmes de recherche opérationnelle destinés à la défense nationale américaine, d'abord à Princeton (1960-1961), puis à Yale (1964-1965). Il enseigne également dans quelques universités prestigieuses telles que Berkeley et Stanford. Son prix Nobel a suscité une polémique. Religieux orthodoxe, Robert Aumann est en effet membre d'un groupe de pression (Professors for a Strong Israël) qui s'est opposé à la création d'un État palestinien et dont les positions se situent à l'extrême droite de l'échiquier politique

Robert Aumann travaille d'abord sur les bases conceptuelles établies par Thomas Schelling, un chercheur américain spécialisé dans les questions de politique étrangère et de sécurité nationale qu'il a croisé, au début des années 1960, dans les locaux d'un comité d'experts réputé proche du Pentagone, la Rand Corporation. Les recherches de Schelling étant souvent qualifiées d'« intuitives », Aumann commence par les modéliser dans des termes purement mathématiques et devient rapidement l'un des fondateurs de la théorie des décisions interactives. Il retient l'idée qu'il est possible d'atteindre un équilibre (entre pays dans le cadre d'une négociation ou d'un conflit, entre firmes sur un marché, etc.) à la suite d'un processus de modifications successives des anticipations des agents. En situation de face à face, ces agents acquièrent une expérience qu'ils peuvent utiliser pour rationaliser leurs comportements lors de leur rencontre suivante. Ils développent ainsi, les uns envers les autres, un système de croyances communes à partir desquelles ils finiront par arrêter une décision rationnelle. Cette observation conduit Robert Aumann à formaliser la notion de « connaissance commune », supposée guider les joueurs dans leurs décisions. Le concept aura des implications importantes, par exemple dans les théories de l'arbitrage en finance (ou comment choisir un placement financier).

Délaissant ce qu'il appelle « l'ancienne théorie des jeux », celle dont la paternité revient au mathématicien John von Neumann et à l'économiste Oskar Morgenstern avec leur ouvrage de 1944 (Theory of Games and Economic Behavior), Robert Aumann[...]

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Pour citer cet article

Françoise PICHON-MAMÈRE. AUMANN ROBERT YIRAËL (1930- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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