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GALLEY ROBERT (1921-2012)

Robert Galley, 1998 - crédits : Alain Nogues/ Sygma/ Getty Images

Robert Galley, 1998

Treize années de charges ministérielles, un fauteuil de maire occupé durant vingt-trois ans à Troyes, des mandats de parlementaire dans l'Aube pendant trente-quatre ans font de Robert Galley un homme politique marquant de la Ve République. Mais ce Français libre, nommé Compagnon de la Libération à vingt-quatre ans en 1945, a été aussi ingénieur et son rôle dans le développement de la filière nucléaire française participe des faits marquants de la vie de cette grande figure du gaullisme.

Né à Paris le 11 janvier 1921, ce fils de médecin quitte la France le 21 juin 1940, déguisé en soldat polonais. Engagé dans les Forces françaises libres à compter du 1er juillet, il participe à une expédition d'une vingtaine de navires britanniques et français qui échoue devant Dakar. Il connaît ses premiers succès au Gabon et en Syrie ; aspirant de l'arme blindée en novembre 1941, chef de section de chars, il se bat à El Alamein en juillet 1942 dans une colonne volante rattachée ensuite à la 2e division blindée du général Leclerc. Dans le 501e régiment de chars de combat, il débarque en Normandie début août 1944 et prend part à toutes les batailles, de l'Orne à Paris, de l'Alsace au nid d'aigle d'Hitler à Berchtesgaden. Après ses études à l'École centrale des arts et manufactures et à l'École nationale supérieure du pétrole et des moteurs, quatre années passées au Maroc dans la Société chérifienne des pétroles précèdent son entrée au Commissariat à l'énergie atomique en 1955. Il gère alors les chantiers de l'usine de Marcoule (Gard), où l'on extrait le plutonium, puis de Pierrelatte (Drôme), d'où sort, en mars 1967, la première livraison d'uranium enrichi. Aux côtés de Georges Besse et de Claude Fréjacques, il est l'un des pères de la filière nucléaire française. Il n'aura donc pas d'état d'âme quand, ministre des Armées, il mettra à la retraite d'office son compagnon de l'ordre de la Libération, le général de Bollardière, pour avoir « manqué à ses obligations de réserve » en participant à une action de protestation au large de l'atoll de Mururoa avant qu'un essai de bombe atomique y soit déclenché.

Délégué à l'informatique auprès du Premier ministre en 1966, il entre en politique après les événements de Mai-68. Député ou sénateur de l'Aube de 1968 à 2002, il est surtout ministre, tour à tour chargé de l'Équipement et du Logement (1968), de la Recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales (1968-1969), des Postes et Télécommunications (1969-1972), des Transports (1972-1973), des Armées (1973-1974), de l'Équipement (1974-1976), de la Coopération (1976-1981), augmentée de la Défense à partir de 1980. Au sein du Rassemblement pour la République (R.P.R.) fondé par Jacques Chirac, ce gendre du maréchal Leclerc – dont il a épousé la fille Jeanne en 1960 – incarne le gaullisme. Ayant accepté d'exercer, de 1984 à 1990, la fonction exposée de trésorier du parti, il fut condamné avec sursis, en 2004, dans le dossier des emplois fictifs du R.P.R. Président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques à partir de 1996, Robert Galley a réussi à transmettre son fief politique à un jeune chiraquien, membre du conseil national du R.P.R. depuis 1993, François Baroin, devenu maire de Troyes en 1995, à trente ans.

À sa mort, le 8 juin 2012, l'U.M.P. a naturellement salué « un grand résistant, un grand gaulliste et un grand serviteur de l'État ». Le communiqué du président de la République a fait part de sa tristesse et a salué en Robert Galley un héros de la Résistance qui « avait le sens de l'intérêt général et était animé par la passion de la République ».

— Charles-Louis FOULON[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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Pour citer cet article

Charles-Louis FOULON. GALLEY ROBERT (1921-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Robert Galley, 1998 - crédits : Alain Nogues/ Sygma/ Getty Images

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