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FRÉJACQUES CLAUDE (1924-1994)

Physicien français, né le 1er août 1924 à Paris et mort le 7 juin 1994 dans la même ville. En cinq décennies, la France est devenue l'une des premières puissances nucléaires du monde. Beaucoup d'efforts très divers ont été nécessaires pour cela. Parmi ceux-ci, la mise au point du procédé de séparation des isotopes de l'uranium, d'abord dans l'usine de Pierrelatte, puis dans celle du Tricastin, a été un passage obligé et difficile à franchir pour arriver à l'indépendance nucléaire. C'est aux aspects scientifiques de la séparation des isotopes de l'uranium que le nom de Claude Fréjacques est surtout lié.

L'essentiel de la carrière de Fréjacques, polytechnicien (X 43) et ingénieur des poudres, s'est déroulé au Commissariat à l'énergie atomique (C.E.A.) de 1956 à 1980. Ensuite, il quitta le C.E.A. pour la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (D.G.R.S.T.), de 1980 à 1982, puis il devint président du C.N.R.S. de 1982 à sa retraite, en 1989. Entre-temps, il est entré à l'Académie des sciences en 1979, dont il devint vice-président en 1992.

À la Seconde Guerre mondiale, le Service des poudres participe aux réflexions sur les objectifs scientifiques des armées, qui sont en relation avec l'activité du C.E.A., créé le 18 octobre 1945. Il s'intéresse à l'un des sujets traités par les Américains : le procédé de séparation des isotopes de l'uranium, qui a produit l'uranium enrichi avec lequel fut fabriquée la bombe d'Hiroshima. Trois jeunes poudriers, qui consacreront toute leur vie à ce programme, commencent à travailler dès 1953 : Oleg Billous (X 48) pour le « procédé », Gaspard Dreyfus (X 49) pour les compresseurs, Pierre Plurien (X 48) pour les barrières de diffusion et toute la chimie nécessaire. En 1955, ils s'entourent de quelques scientifiques pour compléter leur équipe. Ainsi, Oleg Billous demande à Robert Dautray (X 49) de prendre en charge le comportement aérodynamique et la régulation de la future usine de séparation isotopique. En 1956, Pierre Plurien et Oleg Billous contactent Georges Besse pour manager la réalisation du projet industriel gigantesque qu'ils entrevoient : la future usine de Pierrelatte, dont le site sera choisi en 1957-1958. Enfin, à la suite de négociations entre le C.E.A., les armées et le Service des poudres, l'équipe est transférée au C.E.A., en 1956, au département de physico-chimie à Saclay, dirigé alors par Jules Guéron. En 1957, Claude Fréjacques est nommé adjoint de Jules Guéron, chargé de diriger cette équipe et de l'amener à former un service de séparation isotopique. Il assure pendant de nombreuses années la direction scientifique des études qui concourent à la séparation isotopique, s'investissant dans les grandes décisions scientifiques et techniques du projet.

Une exploration très large des problèmes est effectuée, qu'il s'agisse :

– du “cœur” du système contrôlant les performances, l'étude des barrières (qui se compteront en dizaines de millions d'exemplaires dans l'usine) à travers lesquelles diffuse le seul composé volatil de l'uranium à ces températures et pressions, l'hexafluorure d'uranium (UF6) fortement corrosif ;

– du support de ces barrières, le diffuseur qui les rassemble ;

– de l'élaboration de métaux résistant à l'UF6 pour tous les équipements et les tuyauteries ;

– de la mise au point des compresseurs avec des garnitures d'étanchéité et des paliers fonctionnant dans ces conditions de corrosion jamais atteintes jusque-là ;

– de la commande et de la régulation de plusieurs milliers d'étages ayant chacun un compresseur et des caractéristiques de fonctionnement non linéaires ;

– de l'architecture des étages en groupes et en cascades.[...]

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Pour citer cet article

Robert DAUTRAY. FRÉJACQUES CLAUDE (1924-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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