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BESSE GEORGES (1927-1986)

Rien ne prédisposait Georges Besse à devenir le représentant, avec Bernard Tapie, du chef d'entreprise de troisième type que les Français des années 1980 se sont mis à admirer après une longue période de méfiance envers tout ce qui ressemblait à un patron. Né le 25 décembre 1927, Georges Noël Besse n'appartient pas à la race des héritiers. Son père est un simple poseur et réparateur de lignes aux P.T.T. « Je suis originaire de Clermont-Ferrand, d'un milieu ouvrier, et j'ai suivi les étapes de l'école de la IIIe République parce que c'est toujours comme cela que cela se passe », explique-t-il en 1981. Plus tard il se présentera comme « un pur produit de l'école laïque », oubliant son passage au petit séminaire. Mais l'important n'est pas là pour lui. « Mon père avait des ambitions pour son fils. Alors j'ai fait „taupe“ au lycée Blaise-Pascal de Clermont et je suis entré à Polytechnique. » Reçu au quarante-neuvième rang, il en ressort deuxième, ce qui lui permet d'entrer au corps des Mines.

Ingénieur, le seul titre dont Georges Besse est fier. Cet homme qui avoue parfois qu'il travaille trop paraît n'être à l'aise qu'au milieu de ses pairs. « Un ingénieur au charisme exceptionnel qui aime les usines et les chantiers, explique un de ses collaborateurs chez Renault. Un homme de contact facile, un manager plus qu'un théoricien. » Mais, avant de devenir capitaine d'industrie, Georges Besse entend être un technicien parfaitement au fait des sujets qu'il va traiter. À sa sortie de l'X pas question pour lui de se lancer dans la carrière comme cela. « Je me suis dit qu'il fallait que je sache ce que c'était qu'une mine et je me suis fait embaucher comme porion pendant un an dans celle de Bazailles, prés de Longwy, un village sans espoir dont le malheur est d'avoir du fer en dessous de lui. » La grande aventure du nucléaire ne tarde pas à l'appeler : en 1955, il devient chef de laboratoire à la diffusion gazeuse du Commissariat à l'énergie atomique. André Giraud, Pierre Guillaumat, Michel Pecqueur, Georges Besse seront les hommes du nucléaire français. « Nous étions un groupe de bons amis qui voulions construire quelque chose pour notre pays. » L'aventure proprement dite commence dans la vallée du Rhône. « J'ai construit Pierrelatte avec Richard Baumgartner, raconte-t-il. On a passé sept ans à bâtir cette espèce de monument extraordinaire dans une France qui n'était pas très industrielle à l'époque. Il faut l'inconscience de la jeunesse pour faire un truc pareil, et la chose la plus extraordinaire, c'est que cela a marché et que cela ne s'est pas arrêté depuis. »

Une étape dans sa carrière va profondément le marquer. De 1970 à 1973, il devient directeur général puis président de C.I.T.-Alcatel. L'ingénieur apprend alors la gestion. Une expérience qui lui servira plus tard chez Pechiney-Ugine-Kuhlmann et à la Régie Renault.

Le nucléaire le reprend. Président du directoire d'Eurodif de 1974 à 1976, directeur général puis président de la Cogema (1976-1982), il construit l'usine d'enrichissement du Tricastin. Patron de La Hague, Georges Besse fait face aux critiques des écologistes, sans trouble de conscience : « Depuis que je suis ingénieur, j'ai toujours entendu que le procédé qu'on utilise est embêtant, cher, pose tout un tas de problèmes. Par contre, si on prenait tel autre procédé qui n'est pas encore expérimenté, il aurait toutes les qualités. C'est un peu comme la femme du voisin, c'est à l'usage que l'on se rend compte qu'elle a des défauts . »

Nommé, en février 1982, à la tête de P.U.K. Georges Besse va s'essayer à un nouveau rôle, celui de redresseur d'entreprises en difficulté.[...]

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Pour citer cet article

Christian SAUVAGE. BESSE GEORGES (1927-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FRÉJACQUES CLAUDE (1924-1994)

    • Écrit par Robert DAUTRAY
    • 855 mots

    Physicien français, né le 1er août 1924 à Paris et mort le 7 juin 1994 dans la même ville. En cinq décennies, la France est devenue l'une des premières puissances nucléaires du monde. Beaucoup d'efforts très divers ont été nécessaires pour cela. Parmi ceux-ci, la mise au point du procédé de séparation...

Voir aussi