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WILSON RICHARD (1713/14-1782)

<it>La Tamise près de Marble Hill</it>, Twickenham, R. Wilson - crédits : Sotheby's/ AKG-images

La Tamise près de Marble Hill, Twickenham, R. Wilson

Seul grand peintre britannique qui soit originaire du pays de Galles. La carrière de Richard Wilson se déroula pour l'essentiel à Londres, et il joua un rôle de premier plan dans le développement du paysage anglais. On peut le comparer à celui de Reynolds dans le domaine du portrait, car il contribua éminemment à la diffusion de l'esthétique classique en Angleterre. Mais, tandis que Reynolds s'inscrit dans une longue lignée de portraitistes dont il hérite une partie des formules de son art, Wilson n'a d'autres prédécesseurs que des peintres de vues topographiques (encore que John Wootton, vers 1730, et George Lambert, vers 1750, aient cherché, dans une certaine mesure, à introduire dans le genre topographique certaines conventions du paysage classique du xviie siècle). L'apport de Wilson est immense, car il ne se contente pas de reprendre à son compte l'idéal de « grand style » de l'époque : au-delà des procédés formels du classicisme, il manifeste une imagination contemplative qui fait de lui l'héritier authentique de Claude Lorrain et le premier des grands poètes du paysage anglais. Avec Wilson, comme l'écrit Ruskin, « l'histoire du paysage véridique, fondé sur un amour contemplatif de la nature » commence en Angleterre.

Wilson débute comme peintre de portraits (L'Amiral Thomas Smith, National Maritime Museum, Greenwich) ; sachant faire preuve d'un talent exceptionnel dans ce genre, il se forme une bonne clientèle. En 1750, il se rend en Italie, et ce voyage décide de toute son orientation. Il séjourne d'abord à Venise, s'installe à Rome de 1752 à 1757 environ. C'est là qu'après avoir hésité quelque temps entre le portrait et le paysage il opte définitivement pour ce dernier. Il multiplie les études dessinées d'après la campagne romaine et d'autres sites classiques, auxquels il empruntera souvent, par la suite, les motifs de ses paysages composés. Il exécute aussi des peintures, notes sur nature (Le Lac d'Agnano, Ashmolean Museum, Oxford) ou compositions plus élaborées (Et in Arcadia ego, 1755, coll. Byng, Kent).

Il s'initie aux œuvres de paysagistes contemporains, comme Zuccarelli et Joseph Vernet, et surtout à celles de Poussin, de Claude Lorrain et de Gaspard Dughet, qui resteront, avec le Hollandais Cuyp, ses grands modèles. C'est sous ces diverses influences qu'après son retour à Londres, en 1757 ou 1758, il poursuit sa carrière de paysagiste. De la tradition naturaliste hollandaise, représentée par Cuyp, il apprend à peindre la lumière et l'atmosphère voilées des pays du Nord ; à Poussin et à Claude il emprunte leur répertoire de sujets arcadiens, et surtout leurs compositions ordonnées par larges plans, que scandent des arbres ou des éléments d'architecture. Il s'inspire aussi parfois de Salvator Rosa, dont le « sublime » convient bien à sa sensibilité préromantique. Ce mélange de sources classiques et naturalistes ne laisse pas de paraître hétéroclite à Reynolds, qui lui reproche, non sans injustice, d'avoir introduit des personnages idéaux dans des paysages « trop proches de la nature pour cela ». Wilson a cependant beaucoup de succès, même si George III lui préfère le talent bien plus superficiel de Zuccarelli.

<it>Le Mont Snowdon vu de Llyn Nantlle</it>, R. Wilson - crédits :  Bridgeman Images

Le Mont Snowdon vu de Llyn Nantlle, R. Wilson

Il est l'un des fondateurs de la Royal Academy et dirige, pour satisfaire aux commandes, un atelier prospère dont la production, abondante mais inégale et surtout relâchée, porte préjudice à ses œuvres autographes. Il peint de très classiques paysages italiens qui servent de cadre à des scènes historiques ou mythologiques. Mais où il est le plus original, c'est dans ses vues de la campagne anglaise et du pays de Galles, où s'allie le réalisme topographique à un profond sentiment classique, au point qu'on a pu dire, en parodiant Cézanne, « qu'il refaisait Claude sur nature » ([...]

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Pour citer cet article

Pierre GEORGEL. WILSON RICHARD (1713/14-1782) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Tamise près de Marble Hill</it>, Twickenham, R. Wilson - crédits : Sotheby's/ AKG-images

La Tamise près de Marble Hill, Twickenham, R. Wilson

<it>Le Mont Snowdon vu de Llyn Nantlle</it>, R. Wilson - crédits :  Bridgeman Images

Le Mont Snowdon vu de Llyn Nantlle, R. Wilson

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

    • Écrit par Jacques CARRÉ, Barthélémy JOBERT
    • 8 176 mots
    • 12 médias
    ...mythologiques où le paysage a la part belle, et où l'influence des maîtres romains du xviie siècle est prépondérante. Mais c'est incontestablement Richard Wilson (1713-1782) qui est le premier grand paysagiste anglais. Ruskin a écrit qu'avec lui « commence en Angleterre l'histoire d'un art sincère...

Voir aussi