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RIBĀT

Utilisé de bonne heure, le terme « ribāt » désigne un établissement, à la fois militaire et religieux, qui semble assez spécifiquement musulman. Édifice conventuel pour les combattants de la foi, le ribāt joue un rôle stratégique certain dans la défense du domaine musulman. Ses occupants, les al-Murābiṭūn (Almoravides), sont de pieux volontaires, hôtes réguliers ou occasionnels, qui passent leur temps en exercices militaires et s'adonnent à des pratiques pieuses. C'est une œuvre pie que de construire un ribāt sur son argent ou d'en améliorer les défenses ; il est méritoire également de lui fournir des vivres et, plus encore, d'y faire un séjour soi-même : la plupart sont œuvres de souverains. Forteresse et lieu de concentration de troupes sur un point exposé de la frontière du pays d'Islam, le ribāt joue le rôle d'avant-poste pour donner l'alarme à l'arrière-pays. En cas de danger, il offre refuge aux habitants de la campagne environnante. Le ribāt, dont les dimensions sont variables, comporte une enceinte fortifiée de plan carré ou rectangulaire avec des tours circulaires aux angles et semi-circulaires au milieu des courtines. À l'intérieur, une cour centrale est entourée de corps d'habitation à deux étages, avec des magasins d'armes et de vivres. Les Arabes en construisirent en Transoxiane lors de la conquête musulmane (viiie s.) ; ils jalonnent les côtes de Syrie, de Palestine et d'Afrique du Nord. On en trouvait aussi dans le Maghreb extrême et jusqu'au Sénégal. Au xiie siècle, lorsque la pression des infidèles diminue en Orient et que le djihad passe du plan militaire au plan spirituel, l'institution du ribāt prend un caractère purement religieux : l'offensive de la mystique succède à celle des armes. La transformation commence en Iran, et le ribāt devient rapidement, un couvent (une khanaqah) édifié dans les faubourgs des villes : il y aura bientôt des ribāt urbains, les uns pour les hommes, d'autres pour les femmes.

— Nikita ELISSÉEFF

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Lyon

Classification

Pour citer cet article

Nikita ELISSÉEFF. RIBĀT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MARABOUTISME

    • Écrit par Roger ARNALDEZ
    • 3 126 mots

    Le mot « marabout » vient de la prononciation dialectale (mrabot) de l'arabe classique murābit qui désigne l'homme vivant dans un ribāṭ (couvent fortifié). Au pluriel, al-murābiṭūn, a donné Almoravides (dynastie qui régna sur le Maghreb et l'Espagne musulmane aux xie et...

  • MONACHISME

    • Écrit par André BAREAU, Guy BUGAULT, Jacques DUBOIS, Henry DUMÉRY, Louis GARDET, Jean GOUILLARD
    • 12 526 mots
    • 3 médias
    ...dans les centres de la confrérie, parfois dans les mosquées. Certaines zāwiya ou khānqā prirent l'aspect d'ordres militaires : ce sont les ribāṭ fortifiées (en Afrique du Nord surtout) où se groupaient périodiquement, en vue d'une défense du territoire ou d'expéditions militaires, des «...
  • SOUFISME ou ṢŪFISME

    • Écrit par Jacqueline CHABBI
    • 3 984 mots
    ...francisé, celui de marabout, dérivé de l'arabe murābiṭ, qui signifiait, à l'origine, celui qui tient garnison dans une forteresse frontalière, ribāṭ (identique au nom de la ville marocaine de Rabat). De pieux musulmans des premiers siècles avaient l'habitude d'y effectuer des séjours temporaires...

Voir aussi