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RAMSÈS II (1304-1213 av. J.-C.)

L'exploitation de la Nubie

Originaire du Delta oriental, la XIXe dynastie y avait des attaches. Ramsès II installe donc son palais ainsi que le centre administratif de l'Égypte à Piramsès, dont l'emplacement est discuté : il s'agirait de Tanis, selon les uns, de Khatana-Qantir, selon d'autres. La création de cette ville résulte de l'évolution de la situation dans le Proche-Orient où, menacé de deux côtés, par les «  Peuples de la mer » et par l'empire assyrien en pleine expansion, l'empire hittite va bientôt disparaître. Pour protéger ses frontières dans ce bouleversement général, l'Égypte doit concentrer ses forces dans le Delta : déjà les « Peuples de la mer » sont à ses portes. Ils pénètrent aussi en Libye, qui devient à son tour menaçante.

Si, du point de vue tactique, l'Égypte doit être puissante dans le nord du pays – d'où la création de Piramsès –, du point de vue stratégique elle ne peut résister aux forces en présence sans les ressources de l'hinterland africain, d'où la politique d'exploitation à outrance de la Nubie, commencée par la XVIIIe dynastie et intensifiée par Séti Ier et Ramsès II.

La Nubie – le pays de Koush – produit en effet l'or qui servira, certes, à enrichir les temples, mais aussi à acheter des alliances en Asie. Elle fournit, de plus, des matières premières : bois, bétail, cuir, qui font défaut à l'Égypte. Enfin, et surtout, elle lui procure des hommes pour son armée.

L'intérêt que l'Égypte porte à la Nubie se traduit par les constructions qu'elle effectue dans ce pays. Déjà Séti Ier y a installé des temples ; Ramsès II, pour sa part, y édifie ce qui restera le fait marquant de son règne : les deux magnifiques temples hypogées d'Abu Simbel, consacrés l'un à la reine Néfertari, l'autre, le plus grand, aux dieux Amon et Rê-Horakhty, mais aussi... à Ramsès II lui-même. Le roi s'y fait représenter sous la forme d'un dieu à tête de faucon pour lequel il accomplit lui-même tous les rites de l'offrande divine traditionnelle.

C'est sans doute cette « déification » de son vivant et de son propre fait qui explique le prestige posthume de Ramsès II. Très nombreuses sont les statues, originales ou usurpées, que le pharaon consacre à sa propre image, n'hésitant pas, de plus, à s'attribuer les constructions d'autres pharaons, voire celles de son propre père. La grande salle hypostyle du temple de Karnak fut édifiée par Séti Ier, Ramsès II se contentant d'y faire graver son nom !

Ramesseum, Thèbes, Égypte - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Ramesseum, Thèbes, Égypte

Ramsès II mourut après un règne de soixante-huit ans, qui couvre à lui seul plus de la moitié de toute la XIXe dynastie. Il eut plus de cent enfants de ses épouses légitimes ou secondaires. Ce fut le treizième de ses fils, Merenptah, qui lui succéda.

— Jean VERCOUTTER

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Jean VERCOUTTER. RAMSÈS II (1304-1213 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Ramsès II représenté sous les traits d'un enfant - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Ramsès II représenté sous les traits d'un enfant

Ramesseum, Thèbes, Égypte - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Ramesseum, Thèbes, Égypte

Autres références

  • ABU SIMBEL

    • Écrit par Christiane M. ZIVIE-COCHE
    • 1 974 mots
    • 6 médias
    À environ 280 km au sud d'Assouan, sur la rive gauche du Nil, Ramsès II, qui fut un grand bâtisseur en Égypte et en Nubie (Beit el-Wali, Gerf Hussein, Wadi es-Sebua, El-Derr et Akhsha portent son nom), a choisi un double éperon rocheux pour tailler dans le grès deux temples consacrés à sa gloire...
  • ABYDOS

    • Écrit par Christiane M. ZIVIE-COCHE
    • 2 681 mots
    • 3 médias
    Le mieux préservé de ces édifices est le temple de Séti Ier, situé au sud de Kom es-Sultan ; il fut achevé par son fils Ramsès II qui fit reproduire, entre autres, sur le premier pylône (aujourd'hui détruit) les scènes célèbres de la bataille de Kadech.
  • ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) - L'Égypte pharaonique

    • Écrit par François DAUMAS
    • 12 278 mots
    • 17 médias
    Pourtant après l'épisode d'Amarna, la renaissance ramesside avait été brillante. Séthos Ier avait repris les armes en Palestine. Ramsès II avait même tenté de reconstituer l'empire de Thoutmosis III et avait remporté sur les Hittites, durant la cinquième année de son règne, près de Qadech, sur...
  • LOUXOR

    • Écrit par Jean LECLANT
    • 530 mots
    • 6 médias

    Sur la rive droite du Nil, les ruines du temple de Louxor se dressent aujourd'hui au cœur d'une petite ville de Haute-Égypte. Le temple de Louxor était relié aux sanctuaires de Karnak, plus au nord, par une voie bordée de sphinx, de deux kilomètres environ. Le dieu Amon...

Voir aussi