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PROTOMÉ

Représentation de la partie antérieure du corps d'un être vivant, animal ou humain (mais, dans ce dernier cas, on préfère parler de « buste »), le protomé forme soit la totalité, soit — ce qui est beaucoup plus souvent le cas — une partie d'un objet. Les protomés ont un rôle généralement décoratif, parfois symbolique. Techniquement, on peut les classer entre les objets zoomorphes ou anthropomorphes et les objets ornés d'une tête animale ou humaine. Lorsqu'ils ont une valeur symbolique, leur signification est la même que celle de l'animal ou de l'être humain figuré en entier : la partie équivaut au tout, selon une convention extrêmement répandue.

Rhyton à protomé de veau, art scythe - crédits : Electa/ AKG-images

Rhyton à protomé de veau, art scythe

Ce procédé a été particulièrement employé en céramique : le protomé, dans ce cas, allie à sa valeur décorative une fonction utilitaire puisqu'il dissimule habilement le bec, le manche, l'anse ou bien le pied du vase. Les plus anciens exemples proviennent du Moyen-Orient (et surtout d'Iran, où existait une longue tradition de vases zoomorphes), sur des formes diverses datant des ~ IVe, ~ IIIe et ~ IIe millénaires. Au ~ Ier millénaire se répand, sans doute grâce aux Achéménides, un vase à boire en forme de corne, dont la base est constituée d'un protomé d'animal. Ce type de vase passe ensuite dans le monde grec par l'intermédiaire de l'Ionie, où il figure parmi les rhytons.

Au ~ Ier millénaire encore, on peut mentionner les grands chaudrons de bronze, décorés de protomés d'animaux (lions, griffons) qui proviennent d'Urartu mais que l'on retrouve, importés ou imités, en Grèce et même en Étrurie. Mais nombre d'objets peuvent être ainsi ornés : en Mésopotamie, par exemple, des clous de métal utilisés dans des rituels de fondation sont pourvus d'un buste humain qui représente le roi portant sur sa tête un couffin (c'est le thème du roi bâtisseur).

Le procédé est parfois utilisé de façon particulière : en Orient, par exemple, en Égypte et surtout en Mésopotamie, on trouve sur des amulettes ou des cylindres-sceaux des protomés de taureaux opposés et unis à mi-corps, qui symbolisent les portes du ciel, les montagnes d'où le soleil se lève. Le motif a peut-être alors une origine différente : la représentation schématique de deux animaux placés l'un derrière l'autre. C'est le même parti qui est adopté, cette fois de façon grandiose, sur nombre de chapiteaux achéménides, tels ceux de Persépolis, ornés de taureaux ou de griffons. La fonction en est surtout décorative mais peut-être aussi apotropaïque.

Mais l'emploi de protomés d'animaux ou d'êtres humains ne se limite pas à l'Antiquité : on retrouve, en particulier, ce motif au Moyen Âge. Un très bel exemple nous en est fourni par les célèbres fonts baptismaux conservés dans l'église Saint-Barthélemy de Liège, où douze bœufs de laiton symbolisant les Apôtres étaient à demi engagés sous la cuve (il en reste dix).

— Jean-Daniel FOREST

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Rhyton à protomé de veau, art scythe - crédits : Electa/ AKG-images

Rhyton à protomé de veau, art scythe

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