PRÉVISION ÉCONOMIQUE
La prévision économique est une discipline qui se donne pour objet d'anticiper le contexte dans lequel des décisions de politique publique ou d'entreprise sont susceptibles d'être mises en œuvre. Elle porte le plus souvent sur des variables telles que la croissance, l'inflation, le chômage, les taux d'intérêt ou encore l'évolution des finances publiques. Le terme (quelques mois ou quelques années), le niveau d'analyse (l'ensemble de l'économie ou un secteur particulier) et la précision vers laquelle elle doit tendre dépendent des besoins des décideurs qui peuvent être des dirigeants d'entreprises ou des responsables politiques. Si leurs besoins sont quelque peu différents, la méthodologie utilisée est généralement comparable et s'efforce d'être identique à celle des autres sciences expérimentales.
Il est cependant très difficile de construire des expériences dans la démarche prévisionnelle en matière économique ; on se contente souvent de celles que l'histoire a fournies et on en tire des hypothèses. Si celles-ci sont justes, le cours des événements les vérifiera. Le physicien expérimente la validité de son hypothèse avant de l'ériger en loi et de la publier ; l'économiste publie ses hypothèses et l'expérience se fait devant l'opinion. En contrepartie de cette difficulté, les économistes ont l'avantage de comprendre « de l'intérieur » des phénomènes qui ne sont que des comportements humains face à la rareté des biens.
La prévision économique n'est pas une activité nouvelle. En revanche, la promotion de la prévision économique en tant que fonction spécialisée, distincte des décisions qu'elle éclaire, ne date guère que du début du xxe siècle. Ce changement est dû à la fois à l'évolution générale des comportements vers des processus de décision plus rationnels, et au besoin d'une prévision à plus long terme qui soit néanmoins précise.
Ce besoin est issu de quatre transformations opérées dans l'activité économique. La première est l'allongement du circuit de production qui oblige à engager des dépenses longtemps avant la rentrée des recettes. La deuxième, liée à la première, est l'augmentation de la dimension des outils de production et donc de l'ampleur des séries, ce qui implique un risque important de mévente. La troisième est un élargissement géographique des marchés qui rend impossible une prévision intuitive de leur évolution. La quatrième, enfin, est l'extension du régime du salariat et l'augmentation des garanties données aux salariés qui rendent beaucoup plus difficile l'ajustement de la production aux évolutions des ventes. Dans le passé, l'artisan fabriquait selon les commandes d'une clientèle qu'il connaissait et ajustait le rythme de son activité à l'ampleur des demandes qu'il devait satisfaire ; aujourd'hui, on prospecte et on équipe des gisements de minerai pour répondre à une demande mondiale qui s'exprimera plusieurs années après. En outre, cette montée du besoin a été accompagnée d'une progression des moyens pour y répondre. D'une part, la méthodologie des sciences expérimentales s'est beaucoup affinée. D'autre part, les statistiques économiques sont devenues sinon plus exactes, du moins beaucoup plus nombreuses qu'elles n'étaient.
La prévision économique comme outil d'aide à la décision reste néanmoins sujette à caution. On remarque par exemple qu'elle change de nature selon l'usage qui en est fait. La prévision purement objective, qui relève soit d'une autorité qui la garde secrète, soit d'experts irresponsables, doit être distinguée de la prévision rendue publique par des responsables. En ce second cas, la prévision doit contribuer au succès de l'action et son caractère objectif se[...]
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Écrit par
- Arnaud BILEK : docteur ès sciences économiques, chercheur associé au C.A.T.T., université de Pau-et-des-Pays-de-l'Adour
- Jacques PLASSARD : économiste
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