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HULTEN PONTUS (1924-2006)

Pontus Hulten a marqué de son empreinte créatrice et de son impressionnante stature le rôle et la fonction d'un musée d'art moderne dans le monde contemporain.

Né le 21 juin 1924, le Suédois Carl Gunnar Pontus Vougt Hulten, après des études d'histoire de l'art et d'ethnographie à l'université de Stokholm, choisit comme sujet de thèse une étude comparative entre Vermeer et Spinoza. En l956, il entame sa carrière de conservateur au Nationalmuseum de la capitale, dans le département d'art moderne, alors à l'état embryonnaire. Elle se poursuivra jusqu'en 1972. D'un dynamisme hors du commun, toujours à l'affût de ce qui se trame ici ou là, il fera du Moderna Museet l'une des institutions pilotes européennes. Là, il met en pratique la méthodologie qui sera la sienne dans ses différents postes et qui lui assurera une notoriété internationale. Pour sortir l'œuvre d'art de son isolement et l'intégrer à la vie, il ouvre le musée jusqu'à 22 heures, et y accueille les enfants. Par ailleurs, il joue à fond la carte de la pluridisciplinarité. Ainsi, alors que le Moderna Museet est encore en chantier, il y expose Guernica de Picasso, qu'il accompagne de projections de films. En 1961, avec Art et Mouvement, il rassemble les pionniers Marcel Duchamp, Calder, Gabo, Tatline ou El Lissitzky, et une jeune génération beaucoup plus turbulente, celle des Rauschenberg, Jasper Johns, Tinguely, Spoerri et Niki de Saint-Phalle. Parallèlement, il organise concerts, projections de films et pièces de théâtre. Pontus Hulten récidive avec American Pop'Art : 107 formes d'amour et de désespoir. Cette fois, les danseurs de Merce Cunningham se produisent au milieu des sculptures, John Cage interprète un concerto, et Robert Rauschenberg inaugure une série de happenings. À Stockholm, encore, le conservateur inaugure dans la manière de présenter les œuvres. Il développe l'idée, à laquelle il restera fidèle, d'un « musée-village », où l'on peut parcourir la grand-rue et repérer les choses essentielles, à moins que l'on ne choisisse de se perdre dans les rues adjacentes, pour en savoir plus.

En 1973, lorsqu'il est nommé à la direction des Arts plastiques du futur Centre Georges-Pompidou, Pontus Hulten parle d'une « expérience exceptionnelle » où, pour la première fois, « on tente de faire un centre de sensibilité moderne, qui réunisse la musique, une bibliothèque, les arts plastiques, l'urbanisme et le design ». En 1977, pour l'inauguration du Centre Georges-Pompidou, il rend hommage à Marcel Duchamp en organisant la première rétrospective en France de l'artiste. Avec Paris-New York (1977), Paris-Berlin (1978) et Paris-Moscou (1979), le remarquable historien de l'art qu'il est entend remettre à l'ordre du jour le rôle de Paris dans l'évolution de l'art du xxe siècle. Pour Paris-New York, il reconstitue le salon de Leo et Gertrude Stein, rue de Fleurus, et la galerie de Peggy Guggenheim, Art of this Century. Mettant largement à contribution, comme pour Paris-Berlin et Paris-Moscou, les trois départements du centre, sans compter le théâtre et le cinéma, il favorise, une fois de plus, les passages entre les diverses disciplines.

En 1981, Pontus Hulten est nommé directeur du Projet pour le musée d'Art contemporain de Los Angeles. Quatre ans plus tard, c'est à la tête du Palazzo Grassi, à Venise, qu'il programme aussi bien une manifestation sur l'Effet Arcimboldo (1986) que la plus complète des manifestations jamais consacrées au futurisme : Futurismo & Futurismi (1985). Dans le même temps, en infatigable démarcheur du monde de l'art, il ouvre à Paris, de 1985 à 1992, un Institut des hautes études en arts plastiques qui regroupe chaque année une vingtaine de jeunes artistes boursiers à l'occasion[...]

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Pour citer cet article

Maïten BOUISSET. HULTEN PONTUS (1924-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • QUAND LES ARTISTES FONT ÉCOLE (ouvrage collectif)

    • Écrit par Thierry DUFRÊNE
    • 1 052 mots

    Bien avant le site de création contemporaine qu'est devenu en 2002 le palais de Tokyo, avec son pavillon-école à destination des jeunes artistes confié à Ange Leccia, Paris avait abrité une pépinière exceptionnelle, celle de l'Institut des hautes études en arts plastiques dirigé...

  • OPTIQUE ET CINÉTIQUE ART

    • Écrit par Arnauld PIERRE
    • 4 629 mots
    • 2 médias
    « Émouvant mouvement » : c'est l'expression que reprend le critiquePontus Hulten comme titre de l'exposition qu'il organise en 1961 au Stedelijk Museum d'Amsterdam, Bewogen Beweging. Réunissant les premiers acteurs de l'art cinétique et les effectifs déjà pléthoriques d'une nouvelle...