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POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE URBAINE

La pollution atmosphérique préoccupe fortement l’Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), qui a lancé plusieurs alertes, en déclarant la pollution de l’atmosphère comme cancérigène et en rappelant qu’elle est responsable de quelque sept millions de morts par an dans le monde. À cette pollution s’ajoute la pollution de l’intérieur des locaux, qui constitue un fléau, surtout lorsque les combustibles utilisés sont le bois ou le charbon de bois. Selon l’Agence européenne de l’environnement (A.E.E.), 90 p. 100 des citadins européens sont exposés régulièrement à des seuils de particules fines supérieurs aux recommandations de l’O.M.S. En effet, les villes, par la densité de population et le déploiement de la mobilité et des activités qui les caractérisent, sont des sources de pollution importantes, et il est d’autant plus nécessaire de les prendre en compte que plus de la moitié de la population mondiale vit en zone urbaine. Les polluants issus de phénomènes de combustion ont un impact fort sur la santé et contribuent au changement climatique. Ils interrogent la politique de la ville : transports, énergie, habitat…

La ville entre l’hygiénisme et l’environnement

Plusieurs ruptures essentielles ont marqué l’histoire des villes industrielles, qui ont longtemps été des lieux considérés comme « miasmatiques » et pestilentiels. Au xviiie siècle, le lien entre qualité de l’air et santé était très présent dans la gestion des villes. L’air était censé véhiculer les mauvaises odeurs et les maladies. Il convenait donc d’ouvrir de grandes artères pour la circulation et d’évacuer les cimetières et les ordures vers la périphérie (A. Corbin, 2008). Le 28 juin 1884, la démarche du conseil municipal de Saint-Étienne de demander au conseil d’hygiène une autorisation de construire montre l’importance accordée à l’air et au vent dans la dispersion des odeurs putrides : « le vent du Nord si favorable à la santé publique est arrêté par cette barrière et il se répand ensuite trop lentement sur la ville de Saint-Étienne chargé des miasmes qu’il empreinte à tous ces foyers insalubres. » Les urbanistes traquent les eaux stagnantes et putrides. Ainsi, une attention grandissante est portée sur l’eau dont on découvre la responsabilité dans la propagation des épidémies de choléra. Ce sont alors les ingénieurs qui assainissent la ville en canalisant les eaux usées. Les découvertes pastoriennes, en identifiant les bactéries comme responsables des maladies, ont permis de négliger l’influence de l’environnement au profit de la technique et de la chimie qui, progressivement, se sont imposées comme des réponses à tous les maux. Durant la fin du xixe siècle et la première moitié du xxe, le développement industriel, en négligeant les plaintes des riverains incommodés, est apparu comme porteur d’hygiène et de progrès et, donc, favorable à l’éradication des fléaux urbains qu’étaient la tuberculose, le choléra et les grandes épidémies. Cet état d’esprit, particulièrement développé en France, s’est affirmé après la Seconde Guerre mondiale, durant les Trente Glorieuses, appelées également les « Trente Pollueuses », période consacrée à la reconstruction, devenue une telle priorité que les considérations sanitaires et environnementales se sont effacées devant l’impérieuse nécessité d’une croissance économique forte (J.-B. Fressoz, 2014).

Smog à Londres - crédits : Bettmann/ Getty Images

Smog à Londres

En Angleterre, la pollution urbaine avait attiré l’attention des pouvoirs publics dès 1661, à l’occasion de la publication d’un des premiers ouvrages consacrés à la pollution (ici de Londres) : Fumifugium, de John Evelyn. Cependant, le grand smog de Londres, en 1952, responsable de quelque quinze mille morts attribuables à la combustion du charbon, attire de nouveau l’attention des médecins, qui prennent conscience de l’impact des[...]

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Écrit par

  • : professeure émérite à l'université de Lille-I, directrice de la revue Pollution atmosphérique

Classification

Médias

Smog à Londres - crédits : Bettmann/ Getty Images

Smog à Londres

Paris et son voile de pollution - crédits : I. Roussel

Paris et son voile de pollution

Autolib’ - crédits : Géraldine Mouly-Héras

Autolib’