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POLIOMYÉLITE

Le virus

Transmission du virus à l'animal

En 1909, à Vienne, K.  Landsteiner et E. Popper transmirent la maladie au singe à partir de la moelle d'un enfant mort de paralysie infantile. À Paris, C.  Levaditi et K. Landsteiner démontraient que le virus est filtrable et transmissible par passages en série de singe à singe. La maladie du singe reproduit dans tous ses caractères celle de l'enfant, mais la mortalité atteint jusqu'à 76 %. On retrouve le virus dans le névraxe – principalement dans la moelle épinière –, dans l'intestin et son contenu, la muqueuse pharyngienne et les amygdales. Le liquide céphalo-rachidien, le sang, les différents viscères ne renferment généralement pas de virus ; cependant, de faibles quantités peuvent être présentes dans les glandes salivaires et les ganglions lymphatiques. Des lésions histologiques affectent surtout les cellules motrices des cornes antérieures de la moelle et leur extension dans le bulbe et les parties inférieures du cerveau. Quelques souches particulièrement virulentes s'accompagnent de lésions de l'encéphale ou du myocarde.

Différents types de virus poliomyélitiques

On a longtemps expérimenté sur le virus de la poliomyélite sans mettre en doute l'unicité du virus, le singe étant seul réceptif à la maladie humaine. En 1937, C. H. Armstrong isolait, à Lansing (États-Unis), une souche de poliovirus qu'il réussissait à transmettre au rat du coton, Sigmodonhispidus, puis à la souris. Ce n'est qu'en 1940 que cette expérience put être répétée : la rareté des souches transmissibles aux muridés donnait à penser qu'il existait plusieurs types du virus. Une vaste expérimentation (Isabel Morgan, 1948-1949) permettait de reconnaître trois types du virus sérologiquement distincts. Ainsi furent définis les types I, II et III.

La proportion des souches isolées des différents types varie d'une année et d'une région à l'autre. D'une façon générale, on observe dans le monde entier une prédominance considérable des souches du type I qui représente 80 à 90 % des souches isolées chez les malades : ce sont les seules qui donnent naissance aux grandes épidémies. La fraction restante se partage de façon variable entre les types II et III, le type II étant plus endémique. En France, sur plus de 10 000 souches isolées en dix ans (P. Lépine et J. Maurin), la proportion était : pour le type I, de 85 % ; pour le type II, de 12 % ; pour le type III, de 3 %. Comme on trouve des anticorps pour les trois types du virus chez tous les sujets normaux spontanément immunisés par l'infection naturelle, il en résulte que l'agressivité du virus diffère considérablement d'un type sérologique à l'autre. Autrement dit, les chances d'infection sont égales, mais celles de contracter une maladie paralytique sont considérablement plus élevées avec le type I qu'avec les deux autres types.

Étude physico-chimique du virus

La culture sur des cellules de primates, d'origine humaine et simienne, a rendu possible l'étude systématique du poliovirus. On l'extrait, à l'état pur, des liquides virulents par précipitation au méthanol ou au butanol. Au microscope électronique, le virion paraît sphérique ; son diamètre est de 27,3 nm ± 2 (état hydraté), sa densité de 1,6 et son poids de 1,3 × 10-27 g. Aux forts grossissements électroniques et après coloration négative, on s'aperçoit que le virion est polyédrique, de section hexagonale correspondant à une structure icosaédrique, et sa surface (capside) parsemée d'aspérités (capsomères). Le virus purifié cristallise, à + 4 0C et pH 5,9, en beaux cristaux du système rhomboédrique (R. L. Steere et F. L. Shaffer, 1958).

L'acide nucléique viral est un acide ribonucléique (ARN) qui forme à lui[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire de l'Institut Pasteur, membre de l'Académie des sciences et de l'Académie nationale de médecine

Classification

Pour citer cet article

Pierre LÉPINE. POLIOMYÉLITE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Vaccination contre la poliomyélite - crédits : Thurston Hopkins/ Picture Post/ Getty Images

Vaccination contre la poliomyélite

Jonas Salk - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jonas Salk

Autres références

  • KOPROWSKI HILARY (1916-2013)

    • Écrit par Melinda C. SHEPHERD
    • 491 mots

    Le virologue polonais Hilary Koprowski mit au point un vaccin vivant atténué efficace contre la poliomyélite, administré par voie orale. Il effectua le premier essai clinique en 1950, soit deux ans avant que l’équipe de Jonas Salk teste son vaccin inactivé injectable, neuf ans avant qu’Albert...

  • LANDSTEINER KARL (1868-1943)

    • Écrit par Paul SPEISER
    • 912 mots
    • 2 médias
    En injectant à un singe de la moelle épinière homogénéisée d'un enfant mort de poliomyélite, Landsteiner réussit à reproduire les altérations caractéristiques de cette maladie (lésions de la moelle, paralysie). En collaboration avec C. Levaditi (Institut Pasteur, Paris), il décrit une méthode sérologique...
  • LÉPINE PIERRE (1901-1989)

    • Écrit par Léon LE MINOR
    • 1 367 mots

    Né à Lyon en 1901, Pierre Lépine s'engagea lui aussi dans la carrière médicale. Il fut externe, puis interne des hôpitaux de Lyon et, très tôt, s'intéressa au travail de laboratoire : au cours de ses études médicales, il fut moniteur de physiologie à la faculté des sciences, puis assistant de parasitologie...

  • LEVADITI CONSTANTIN (1874-1953)

    • Écrit par Jean LEVADITI
    • 505 mots

    Né à Galati (Roumanie), Constantin Levaditi, médecin français, est d'abord, en 1896, interne des hôpitaux à Bucarest et se consacre à des recherches expérimentales. Après avoir été préparateur du professeur Babes à Bucarest, il est nommé à Paris préparateur du professeur Charrin au Collège de France....

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Voir aussi