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PNEUMOCOQUE

Dans les sérosités et les crachats, le pneumocoque, Streptococcus pneumoniae, se présente sous forme de diplocoques encapsulés, dont les deux cocci lancéolés sont opposés par la pointe, donnant à l'ensemble la forme d'un 8. Les diplocoques sont souvent groupés en chaînettes. Dans les milieux artificiels, le germe est sans capsule ; cultivé en milieux enrichis de sérum, il récupère sa capsule. Il est Gram positif.

La culture se fait en aérobiose, souvent mieux en anaérobiose à la sortie de l'organisme. En milieu liquide (bouillon glucosé), la culture est assez rapide, abondante, homogène. Sur milieu solide (gélose au sang), de petites colonies, plates ou déprimées au centre, entourées d'une zone étroite d'hémolyse α verte, apparaissent. L'étude précise de l'aspect des colonies à la loupe permet de définir deux sortes de colonies : les colonies S (smooth), lisses, formées de germes capsulés et virulents ; les colonies R (rough), rugueuses dont les éléments ne sont ni capsulés, ni virulents. Les formes R apparaissent lorsque les conditions de culture sont défavorables.

Le pneumocoque se comporte comme un anaérobie. Il tire son énergie du glucose (fermentation lactique, accessoirement formique et acétique). Il ne possède pas de cytochrome oxydase.

L'étude de la constitution antigénique révèle les constituants suivants :

Le polysaccharide capsulaire (S.S.S.) est très antigénique. C'est un constituant de la capsule, mais il est libéré en permanence dans le milieu de culture. Il permet de distinguer soixante-quinze types. Il n'existe que dans les formes S. Sa structure chimique a fait l'objet d'importants travaux (exemples : acide galacturonique et sucre aminé pour le type I ; glucose, acide glucuronique, acide aldobionique pour le type II). Ces polysaccharides jouent un rôle essentiel dans la virulence en s'opposant à la phagocytose ; les sérums anti-S.S.S. purifiés neutralisent l'effet antiphagocytaire, et protègent l'animal contre l'infection pneumococcique du même type. En outre, ces polysaccharides sont antigéniques pour l'homme et la souris, et hapténiques pour le lapin. Enfin, ils provoquent le gonflement de la capsule sous l'action des anticorps. La quantité de S.S.S. synthétisé est sous la dépendance d'un contrôle génétique. Il est possible de transformer une souche peu virulente en une souche très virulente du même type par l'intermédiaire d'un facteur inducteur, l'acide désoxyribonucléique (Avery, MacLeod, McCarthy, 1944).

L'antigène pariétal R est commun aux formes R et S.

L'antigène pariétal C est un polysaccharide qu'on retrouve dans les formes R et S. Il est antigénique. Le sérum des pneumoniques précipite ce polysaccharide ; cette précipitation n'est pas due à un anticorps, mais à une protéine, la protéine C réactive, qui disparaît au décours de l'infection.

Les autres antigènes somatiques sont sans grand intérêt : pneumolysine, hyaluronidase, fibrinolysine, etc.

Le pneumocoque est facilement identifié par sa morphologie bien particulière et par son pouvoir pathogène pour la souris blanche (septicémie mortelle en 24 heures, après inoculation intrapéritonéale).

C'est un commensal habituel de la bouche et du rhinopharynx, mais il peut devenir virulent sous l'influence de divers facteurs, en particulier une déficience de l'état général   ; il donne surtout des atteintes respiratoires. La maladie habituelle est la pneumonie franche lobaire aiguë (on le retrouve alors dans les crachats), mais il est aussi responsable de sinusites, otites, angines, de pleurésies purulentes, de méningites purulentes, d'arthrites suppurées, de péritonites.

Le pneumocoque est très sensible aux sulfamides et aux antibiotiques, pénicilline surtout. Cette thérapeutique permet, même lorsqu'il[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, chef de service du laboratoire de microbiologie à l'hôpital de Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Jacques BEJOT. PNEUMOCOQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADN ET INFORMATION GÉNÉTIQUE

    • Écrit par Nicolas CHEVASSUS-au-LOUIS
    • 239 mots

    Jusqu'en 1944, on ignorait quelle pouvait être la nature chimique de la molécule présente dans les chromosomes et porteuse de l'information génétique. Alors que la plupart des chercheurs pensaient qu'il s'agissait de protéines, deux publications viennent montrer, en 1944, qu'il...

  • GÉNÉTIQUE

    • Écrit par Axel KAHN, Philippe L'HÉRITIER, Marguerite PICARD
    • 25 873 mots
    • 31 médias
    Il existe deux types de souches de l'agent de la pneumonie, le pneumocoque : dans le premier, les corps bactériens sont recouverts d'une capsule de mucopolysaccharides, qui les protègent en partie contre la phagocytose ; dans le second, les corps bactériens restent nus. Ce second type est peu pathogène...
  • PNEUMONIE

    • Écrit par Chantal GUÉNIOT
    • 3 234 mots
    • 4 médias
    Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) est le principal agent responsable des pneumonies dites communautaires, c’est-à-dire se produisant en dehors d’un établissement hospitalier. Mais de nombreux autres agents infectieux sont à l’origine de pneumonies. Mycoplasmapneumoniaeet Chlamydia...
  • STREPTOCOQUES

    • Écrit par Joseph ALOUF
    • 6 726 mots
    • 2 médias
    ChezS. pneumoniae, la capsule qui confère également le phénotype mucoïde aux colonies est le facteur majeur de la virulence du germe, les souches non capsulées (colonies rugueuses sur milieux solides) étant avirulentes. Contrairement à S. pyogenes, la composition chimique du polyoside capsulaire...

Voir aussi