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JEAN XXI, PIERRE D'ESPAGNE (1220?-1277) pape (1276-1277)

Médecin, théologien, mais surtout logicien, Pierre d'Espagne, né à Lisbonne, fut maître ès arts à Paris avant 1246, date à laquelle il vint enseigner à la faculté de médecine de Sienne. Nommé archevêque de Braga (Portugal) en 1272, il devint l'année suivante cardinal-évêque de Tusculum et médecin du pape Grégoire X. À la mort de celui-ci, deux pontifes lui succédèrent en peu de temps, Innocent V (Pierre de Tarentaise), puis Adrien V. Pierre d'Espagne fut élu pape, en septembre 1276, par le conclave réuni à Viterbe, et prit le nom de Jean. Sur la foi d'une tradition, reconnue ensuite erronée, qui ajoutait entre Boniface VII (mort en 985) et l'authentique Jean XV un second Jean XV, on en est venu à changer, à partir de l'élection de Pierre d'Espagne, le numéro d'ordre des papes portant le nom de Jean. C'est ainsi que ce dernier pontife est appelé Jean XXI, alors qu'aucun Jean XX ne figure dans la liste des papes.

Jean XXI mourut huit mois après son élection. Il avait peu de temps auparavant, au plus fort de la controverse anti-averroïste, incité à intervenir l'évêque de Paris, Étienne Tempier, qui condamna, par le fameux décret du 7 mars 1277, deux cent dix-neuf propositions de certains maîtres de la faculté des arts, dont Siger de Brabant.

Pierre d'Espagne, réputé pour ses connaissances médicales, a écrit des commentaires d'Aristote touchant à des problèmes de physiologie, un ouvrage de médecine intitulé Thesaurus pauperum seu de medendis humani corporis membris et un vaste De anima, découvert en 1927 par Mgr M. Grabmann et fortement marqué par l'augustinisme et l'avicennisme. On lui attribue encore un commentaire de Denys, dont certains pensent qu'il serait plutôt d'Adam de Marsh, maître franciscain d'Oxford. Mais c'est surtout comme logicien que Pierre d'Espagne a influé sur la pensée médiévale et qu'il suscite l'intérêt des chercheurs d'aujourd'hui. Il poursuivit, après Boèce (ve-vie s.), la systématisation entreprise par celui-ci de la syllogistique aristotélicienne. Il écrivit des Syncategoremata et un Traité des principaux sophismes (Tractatus majorum fallaciarum). Mais son ouvrage le plus important est un manuel de logique, les Summulae logicales, qui resta jusqu'à la fin du Moyen Âge un des textes officiels de la faculté des arts et qui fut cité ou édité par les maîtres de toutes tendances jusqu'au début du xvie siècle. Jean Buridan en donna une refonte dans sa Summa logicae.

— Denis COUTAGNE

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Pour citer cet article

Denis COUTAGNE. JEAN XXI, PIERRE D'ESPAGNE (1220?-1277) pape (1276-1277) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BURIDAN JEAN (1300 env.-apr. 1358)

    • Écrit par Francis RUELLO
    • 454 mots

    Recteur de l'université de Paris en 1328 et en 1340, commentateur d'Aristote et logicien. L'enseignement en logique de Jean Buridan (Summulae logicae) dépend de celui de Pierre d'Espagne et de celui d'Ockham. S'il reçoit du premier la distinction entre la « signification » d'un nom...

  • LOGIQUE

    • Écrit par Robert BLANCHÉ, Jan SEBESTIK
    • 12 972 mots
    • 3 médias
    Au xiiie siècle apparaissent les grands traités, dont les principaux sont les Introductiones in logicam de Guillaume de Shyreswood et les Summulae logicales de Pierre d'Espagne. Les intentions pédagogiques y sont manifestes : en témoignent l'introduction de diverses formules mnémotechniques...

Voir aussi