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SIGER DE BRABANT (entre 1235 et 1240-entre 1281 et 1284)

Maître de la faculté des arts (lettres et philosophie) de Paris dans la seconde moitié du xiiie siècle. Né en Brabant (wallon sans doute), il devient chanoine de Saint-Paul à Liège. Après avoir étudié dès 1255 à Paris, où il obtient la maîtrise vers 1260-1265, Siger domine le groupe des aristotélisants hétérodoxes et apparaît comme l'auteur des thèses prohibées en 1270 (éternité du monde, négation de la Providence, unicité de l'intellect, négation de la liberté). Il est la tête du parti qui, à la faculté des arts, fait scission en 1272 et développe les doctrines condamnées en 1277. Siger aurait fait appel à l'arbitrage papal : le grief d'hérésie ne fut pas retenu. Astreint à résider à Orvieto, il fut tué par son secrétaire frappé de démence. Dante le place au Paradis à côté de Thomas d'Aquin.

Hostile à l'augustinisme des théologiens traditionalistes, Siger reconnaît la compétence philosophique de Thomas d'Aquin et d'Albert le Grand. Portant au premier plan le problème de l'intellect d'après Aristote, il amène Thomas d'Aquin, son contemporain, à produire le traité Sur l'unicité de l'intellect (De unitate intellectus, 1270) où la noétique thomiste accède à sa maturité. D'abord partisan de la thèse averroïste (intellect unique pour tous les hommes), Siger l'abandonne pour se rapprocher, pour une part, de l'interprétation thomiste. Cependant, tandis que Thomas d'Aquin voit en la philosophie la recherche de la vérité, en accord avec la foi, Siger maintient la séparation des deux domaines : celui de la foi, de l'ordre surnaturel, du vrai ; celui des raisons, du monde naturel, non faux, mais non nécessaire. Ses œuvres consistent en des commentaires ou « questions » sur Aristote (en logique, en physique, en éthique), notamment Questiones in Metaphysicam (1272 ?) ; Questiones in IIInm De anima (avant 1270) ; De anima intellectiva (1272) ; et peut-être les Questiones in De causis.

— Édouard-Henri WÉBER

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Pour citer cet article

Édouard-Henri WÉBER. SIGER DE BRABANT (entre 1235 et 1240-entre 1281 et 1284) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AVERROÏSME

    • Écrit par Jean JOLIVET
    • 1 586 mots
    1. L'averroïsme parisien de la fin du xiiie siècle est essentiellement représenté pour nous par Siger de Brabant et Boèce de Dacie, impliqués tous deux dans la condamnation de 1277. D'après ses œuvres certainement authentiques et selon des témoignages sûrs, on sait que Siger a enseigné l'unité...
  • OSTRACISME

    • Écrit par Pierre BOUDOT
    • 9 400 mots
    • 2 médias
    ...définitivement coupée en deux, les clercs d'une part, les laïcs d'autre part. Dichotomie justifiée par une vérité unique détenue par les clercs. Arrive Siger de Brabant (1235-1284 env.), à qui fut imputée la théorie de la double vérité, séparant de fait le vrai que dit la religion du vrai que dit la philosophie....
  • THOMAS D'AQUIN saint (1224 ou 1225-1274)

    • Écrit par Marie-Dominique CHENU
    • 4 377 mots
    • 1 média
    ...la communion à un témoignage. C'est sur la courbe de cette tension que s'inscrit la thèse averroïste d'un jeune maître de la Faculté des arts à Paris, Siger de Brabant, suivi par quelques-uns de ses collègues. Thomas, qui rentre alors d'un long séjour en Italie (1259-1266), s'oppose vivement tant aux...

Voir aussi