Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WAGNER OTTO (1841-1918)

Approche réaliste et abstraction formelle pour une architecture rationnelle

Österreichische Postsparkasse, O. Wagner - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Österreichische Postsparkasse, O. Wagner

Afin d'appliquer ses idées, il était important pour Wagner de participer aux concours publics nationaux et internationaux. Il remporte celui du siège de la Caisse d'épargne de la poste autrichienne en 1904. Ses idéaux architecturaux atteignent leur apogée avec ce bâtiment construit en deux temps : 1904-1906 pour le bâtiment principal, puis 1910-1912 pour l'agrandissement à l'arrière. La façade est revêtue de plaques de marbre et de granite fixées au béton armé par des boulons apparents en aluminium, d'une réelle beauté décorative. La salle des caisses a déconcerté les contemporains. Le plafond de verre et d'acier laisse passer la lumière qui emplit la salle et redescend par des briques de verre à l'étage inférieur ; une incroyable audace technique orchestre ainsi l'espace. L'équipement du bâtiment en électricité et climatisation, la force des piliers métalliques unie à la transparence du verre, font de cette œuvre l'une des plus modernes de l'architecture viennoise et l'élément phare de la carrière de Wagner.

L'architecte réalise deux derniers projets à soixante-huit ans, à nouveau comme architecte-financier : il s'agit de deux maisons d'habitation (1909-1911) dans la Döblergasse, quartier bourgeois près de la Ringstrasse, et dans la Neustiftgasse. Jusqu'à sa mort en 1918, il vivra dans cette dernière, dans un appartement de 280 mètres carrés avec un atelier de 220 mètres carrés. La façade de cette maison demeure très simple avec des plaques de verre qui forment un grand panneau rectangulaire sur lequel on peut lire l'adresse de la maison, « Neustiftgasse 40 ». Ainsi, la décoration de la façade contribue à l'implantation consciente du bâtiment dans la ville ; l'adresse même, comme fait ontologique d'une maison de ville, devient ici l'ornement. Aujourd'hui encore, la conception des façades reste redevable à cette pensée de Wagner.

À la même époque, Otto Wagner part aux États-Unis à New York pour participer au congrès de l'urbanisme et donner un cours à l'université de Columbia. Ce cours sera publié l'année suivante dans le livreDie Grossstadt (La Métropole), dans lequel l'architecte livre sa pensée théorique sur l'urbanisme, et exprime sa fascination pour les projets visionnaires. Prenant l'exemple de Vienne, il y simule l'agrandissement d'une ville s'élargissant en cercles concentriques et créant des nouveaux arrondissements. Environ 150 000 personnes pourraient vivre dans chacun d'eux, dans des maisons semblables à celle de la Neustiftgasse 40, intégrées dans des espaces verts et disposant d'une infrastructure moderne. Il envisage même un métro qui aurait amené les habitants avec une seule correspondance à chaque point de la ville, ainsi que la construction d'écoles, d'hôpitaux, de centres culturels, de monuments, de théâtres... Ce plan restera cependant à l'état de dessins.

La Première Guerre mondiale et la chute de l'empire austro-hongrois ont mis fin à l'évolution de Vienne, mais pas à l'influence d'Otto Wagner et de sa pensée. En plaçant l'authenticité des matériaux et la clarté technique au service d'une architecture limpide, fonctionnelle, progressiste, il a ouvert la voie au fonctionnalisme du xxe siècle. Nombre de ses élèves travailleront ensuite dans la tradition du maître, notamment pour la construction des habitations des quartiers de la Rotes Wien (Vienne Rouge) durant l'entre-deux-guerres. La plupart des interventions architecturales, urbanistiques et des infrastructures de Wagner relatives à la circulation et à l'architecture imprègnent toujours fortement l'image de Vienne.

— Harald R. STÜHLINGER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Harald R. STÜHLINGER. WAGNER OTTO (1841-1918) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Maison des majoliques</it>, O. Wagner - crédits : J. Kalmár/ AKG-images

Maison des majoliques, O. Wagner

Maison sur Linke Wienzeile, Vienne, O. Wagner, motifs décoratifs de K. Moser - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Maison sur Linke Wienzeile, Vienne, O. Wagner, motifs décoratifs de K. Moser

Église Am Steinhof - crédits :  Bridgeman Images

Église Am Steinhof

Autres références

  • ART NOUVEAU

    • Écrit par Françoise AUBRY
    • 8 824 mots
    • 23 médias
    Pendant que Hoffmann et les WW œuvraient pour une clientèle fortunée,Otto Wagner laissait son empreinte sur la ville, tandis que ses élèves allaient disséminer ses théories et son langage architectural dans tout l'Empire austro-hongrois. Otto Wagner travailla longtemps sur les plans d'aménagement...
  • PLEČNIK JOZE (1872-1957)

    • Écrit par Roger-Henri GUERRAND
    • 726 mots
    • 1 média

    Fils d'un menuisier de Ljubliana, capitale historique de la Slovénie alors province de l'Empire austro-hongrois, Joze Plečnik fut élève de la section menuiserie de l'école technique de Graz tout en s'initiant à l'architecture sous la direction d'un maître qui avait remarqué ses dons. Il...

Voir aussi