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ŌSAKA

Japon : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Japon : carte administrative

Ōsaka est la troisième ville du Japon (avec 2,6 millions d’habitants en 2017), en même temps qu’un département. Son agglomération est d’une taille une fois et demie supérieure à celle de Paris. Située sur le delta de la mer Intérieure dans le sud-ouest de Honshū, l’île principale de l’archipel, elle forme l’une des trois mégapoles au centre de la mégalopole japonaise.

Jusqu’au début de l’Antiquité nippone, le site de la future ville d’Ōsaka est immergé, à l’exception du plateau d’Uemachi. Identifiée à partir des viie-viiie siècles sous le nom de Naniwa, la ville est une porte ouverte concentrant trafic fluvial, sur le Yodo, et maritime. Elle prend le nom d’Osaka au Moyen Âge. Sa transcription japonaise actuelle date de l’ère Meiji (1868-1912).

À l’époque médiévale, Ōsaka est éclipsée par les villes de Hyōgo et Sakai. Mais en 1583, le général Toyotomi Hideyoshi y fait construire un château et creuser des canaux. Il aménage la ville et fait venir des marchands de Sakai. Si, au début du xviie siècle, Kyōto est le centre économique du pays, Ōsaka devient rapidement sa rivale du fait de son statut de grenier à riz et de ses établissements financiers (changeurs). On l’appelle la « cuisine de l’Empire ». Elle est le point de passage obligé entre la mer Intérieure et le cœur du pays. Depuis la baie d’Ōsaka, les navires remontent le fleuve Yodo jusqu’à Kyōto, l’ancienne capitale.

Avec Hideyoshi, la ville se développe selon un axe nord-sud, du château d’Ōsaka jusqu’au quartier de Tennōji, puis à l’ouest, avec son quartier de plaisir au bord de l’eau, Shinmachi. En 1700, la population d’Ōsaka est de 400 000 habitants. Ses terrains appartiennent aux commerçants (80 p. 100), aux guerriers (15 p. 100), le reste aux communautés religieuses. Les monopoles érigés en corporations font flamber les prix, ce qui engendre des émeutes et la ville connaît un brusque déclin à la fin du shogunat. Sa population tombe à 280 000 habitants en 1868, au moment de l’ouverture du Japon sur l’Occident. C’est le début de sa modernisation, mais aussi d’une urbanisation progressive.

Ōsaka joue un rôle pionnier en matière de politique urbaine. La phase de préurbanisme débute avec le règlement de 1886 sur la construction des baraques en longueur, établi par le département. Ces habitations semi-collectives représentent 90 p. 100 des constructions pour une population de 2 millions d’habitants ; elles jouxtent les usines où ceux-ci travaillent. Le plan de voirie se dessine, parallèlement au développement du tramway et des routes, ce qui entraîne la suppression des avant-toits. La ville est surnommée le « Manchester de l’Orient ».

C’est avec son maire Seki Hajime, au début du xxe siècle, qu’apparaît le terme de toshikeikaku (« urbanisme »). Le port d’Ōsaka s’ouvre à l’extérieur, et le début de Meiji est marqué par l’importation des techniques venues d’outre-mer. La ville fait appel à des techniciens hollandais pour sa construction et celle de ses canaux. L’architecte Yamaguchi Hanroku fait ses études en France et dessine à son retour, en 1899, « le plan de la nouvelle ville d’Ōsaka », fait de voies orthogonales hiérarchisées déterminant des îlots. Seki Hajime étudie en Belgique et s’inspire du modèle anglais dans sa séparation des fonctions – entre emplois et logements – reliées par le chemin de fer. De l’Allemagne, il retient une loi prussienne de 1902 concernant l’alignement du bâti et le remembrement foncier. De la France, il tire la volonté d’une unité cohérente.

Seki participe à la première loi japonaise d’urbanisme de 1919 qui introduit le périmètre de planification urbain. À Ōsaka, il englobe la ville et ses alentours, soit 220 kilomètres carrés que l’on viabilise. À la même époque, l’industriel Kobayashi Ichizō met en œuvre, au nord d’Ōsaka,[...]

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Écrit par

  • : docteure en études urbaines de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), architecte-urbaniste, postdoctorante au Centre de recherche sur le Japon de l'EHESS, chercheuse associée au Laboratoire architecture, urbanisme, société/LAVUEau CNRS

Classification

Pour citer cet article

Patricia MARMIGNON. ŌSAKA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Autres références

  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Géographie

    • Écrit par Philippe PELLETIER
    • 13 280 mots
    • 7 médias
    La mégapole du Grand Ōsaka compte 16,2 millions d'habitants, soit 13 p. 100 de la population totale sur 2 p. 100 du territoire, avec environ quatre mille habitants au kilomètre carré. Elle comprend des villes comme Kyōto ou Kōbe. La mégapole du Grand Nagoya compte 8,6 millions d'habitants.
  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Paul AKAMATSU, Vadime ELISSEEFF, Universalis, Valérie NIQUET, Céline PAJON
    • 44 405 mots
    • 52 médias
    ...une ou plusieurs capitales. On sait seulement de façon certaine qu'à partir de la réforme de Taika (645) la capitale s'installa à Naniwa (aujourd'hui Ōsaka), où des fouilles récentes ont permis de dégager les soubassements des palais. Naniwa peut être considérée, malgré de fréquents déplacements, comme...
  • KANSAI ou KINKI

    • Écrit par Raphaël LANGUILLON-AUSSEL
    • 1 022 mots
    • 1 média

    Grande rivale culturelle du Kantō, le Kansai, aussi appelé parfois Kinki ou Kinai, est une région située au centre de l'île japonaise de Honshū. D'une superficie de 33 108 kilomètres carrés, elle est composée de sept départements (Kyōto, Osaka, Hyōgo, Nara, Shiga, Wakayama et...

  • KUROKAWA KISHŌ (1934-2007)

    • Écrit par Marc BOURDIER
    • 1 393 mots

    Fils d'architecte, Kurokawa Kisho (plus connu avant 1970 sous le nom de Kurokawa Noriaki) est né au Japon à Nagoya en 1934. Diplômé de l'université de Kyōto en 1957, il entre alors dans l'agence du célèbre architecte Kenzo Tange (1913-2005) et y travaille notamment à l'élaboration...

Voir aussi