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ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ)

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Défis et enjeux

Bien que le concept One Health s’applique concrètement pour certaines études et certains pathogènes, de nombreux pays rencontrent des difficultés pratiques pour mettre en œuvre ses applications, notamment au niveau de la communication entre les acteurs de terrain (éleveurs, agriculteurs, médecins…) et des échanges entre les acteurs de la santé animale et de la santé humaine. C’est le cas par exemple dans de nombreux pays africains, où cette approche n’est pas opérationnelle et reste bien souvent théorique. De nombreuses institutions vétérinaires et médicales africaines sont encore en phase de développement, si bien que la collaboration entre elles n’est pas bien établie. Bien souvent, la bonne volonté des différents partenaires concernés ne suffit pas en raison des réalités de planification, d’exécution et de budgétisation propres au contexte national et régional de chaque pays. Il est nécessaire de prendre en compte la dimension sociologique et culturelle propre à chaque région afin de mobiliser les communautés locales, qui sont un maillon essentiel dans le suivi et le contrôle des maladies émergentes, mais aussi de certaines maladies endémiques comme le paludisme, présent dans de nombreux pays, notamment africains.

L’analyse des failles de la gestion de la crise de la Covid-19 a montré que la stratégie One Health est finalement assez peu partagée culturellement parlant dans de nombreux pays, manquant souvent de structuration et d’application opérationnelle – et de soutien politique. L’action commune nécessite une communication renforcée autour de l’analyse et de la prévention du risque, mais aussi une collaboration active au cours de la gestion de la crise sanitaire qui peut se déclarer. Les difficultés initiales de diagnostic dans de nombreux pays lors de la pandémie de Covid-19 ont aussi souligné le manque de transversalité entre diagnostic vétérinaire et diagnostic humain, de nombreux obstacles existant tant au niveau culturel que logistique.

L’approche intégrée de la santé a en effet des conséquences opérationnelles qui bousculent les méthodes d’étude, de surveillance, de prévention et d’action existantes et suscitent des résistances. Elle nécessite une modification dans la façon d’appréhender les risques et les pratiques à mettre en œuvre. Un des principaux réseaux existants reposant sur cette approche intégrée est celui de la surveillance de la grippe, coordonnée par l’OMS, et qui s’attelle à anticiper le risque de pandémie grippale comme nous l’avons connu par le passé, notamment avec le virus H1N1. Une de ses missions est d’effectuer le suivi des souches virales chez les populations de volailles et d’oiseaux migrateurs et d’élaborer des modèles épidémiologiques de la propagation de ce virus. Malgré cette surveillance active, la grippe aviaire est toujours responsable d’épizooties très intenses. En Inde, par exemple, près de 500 000 volailles ont été abattues début 2021 pour contrôler la propagation de la maladie, particulièrement en raison d’un manque de surveillance passive et active efficace toute l’année dans les zones à risque. Ainsi, les différents réseaux existants montrent parfois des insuffisances dans la coordination et la direction stratégique. Bien que l’approche One Health ait assez largement progressé au niveau institutionnel, sa capacité opérationnelle reste encore limitée et se centralise avant tout sur le contrôle de maladies infectieuses comme Ebola ou la FVR, plutôt que sur la notion globale de promotion de la santé et de résilience, au travers de pratiques durables. Il s’avère nécessaire de coordonner au plus haut niveau de la gouvernance sanitaire et politique la mise en place de cette recherche opérationnelle de terrain. Bien souvent, les programmes en place sont confrontés à des politiques, structures et financements peu adaptés aux approches transdisciplinaires, travaillant par secteurs encore trop cloisonnés,[...]

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Écrit par

  • : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier

Classification

Pour citer cet article

Yannick SIMONIN. ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/01/2023

Média

One Health, un concept d’interdépendance globale - crédits : Encyclopædia Universalis France

One Health, un concept d’interdépendance globale

Autres références

  • ANTIBIORÉSISTANCE

    • Écrit par , et
    • 5 907 mots
    • 4 médias
    ...converger les différentes luttes contre elle, à la fois dans l’environnement, chez l’être humain et l’animal. Le concept apparu depuis 2004 sous l’appellation « One Health » (« Un monde, une santé », devenu « Une seule santé ») a émergé après la succession de plusieurs épidémies et crises sanitaires mettant en...
  • ANTIBIOTIQUES

    • Écrit par , et
    • 6 760 mots
    • 6 médias

    Au début des années 1940, le microbiologiste américain Selman A. Waksman, découvreur de nombreux antibiotiques dont la streptomycine – ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1952 –, définit un antibiotique comme une substance chimique, produite par un micro-organisme, qui inhibe la croissance...

  • COP 15 SUR LA BIODIVERSITÉ

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    • 3 médias
    ... toitures végétalisées atténuant les extrêmes climatiques, la présence de faune et de flore participant à une meilleure santé des habitants. C’est un enjeu du thème « une seule santé » (One Health), où la santé des humains et celles des animaux, des végétaux et des écosystèmes sont liées....
  • GRANDS SINGES

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    ...englobante possible pour comprendre les mécanismes d’émergence des maladies infectieuses, pouvant affecter les humains mais aussi les grands singes. Le concept « Une seule santé » (One Health) a cet objectif et regroupe les questions de santé animale, humaine et environnementale. Mis en avant depuis le début...