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NOUMÉA

Nouvelle-Calédonie [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nouvelle-Calédonie [France] : carte administrative

Nouméa est le chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie. En 1854, l’année suivant la prise de possession de ce territoire par la France, le capitaine de vaisseau Tardy de Montravel fonde Port-de-France, rebaptisée Nouméa en 1866. Le site est choisi pour ses qualités nautiques : une vaste rade en eaux profondes, bien abritée et accessible par deux larges passes. Judicieux sur le plan militaire, ce choix pose des problèmes en matière d’urbanisation, en raison du système de presqu’îles très découpées, du relief vallonné, du littoral à marécages ou mangroves, et du manque d’eau douce. Il faut remblayer de nombreux fonds de baies au cours du temps, les espaces gagnés sur la mer représentant aujourd’hui le sixième du territoire de la commune de Nouméa. Des captages successifs sur la Yahoué (1875-1877), la Dumbéa (1892-1953) et la Tontouta (1999-2001) permettent d’alimenter en eau une localité en plein essor. Comme dans le reste de l’outre-mer, on opte pour le plan orthogonal en centre-ville, mais le damier colonial est débordé à partir du début du xxe siècle avec le développement des faubourgs, tels le quartier Latin ou le faubourg Blanchot. L’essor industriel de l’usine métallurgique de la Société Le Nickel (SLN) à Doniambo provoque l’apparition d’îlots d’habitat dans ce secteur et à Ducos ou Rivière-Salée dans les années 1950. La ville continue de s’étaler, dans les vallées des Colons ou du Tir, sur les collines et le long des baies au sud. À partir du milieu des années 1960, les communes de Dumbéa, de Païta et du Mont-Dore sont concernées et l’île Nou est reliée à la ville en 1974, devenant la presqu’île de Nouville.

Nouméa est longtemps restée une ville coloniale et européenne. En témoigne la place dévolue aux Kanak qui, jusqu’à la fin du régime de l’indigénat, en 1945, n’étaient pas libres de leur déplacement, tout particulièrement à Nouméa, dont l’accès était réglementé et dans laquelle ils ne pouvaient pas circuler après 20 heures. Jadis à peine admis, les Kanak ont progressivement investi la ville, devenue également attractive pour d’autres Océaniens, des Wallisiens et des Futuniens essentiellement, qui se sont installés surtout sur ses pourtours. Il s’agit là d’une des plus grandes agglomérations de l’outre-mer français, assimilée au territoire des quatre communes de Nouméa, Païta, Dumbéa et du Mont-Dore, en l’absence de définitions et de délimitations officielles du fait urbain par l’Institut de la statistique et des études économiques de la Nouvelle-Calédonie (ISEE). Cette zone urbaine appelée Grand Nouméa totalisait près de 180 000 habitants au recensement de 2014, soit les deux tiers de la population de la Nouvelle-Calédonie, contre seulement 36 p. 100 en 1956. Concomitamment, le poids de la commune de Nouméa (près de 100 000 habitants en 2014) dans l’agglomération n’a cessé de décroître – il était de 75 p. 100 en 1976 – en raison d’une périurbanisation de faible densité, qui se dilue dans la campagne. Des noyaux plus ou moins éparpillés sont séparés les uns des autres par des zones agricoles ou forestières. Les emplois demeurant majoritairement localisés à Nouméa, les trois communes périphériques se vident de leurs actifs dans la journée, ce qui génère des embouteillages de plus en plus importants. À Dumbéa, les migrants pendulaires représentent les trois quarts des actifs, plus de la moitié au Mont-Dore et à Païta.

La ségrégation socio-spatiale reste très forte à Nouméa avec l’opposition entre la ville océanienne au nord et la ville européenne au sud. Les quartiers résidentiels aisés de l’Anse-Vata et de la Baie-des-Citrons, le long des plages les plus prisées, sont aussi des lieux de loisirs car, si le centre-ville continue de polariser les flux de salariés et de chalands, il se vide dès la fin de l’après-midi et l’animation glisse[...]

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, professeur des Universités, université Côte d'Azur

Classification

Pour citer cet article

Jean-Christophe GAY. NOUMÉA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Quartier de l’Anse-Vata, Nouméa - crédits : Jean-Christophe Gay

Quartier de l’Anse-Vata, Nouméa

Zone industrielle de Ducos, Nouméa - crédits : Jean-Christophe Gay

Zone industrielle de Ducos, Nouméa

Nouvelle-Calédonie [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nouvelle-Calédonie [France] : carte administrative

Autres références

  • NOUVELLE-CALÉDONIE

    • Écrit par Universalis, Jean-Christophe GAY
    • 5 096 mots
    • 7 médias
    ...tout l’outre-mer français, la Nouvelle-Calédonie est le territoire où la domination de la ville principale est la plus forte, puisque l’agglomération de Nouméa, appelée « Grand Nouméa », concentre un peu plus des deux tiers de la population néo-calédonienne, contre un tiers en 1956, si l’on considère que...
  • OCÉANIE - Géographie physique

    • Écrit par Alain HUETZ DE LEMPS, Christian HUETZ DE LEMPS
    • 4 540 mots
    • 4 médias
    ...de l'hémisphère considéré) et une saison sèche ou du moins plus faiblement arrosée. C'est le cas à Papeete, située sur la côte ouest de Tahiti, ou à Nouméa, dans le sud-est de la Nouvelle-Calédonie. Les Hawaii présentent l'originalité d'avoir un rythme inverse, avec une sécheresse relative d'été bien...
  • OCÉANIE - Géographie humaine

    • Écrit par Christian HUETZ DE LEMPS
    • 8 772 mots
    • 5 médias
    ...territoires d'outre-mer français et plus encore aux Hawaii que le pouvoir d'attraction de la capitale s'est exercé de la façon la plus vigoureuse : aujourd'hui, Nouméa et Papeete réunissent chacune plus de la moitié de la population de leur territoire ; en Polynésie française, pratiquement toutes les îles et...
  • PIANO RENZO (1937- )

    • Écrit par François CHASLIN, Universalis
    • 1 577 mots
    • 3 médias
    Le centre de culture canaque Jean-Marie Tjibaou de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, (1992-1998) est très représentatif de sa démarche. En effet, les pavillons s'inspirent directement des cases canaques, dans une constante préoccupation de l'intégration parfaite du bâtiment à son environnement. De la...

Voir aussi