Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NAHUA

Population uto-aztèque parlant la langue nahuatl, les Nahua représentaient au xvie siècle, lors de la conquête espagnole, environ trois ou quatre millions d'Indiens ; établis dans la plaine de Mexico, ils étendaient alors leur implantation jusqu'à Tuxtla, actuel État de Veracruz, ainsi que dans les régions d'Hidalgo et de Guerrero, des groupes nahua se retrouvant au sud, ici et là, jusqu'à l'actuel Panamá. Historiquement, suivant certaines hypothèses, les Nahua viendraient de tribus guerrières d'Amérique du Nord descendues progressivement du viie au xie siècle ; parmi celles-ci, les Aztèques dont le nahuatl, appelé aussi « aztèque classique », devint la langue commerciale et de civilisation de l'empire qu'ils avaient constitué. Avec environ 1,5 million de personnes, les Nahua représentent actuellement le groupe indigène le plus important du Mexique. Ils parlent toujours le nahuatl. On les trouve principalement sur le plateau central (particulièrement dans la vallée de Mexico), mais aussi dans différents autres États.

Les femmes ont gardé le vêtement traditionnel : elles sont vêtues d'un corsage brodé, le huipil, d'un châle de couleur sombre, le rebozo, et d'une ample jupe longue ; elles portent souvent, par-dessus le huipil, le quechquemetl, un petit cache-cœur pointu, héritage direct du costume de la femme aztèque. Les hommes sont habillés d'un pantalon et d'une chemise blanche sur laquelle ils portent le sarape, lourde couverture rectangulaire que l'on enfile par la tête et qui couvre tout le buste.

Les maisons sont construites en adobe (briques crues) ou en jacal (murs en bambou colmatés avec de la terre), et les toits sont souvent couverts de feuilles de maguey (agave). En général, parents, enfants et grands-parents vivent ensemble dans le même enclos, car chaque cellule familiale possède son habitation d'une seule pièce. Chaque enclos a son bain de vapeur, le temazcal, de tradition précolombienne : construit en adobe ou en pierre, le temazcal a une fonction hygiénique en même temps que prophylactique.

L'économie nahua a pour base la culture du maïs, des haricots, des courges et des piments. Pour les travaux agricoles, les Nahua se servent de la coa, le bâton à fouir précolombien, mais ils utilisent aussi, quand ils en ont les moyens, la charrue européenne. Dans la vallée de Mexico, on cultive par endroit la canne à sucre, le riz et le café, mais surtout le maguey, qui est cultivé sur les Hauts-Plateaux depuis la plus lointaine antiquité. La culture de cette plante est devenue une véritable industrie. Le tlachiquero, l'homme qui recueille le jus du cactus pour en faire le pulque, la boisson populaire, a gardé son équipement simple et traditionnel. Les petits champs, ou milpa, sont travaillés par des groupes d'hommes unis entre eux par les liens du sang ou du « compérage ».

En effet, à côté des liens familiaux consanguins, les liens les plus importants sont ceux de parenté rituelle, créée par le système dit de compérage : sont compadres (compères) toutes les personnes, hommes ou femmes, qui ont rendu service aux membres d'une famille à l'occasion d'une fête sociale ou religieuse (baptême, mariage, enterrement). Les compères se doivent entre eux respect, assistance et aide matérielle. L'unité sociale est le municipe, zone administrative embrassant un petit nombre de villages voisins. Chaque municipe a un siège administratif, en général la plus grande ville du district, où ont lieu le marché, les cérémonies religieuses et où s'accomplit la justice.

Le trait le plus important de l'organisation religieuse nahua est le système de majordomie, introduit au xvie siècle par les Espagnols. Les majordomes supportent la responsabilité de l'organisation et du financement des fêtes organisées en l'honneur des saints. Être[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Anne FARDOULIS. NAHUA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AZTÈQUES (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 3 537 mots
    • 13 médias
    Vers 1500 avant J.-C., des peuples jusqu’alors nomades s’installent en Méso-Amérique. Parmi eux prédominent ceux qui appartiennent au groupe linguistique nahua. L’histoire préhispanique de la région est ainsi rythmée par les rencontres, les affrontements et les mélanges entre les populations autochtones...
  • PIPIL

    • Écrit par Marie-France FAUVET
    • 288 mots

    Nom donné par les chroniqueurs espagnols des xve et xvie siècles aux populations de langue nahua habitant l'Amérique centrale. Ces tribus, originaires du Mexique, ont pénétré par vagues successives dans toute l'Amérique centrale jusqu'au Salvador aux époques classique (iv...

Voir aussi