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KLEZMER MUSIQUE

Caractéristiques de la musique klezmer

Les instruments

Aux xviie et xviiie siècles, les ensembles klezmers étaient essentiellement composés d'un luth ou d'un petit ensemble d'instruments à cordes – en général, deux violons et une viole de gambe – auquel s'adjoignait parfois un cymbalum. Vers la seconde moitié du xixe siècle, en rapport sans doute avec les fanfares militaires et les musiques de conscription, les ensembles klezmer commencent à intégrer des instruments à vent, notamment la clarinette, puis des cuivres. Très prisé, l'accordéon à boutons reste rare à cause de son prix élevé. Quant aux percussions, elles sont souvent réduites à un simple tambour (tshekal) ou une grosse caisse (puk ou baraban) avec ou sans cymbale (tats).

Au tournant du xxe siècle, les premiers enregistrements de musique klezmer concernent des petits ensembles : deux violons et un cymbalum avec parfois un accordéon. Rapidement, les compagnies de disques vont pourtant favoriser les vents et les cuivres en raison des techniques d'enregistrement de l'époque qui nécessitent un son puissant et directionnel. Aux États-Unis, sous l'influence du jazz, le saxophone et le banjo sont également utilisés. De nos jours, à cause des multiples fusions entre le klezmer et les musiques actuelles ou les musiques du monde, les ensembles klezmer intègrent des guitares, des pianos, mais aussi des instruments comme le didjeridoo ou le tabla.

Le répertoire

La musique klezmer est composite. À la synagogue, elle a emprunté les ornements, les modes et certains motifs mélodiques ; au courant hassidique l'expression de la joie, la ferveur et les niggounim, ces mélodies sans paroles, faciles à mémoriser. À ce répertoire s'ajoutent des musiques populaires et des danses provenant de toute l'Europe centrale et orientale jusqu'aux Balkans (Bulgar, Freylekh, Khosidl, Sirba, Hora, Sher, Terkisher...) sans oublier les chansons à succès du théâtre yiddish.

La systématique musicale

Le klezmer emprunte sa conception à la musique orientale : la mélodie est prédominante et le discours se développe linéairement grâce à l'ornementation et à l'improvisation modale.

Mais ce qui frappe le plus dans la musique klezmer, c'est une sensation de liberté, voire même de chaos sonore. Comme si tous les instruments parlaient en même temps ! Et pourtant, tous se réfèrent à un même modèle mélodique, mais que chacun développe à sa façon. On est bien dans un rapport d'hétérophonie, comme celui qui règne à la synagogue lorsque chaque fidèle entonne la prière à sa hauteur, sa vitesse, avec son phrasé et ses ornements préférés.

L'harmonie n'est toutefois pas totalement absente ; elle est soumise à la mélodie : ainsi, un seul accord peut suffire pour toute une section de morceau. C'est la friction entre la mélodie et l'harmonie sous-jacente qui produit les dissonances et crée la tension mélodique typique de cette musique.

L'ornementation est riche et variée (distorsion du son, portamento, attaques brusques et serrées, variation de l'intensité du son, appogiatures, mordants et trilles, alternance de passages en détaché et en lié, coups de glotte...). Quant à l'improvisation, fréquente dans cette musique, elle consistait originellement à modifier le phrasé, les articulations ou les ornements d'une mélodie. Une conception qui a évolué au xxe siècle sous l'influence du jazz, avec l'apparition de solos fondés sur des grilles d'accords.

Les modes de la musique klezmer - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les modes de la musique klezmer

La musique klezmer utilise principalement cinq modes : le majeur, le mineur (naturel, harmonique et mélodique ascendant) et trois modes synagogaux, appelés shtaygerim, dont le nom dérive de l'incipit mélodique de prières connues : Ahava Raba (« grand amour »), Mi Sheberakh (« celui qui bénit ») et Adonoï Molokh (« Dieu roi »). Les échelles de ces modes[...]

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Écrit par

  • : directeur de l'Institut européen des musiques juives, docteur en musicologie, université Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Hervé ROTEN. KLEZMER MUSIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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