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MONTRÉAL

Modernisation de Montréal

Montréal - crédits : Damaris Rose

Montréal

À partir du début du xxe siècle, la ville est dirigée par des maires populistes canadiens-français, jusqu’au règne du plus connu d’entre eux, Jean Drapeau (de 1954 à 1957, puis de 1960 à 1986). Sous son administration, Montréal veut devenir une ville moderne et ouverte sur le monde, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1967 et des jeux Olympiques de 1976, dont il reste un monument phare, le Stade olympique. Sa vision de l’urbanisme moderne repose en partie sur la rénovation à marche forcée de plusieurs quartiers centraux. Drapeau fait construire une autoroute dont le tracé initial implique la destruction d’une partie du Vieux-Montréal, ce qui est finalement évité grâce à l’intervention de l’architecte et urbaniste Blanche Lemco van Ginkel (coresponsable du design de l’Expo67), qui propose le tracé actuel, plus au nord. Le nouveau centre-ville se bâtit également dans le sillage de la construction, en 1958-1962, de la place Ville-Marie, édifice cruciforme de 45 étages, et du métro à partir de 1966, que vient compléter la plus grande ville intérieure au monde, soit plus de 33 kilomètres de galeries marchandes souterraines reliant les stations de métro et les principaux édifices de l’hypercentre. Mais le régime autoritaire du maire a aussi pour effet de stimuler les comités de citoyens dans les années 1970, soucieux de conserver le patrimoine et la vie de quartier.

Du déclassement à la reconversion économique

Dans les années 1960 et 1970, Montréal perd sa place de principal centre financier du Canada et son rang de métropole la plus populeuse. L’élection à l’Assemblée nationale du Québec, en 1976, d’un parti souverainiste, le Parti québécois, entraîne le déménagement de grandes institutions financières à Toronto et l’exode de nombreux anglophones. L’économie montréalaise a toutefois bénéficié du développement des institutions desservant les francophones dans les secteurs financier, de l’éducation supérieure (le nouveau campus de l’université de Montréal sur les flancs du mont Royal et l’université du Québec à Montréal), de la santé et des services sociaux, pendant qu’une expansion des services à la consommation des ménages (centres commerciaux, restaurants) accompagne la croissance des classes moyennes et leur installation en banlieue. Le secteur manufacturier de la ville-centre se rétrécit dès les années 1980. Les changements technologiques incitent à des relocalisations en périphérie et, sous la pression de la mondialisation, la quasi-totalité des emplois de production de l’un des piliers de l’économie montréalaise, le textile et le vêtement, disparaît peu à peu. Les vieux quartiers se désindustrialisent et se dépeuplent au profit de la banlieue. Or, dans les années 1990, Montréal amorce une reconversion vers une nouvelle économie diversifiée. Celle-ci repose sur une promotion hors des frontières centrée sur la qualité de vie, la présence d’une main-d’œuvre très qualifiée issue des universités et de collèges spécialisés, et parfois des incitations fiscales, atouts renforcés par des regroupements d’affaires et d’organismes municipaux soutenus par l’État québécois. Ainsi, un organisme public-privé, Montréal International, est créé en 1996 pour favoriser les investissements étrangers, l’installation d’organismes internationaux et le recrutement de personnel hautement qualifié et d’étudiants de tous pays. Cette stratégie permet de renforcer plusieurs secteurs de haute technologie comprenant une importante composante recherche-développement, déjà présents à Montréal, comme l’aérospatiale, l’industrie pharmaceutique et les biotechnologies. À la fin des années 2010, la métropole est le cinquième centre mondial de production de jeux vidéo, un leader dans les domaines des effets spéciaux visuels et de l’intelligence artificielle. Plusieurs entreprises spécialisées dans les industries numériques[...]

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Écrit par

  • : professeure titulaire, Institut national de la recherche scientifique, Centre Urbanisation, culture, société, Montréal, Québec (Canada)
  • : professeure honoraire, Institut national de la recherche scientifique, Centre urbanisation, culture et société, Montréal, Québec (Canada)

Classification

Pour citer cet article

Annick GERMAIN et Damaris ROSE. MONTRÉAL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Un paysage linguistique contrasté dans la métropole montréalaise - crédits : Encyclopædia Universalis France

Un paysage linguistique contrasté dans la métropole montréalaise

Canada : carte générale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Canada : carte générale

Montréal - crédits : Damaris Rose

Montréal

Autres références

  • CANADA - Histoire et politique

    • Écrit par Michel BRUNET, Universalis, Alain NOËL
    • 19 402 mots
    • 12 médias
    ...communautés religieuses ont grandement contribué à ce développement spectaculaire. Les fondations des Trois-Rivières (1634) et de Ville-Marie (1642), devenue Montréal, ont complété l'occupation du territoire laurentien. Deux faits ont marqué cette période de l'enracinement : en 1635, la fondation par les Jésuites...
  • CANADA, économie

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    Montréal est la deuxième agglomération urbaine du Canada avec plus de 4 millions d’habitants en 2016. Elle est le deuxième centre financier du pays avec la Bourse de Montréal, les sièges sociaux du Mouvement Desjardins et de la Banque nationale du Canada et la Caisse de dépôt et placement du Québec....
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    ...et London. Chacune accueille son lot d’activités de fabrication, agit comme pôle commercial et exerce son influence sur son arrière-pays. Parmi elles, Montréal se démarque déjà. De fait, elle occupe le premier rang dans la hiérarchie des villes canadiennes jusque dans les années 1960, bénéficiant d’une...
  • CARTIER JACQUES (1491-1557)

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